"On n'a pas pris 15 Temesta donc il y a un problème ailleurs": 5e défaite en 5 matchs pour l'USAP, entre chambrage d'un public dépité et un Azéma incrédule

Et Paris est sorti sous les applaudissements... A début de saison historiquement catastrophique, réaction inédite à Aimé-Giral des supporters de l'USAP. Le Stade Français s'est imposé 28 à 11 et a infligé à Perpignan sa cinquième défaite en cinq matchs cette saison... ce qui ne leur était jamais arrivé depuis la remontée en Top 14. Les Parisiens ont quitté le terrain sous les applaudissements du public catalan. Du jamais vu de mémoire des plus anciens suiveurs. "C'est justifié...", avoue Mahamadou Diaby le troisième ligne perpignanais. "On ne peut pas faire des performances comme ça. On peut perdre mais il y a des manières. Les critiques sont tout à fait justifiées."
Une cinquième défaite sans point de bonus: les Catalans restent donc scotchés à la 14e et dernière place du classement sans avoir marqué le moindre point. Les joueurs catalans, sifflés par leur propre public au retour des vestiaires pour la seconde mi-temps. Tout comme le staff qui était revenu quelques minutes avant les joueurs au bord du terrain.
"Il n'y a rien de bon, on est apathiques du début à la fin", lâche froidement Franck Azéma l'entraîneur de l'USAP. "Il y a cette frustration et cette colère. On n'a pas de solution sur le terrain, on n'en trouve pas. On a une réaction sur la deuxième mi-temps en termes d'attitude, mais on ne trouve pas les solutions pour autant. Il y a trop de manques, trop de détails qui ne sont pas là. Ça veut dire qu'ils n'entendent pas les choses. Quand tu es leader, c'est à toi de mener le groupe. Force est de constater que le message que j'envoie ne passe pas. Donc ça doit être de ma responsabilité. Je ne vois pas d'autre explication."
"Apathiques et à deux de tension"
Et de s'interroger sur le contenu du match contre le Stade Français: "On s'entraîne tous les jours, on fait ce qu'il faut, on a les conditions qu'il faut, on a l'environnement qui est parfait. En tout cas, sur le terrain, il n'y a pas de rendu. Et je ne pense pas qu'on est amoindris. Je pense qu'on peut se battre bien plus qu'on ne s'est battus cet après-midi, et avoir d'autres armes, d'autres ressources. Mais on ne les utilise pas, on est apathiques, on est à deux de tension, on ne bouge pas. On n'a pas pris 15 Temesta ce matin (ndlr : anxiolytique), donc il y a un problème ailleurs."
L'ancien entraîneur clermontois et toulonnais, à chaud, se pose à nouveau la question de sa responsabilité dans ce début de saison raté: "Aujourd'hui ce que je vois, poursuit fermement Azéma, c'est que rien qu'avance et ça, ce n'est pas bon. Je ne suis pas venu pour qu'on stagne. Si le responsable, c'est moi, c'est moi... Je te dis juste qu'il faut se poser les bonnes questions. Parce qu'à un moment donné, on ne peut pas faire semblant comme on a fait cet après-midi. Ça ne me convient pas."
Interrogé sur son envie de continuer à la tête de l'équipe, Franck Azéma coupe court: "Je vais voir avec eux (les joueurs). Là, je suis frustré oui. Ce qui m'intéresse c'est de trouver des solutions pour que ça avance. Pas de faire du cirque."
"Retrouver la fierté et les ressources"
"Le message il est clair", assure Mouhamadou Diaby. "Ce qui est dommage en plus et ce qui est frustrant, c'est que ça travaille bien la semaine. Si vous me demandez à moi, oui, les messages sont clairs, les messages passent. Après, c'est sur le terrain qu'il faut mettre des actes sur les mots. Et aujourd'hui, il n'y a rien."
Les Perpignanais vont enchaîner avec un déplacement à Lyon puis la réception de l'UBB dans un Aimé Giral qui semblait résigné à l'issue du match ce soir. "La vérité c'est qu'il reste 21 matchs", tente de positiver Diaby. "C'est un début de saison compliqué et on ne veut pas que ça devienne une saison à jeter à la poubelle. Il va vite falloir trouver les solutions et commencer à proposer quelque chose de différent. On est un petit peu au pied du mur mais j'espère que l'état d'esprit ce n'est pas 'On lâche tout maintenant et on passe sept, huit mois à regarder les autres jouer'. J'espère qu'on aura la fierté nécessaire et qu'on va trouver les ressources pour faire quelque chose d'autre." Pour qu'Aimé-Giral ne passe pas la saison à applaudir l'adversaire en fin de match.
Paris s'impose enfin à l'extérieur
C'est une très longue série qui a pris fin à Aimé-Giral pour le Stade Français avec cette victoire contre Perpignan. Le troisième ligne Ryan Chapuis a fait les comptes : "Ça faisait 18 matchs et même 21 avec la coupe d'Europe qu'on n'avait plus gagné à l'extérieur, sourit-il. Ça prouve le caractère d'une équipe et ça fait plaisir. Ça permet aussi de recoller au classement et c'est important." La dernière victoire loin de Jean Bouin remontait en Top 14 à mars 2024 à Montpellier. Paris retrouve des couleurs sur une pelouse où il y a vingt ans ils avaient joué pour la première fois avec leur maillot rose devenu signature. Les Parisiens qui avaient effectué 12 changements pour ce déplacement par rapport à la victoire le week-end dernier face à l'UBB. "Ça permet d'enclencher une belle dynamique, appuie Ryan Chapuis. On n'est qu'au début de saison, on ne va pas s'enflammer car on sait d'où on vient. Mais comparé à l'année dernière ça fait plaisir de nous voir sur cette partie de tableau."