Biarritz: "La délocalisation n’est pas une solution", lance la maire, Maider Arosteguy

Etes-vous une maire satisfaite des performances sportives du Biarritz Olympique après les trois premières journées de Top 14 ?
Oui, très satisfaite avec une équipe unie et de la gagne, pour deux performances abouties contre l’UBB et le Racing 92.
L’actualité des derniers jours au BO a été aussi marquée par l’arrivée de plusieurs glorieux anciens à la tête de la section amateur. Qu’en pensez-vous ?
Je suis très heureuse de l’arrivée de ce pack à la tête de la section amateur, car c’est de la générosité, du bénévolat, l’envie de redonner à la ville et aux enfants ce que le BO leur a donné. On a un pack face au président Aldigé et ça va forcément mieux se passer.
Quel est votre rôle exact dans leur arrivée ?
Pendant toute la campagne municipale, j’ai dit aux Biarrots que je souhaitais rassembler et apaiser. C’est donc la traduction de ce que je souhaite faire.
Quel est votre projet pour le club ?
Mon projet n’a pas changé. Mon projet est de construire un projet autour du quartier Aguiléra dans lequel il y aura des logements, parce qu’on en a un besoin de plus en plus vital dans notre ville, mais aussi et surtout de créer des infrastructures au service du rugby professionnel, donc de le rénover et de l’agrandir, de le faire avec le BOPB et en maîtrise d’ouvrage public de créer un centre de formation et de performance qui servira à l’amateur et au professionnel. Je sais que, pour les supporters, ce n’est pas assez rapide mais il y a un processus administratif qui est long, qui est lourd. Mais en tout cas, le projet est en cours d’élaboration.
Quelles sont vos relations avec Jean-Baptiste Aldigé ?
J’essaie, avec tous mes interlocuteurs, d’avoir des relations non conflictuelles et constructives. On a, je pense, la même volonté avec le président Aldigé de construire et d’aller de l’avant. Simplement, il a une communication depuis trois ans très clivante, très violente. Je suis parfois très mal à l’aise avec cette communication. En même temps, je représente les Biarrots et je ne gère pas mon argent privé. Je ne peux donc pas tout laisser faire, ni tout laisser dire.
En 2019, vous déclariez, devant le conseil municipal de la ville: 'Il n’y a pas de volonté politique de freiner ou bloquer le projet Aguiléra'. Comment expliquez-vous votre marche arrière dans ce projet ?
Il n’y a pas de marche arrière, ni de volonté de la ville de bloquer ce projet. Il y a une problématique financière sur le niveau d’engagement de la ville et le niveau d’engagement financier qui est demandé au BOPB. Le BO ne souhaite pas investir dans les infrastructures à hauteur des besoins. On demande donc à la ville et aux contribuables de financer ces infrastructures et ça n’est pas possible, pas souhaitable. Il faut que l’on trouve une solution pour que le club reste et que nous puissions réaliser nos engagements, à savoir les infrastructures et la création de galeries commerciales qui vont permettre au club de dégager ces sources de financements. Je suis en tout cas prête à me mettre autour de la table car je n’ai jamais renoncé a aucun de mes engagements.
Que pensez-vous d’une éventuelle délocalisation à Lille étudiée par les dirigeants du club ?
C’est quelque chose que je ne comprends pas. Comment faire ça en ayant un public et cet amour du maillot qui est sur place ? Pourquoi aller dans cette région qui est si lointaine. Le président Aldigé l’a testé au mois d’août sur des matchs amicaux (ndlr : contre l’Union Bordeaux-Bègles) et très franchement, ça a été un flop : peu de public et pas d’ambiance alors qu’ici à Biarritz ça marche… Donc pourquoi cette volonté d’aller tester dans le Nord de la France alors qu’ici ça marche ?
Vous avez déclaré, voilà quelques mois : 'Le rugby professionnel nous amène dans des dépenses gigantesques, qui se rapprochent des besoins financiers du football et une collectivité de 25.000 habitants ne peut plus suivre financièrement'. Vous pensez donc que le rugby pro à moyen terme n’a plus sa place à Biarritz ?
En aucune façon, même si mes propos reflètent une réalité économique. Les sommes pour rester en Top 14 sont énormes et ce n’est plus aux collectivités, et Bayonne aura le même problème, d’assumer ces financements. J’ai la volonté de maintenir le rugby professionnel mais avec des ressources privées.
Jean-Baptiste Aldigé déclarait sur RMC le mois dernier : 'S’en aller, ce n’est pas un désir mais une solution'. Le comprenez-vous ?
On n’a pas la même logique avec Jean-Baptiste Aldigé. Pour moi, ce n’est pas une solution. Le groupe Gave a racheté le club pour un euro symbolique et a investi de l’argent. Mais un club c’est un territoire, un public et arracher ça aux supporters ne paraît pas en phase avec la réalité. C’est une logique qui m’échappe
Que feriez-vous si la famille Gave, propriétaire du BO, décidait de se désengager ?
J’espère que l’actionnaire m’informerait de sa volonté de se désengager et c’est d’ailleurs ce que m’avait dit Louis-Vincent Gave lors du match d’accession entre Biarritz et Bayonne, le 12 juin dernier. Mais sa décision n’était pas véritablement actée. Je souhaiterais le savoir car je souhaite accompagner le club et son actionnaire dans sa pérennisation. Dans le cas contraire , il faudrait trouver des solutions
Un mot sur la fusion, un vieux serpent de mer, au Pays Basque. Vous y seriez favorable ?
Il y a les logiques administratives et financières qui pourraient nous amener à aller vers cette solution et il y a la logique des supporters de la passion. Ce sont eux qui font un club, ce donc n’est pas à l’ordre du jour.