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Dulin: "Je sais où je veux aller et comment y aller"

Touché mais tout sauf coulé. S’il a perdu sa place en Bleu lors de la dernière tournée d’automne du XV de France, Brice Dulin compte bien s’appuyer sur sa légitime frustration pour vite retrouver son meilleur niveau. Longtemps gêné par sa fracture de la main gauche survenue en finale du dernier Top 14, l’arrière du Stade rochelais a remis les pendules à l’heure samedi dernier contre Pau (36-8). Il se confie à RMC Sport.

Brice Dulin, après l’autoritaire succès contre l’UBB avant la trêve, La Rochelle confirme sa montée en puissance...

On est surtout réalistes. Ce qui a vraiment changé sur ces deux dernières rencontres, c’est notre efficacité sur nos moments forts. En étant plus performants là-dessus, nos matches sont beaucoup plus réguliers dans le rythme et le contenu. Il y a du mieux mais il va falloir continuer à accentuer les choses sur ces petits points qui nous ont mis à mal pour construire nos rencontres sur le début de saison. Ça passe aussi par l’investissement individuel. On est beaucoup plus attendu. Chaque équipe se souvient de ce qu’il s’est passé la saison d’avant. Ça sert de motivation. Cette transition décembre-janvier va vraiment nous dire si notre saison bascule du bon côté.

À titre personnel, vous avez rendu, de loin, votre meilleure copie de la saison face à la Section...

Après mon opération, quelques douleurs à la main m’ont handicapé en début de saison. Tout ça est derrière, maintenant. Je peux enfin lancer pleinement ma saison. Les trois-quatre dernières semaines avec la sélection m’ont aussi permis de bien bosser. Même s’il y avait la frustration de ne pas jouer, au moins physiquement et dans mon rugby, j’ai pu continuer de bosser. J’ai un énorme appétit, je suis heureux d’être sur le terrain.

"Ne pas jouer la tournée en Bleu ? Ça fait partie des étapes d’une saison, d’une carrière. Il faut savoir tirer le bénéfice de tout ça"

Comment avez-vous vécu les navettes entre La Rochelle et Marcoussis ?

Le plus frustrant, c’est de ne pas pouvoir jouer. Quand on accroche le groupe France, le but, c’est de jouer. Donc forcément déçu de ne pas pouvoir m’exprimer sur le terrain. Ça fait partie des étapes d’une saison, d’une carrière. Il faut savoir tirer le bénéfice de tout ça. Le but pour moi était de continuer à m’entraîner car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Ça m’a permis d’évacuer les dernières petites gênes pour pouvoir justement répondre présent quand on me donne l’opportunité de jouer.

On dit souvent que tout va très vite, dans le rugby comme dans le sport en général. Votre situation en est la parfaite illustration. À votre arrivée à La Rochelle, à l’été 2020, l’équipe de France semblait un lointain souvenir. Quelques mois plus tard, vous étiez indiscutable avec le numéro 15 dans le dos...

C’est pour ça qu’il ne faut pas s’alarmer des situations. Il faut prendre ce qui se présente. Tout va bien maintenant donc il n’y a plus qu’à avancer (sourire).

Quelle explication vous a donné le staff des Bleus. La forme du moment ?

Oui. Mon début de saison a été gêné par ma main. Ma montée en puissance sur les semaines avec le groupe a été bonne. Après, les joueurs ont fait leurs matchs. Le but, c’est de maintenir un niveau. Après, les opportunités viendront.

Votre fameuse erreur face à l’Ecosse, lors du dernier Tournoi des VI Nations, a-t-elle pu vous porter préjudice ?

Non, je ne pense pas. Ce sont des choses qui arrivent. Des décisions comme ça, qui peuvent être bonnes ou mauvaises, on en connaît chaque week-end. Après, elles ont plus ou moins d’importance mais ce n’est pas une seule action qui va résumer une saison.

Le fait d’être réserviste face aux Blacks, pour clôturer la tournée, confirmait votre regain de forme ?

On a vu des joueurs 24 ou 25, la saison passée, exploser cette saison. Il y a toujours des méformes, des blessures. Des joueurs qui ont une opportunité et qui se montrent. C’est pour ça que je ne suis pas forcément inquiet. Je sais où je veux aller et où j’en suis actuellement. Il y a des étapes à respecter. Ce début de saison en faisait partie. Je savais que ma main allait me gêner à la reprise. Il faut accepter les situations et faire avec.

"La saison marathon est lancée, et je pense, que ce soit à La Rochelle ou en sélection, que l’on m’a géré pour que je puisse enfin m’exprimer en pleine possession de mes moyens"

Où voulez-vous aller, alors, pour rebondir sur vos propos ?

Au mieux, sur le terrain ! C’est une forme de régularité qui est en train de revenir et qui m’est chère.  

La semaine passée, Romain Carmignani, entraîneur des avants rochelais, soulignait votre motivation encore plus prononcée de jouer la Coupe du monde 2023...

D’abord, ce qui me préoccupe le plus, c’est de retrouver le niveau que j’avais pu rattraper la saison dernière. Et surtout le plaisir. On l’a vu le week-end dernier. Dès que je suis sur le terrain et qu’on prend du plaisir collectivement, derrière, les individualités ressortent. Il faut être en pleine capacité de ses moyens, de son corps. Cette Coupe du monde, elle est encore loin, finalement. La saison marathon est lancée, et je pense, que ce soit à La Rochelle ou en sélection, que l’on m’a géré pour que je puisse enfin m’exprimer en pleine possession de mes moyens.

Quid de la concurrence en Bleu avec Melvyn Jaminet ?

Il n’y a pas d’animosité à avoir entre nous. Le seul joueur contre qui je dois me battre, finalement, c’est moi-même. Si j’arrive à faire ce que je sais faire de mieux, à un très bon niveau… Après, le choix reviendra aux entraîneurs. Ma saison se construit. Je sais où je dois être et je sais comment je dois y aller.

Romain Asselin