"Il faut se fâcher": le président de l'USAP hausse le ton après les incidents face au Racing 92

Président, est-ce que vous pouvez nous raconter ce qu’il s’est passé samedi à la 76e minute de jeu à Aimé Giral lors de la défaite contre le Racing?
Un supporter, qui manifestement fait l'objet d'un petit dérèglement psychiatrique et qui a une absence de discernement, a voulu rentrer sur le terrain. Là où les choses ont très bien fonctionné, c'est qu'en fait, il a escaladé la barrière pour rentrer sur le terrain. Il a immédiatement été ceinturé par le service d'ordre, donc il est resté dans les zones d’en-but, il n'est même pas rentré sur le terrain. Il a apparemment expliqué à la police que comme il avait vu une bagarre entre les joueurs, il était rentré pour essayer de les séparer. C’est un incident isolé. Ce qui est plus gênant, ce sont les jets de bière qui ont eu lieu dans la foulée, parce que là, c'est une attitude des supporters qui n'est pas acceptable. Tout ça fait vraiment désordre, et raison pour laquelle il est important que je fasse part de beaucoup d'autorités en la matière.
Cela fait écho aux incidents de Grenoble l’été dernier (bagarre entre supporters à la fin du match lors de l’envahissement de la pelouse), au jet du pichet de bière sur l’arbitre après USAP–Clermont. Faut-il taper plus fort encore alors que ce que vous avez fait?
C’est évident mais il ne faut pas tout mélanger. Pour les incidents de Grenoble, l’appel n’a pas été prononcé pour notre part et il ne vous a pas échappé que la sanction de Grenoble a été allégé en appel. Il y a eu un envahissement du terrain avec probablement des supporters grenoblois qui étaient très frustrés de la défaite et beaucoup de provocations. Donc, je pense que le cas de figure, là, est assez différent.
Sur le jet de pichet il y a un an et demi, oui, c'est un peu la difficulté quand il y a 14.500 personnes dans un stade, qu'il y ait un ou deux supporters qui fassent les abrutis. Ce qui me fatigue beaucoup maintenant et qui déclenche un peu de lassitude de ma part, c'est le fait, mine de rien, que ça fait plusieurs incidents à répétition. N'oublions pas cet été qu'il y a eu un incendie de la part de jeunes qui se sont introduits dans le stade. Et il y a pour 500 ou 600.000 euros de dégâts. Ça commence à faire un peu beaucoup.
Avez-vous déjà pris des mesures suite à l’incident de samedi?
J'ai demandé à mon DG de rencontrer, dès cette semaine, l'ensemble des penyas (association de supporters) pour refaire un point. On travaille beaucoup avec eux depuis deux ans, depuis les premiers incidents. Et d'ailleurs, il n'y avait eu aucun incident depuis maintenant un an et demi. Donc on va continuer à travailler avec eux.
Premièrement, on va interdire purement et simplement l'introduction de bières pendant les matchs, dans l'enceinte des tribunes. Et notamment sur le pesage, puisque c'est le pesage qui est en bord de pelouse. Et puis, deuxièmement, de voir si on limite un peu la jauge du pesage pour essayer de faire comprendre à ces supporters que ça ne va pas et qu'il ne faut qu'en corriger. Les 1.000 places en vente, on va les retirer. Il faut que nous, le club, on soit exemplaire dans l'autorité qui est la nôtre vis-à-vis de ces comportements-là.
Le jeune, là, qui est rentré sur le terrain, va être interdit de stade pendant un an. On est en train d'étudier les bandes vidéo que nous avons. Si on arrive à identifier des supporters, même punition, même motif, à savoir qu'ils seront exclus au minimum jusqu'à la fin de la saison.
Est-ce l’incident de trop?
Ce n'est pas l'incident de trop, mais c'est l'incident de plus, ce qui revient à peu près au même. Donc, c'est évident de ce point de vue-là qu'il faut se fâcher.
C’est aujourd’hui votre préocuppation majeure?
Ma préoccupation principale, ça reste le sportif et le fait qu'on gagne des matchs. C'est vraiment mon problème de préoccupation principal. Mais bon, il faut arrêter les bêtises maintenant. On est là pour bien se comporter, pour bien se tenir.
La ligue va se saisir du dossier cette semaine, craignez-vous une suspension de stade ou un huis clos?
Gouverner, c'est prévoir. Donc il faut toujours prévoir toutes les possibilités. Au demeurant, j'aurais tendance à dire que sur cet incident-là, le jeune n'est pas rentré sur le terrain, il a été tout de suite ceinturé. Il n'y a eu aucune violence. Il n'y a eu aucun jet de bière, heureusement, sur les joueurs ou sur les arbitres. Donc il n'est pas certain que sur un plan disciplinaire, cet incident-là soit constitutif d'une faute particulière du club. Mais moi, ce qui m'importe, c'est le contexte. C'est ça qui m'inquiète. C'est cette lente détérioration des relations entre le public, les supporters et les équipes, la nôtre ou celle qu'on reçoit. C'est l'ambiance qui me gêne le plus.