Thomas Lombard: "Un oeil sur tout pour faire que le bateau Stade Français reprenne le large"

Thomas Lombard - ICON SPORT
Thomas Lombard, un derby à domicile contre le Racing 92 dimanche, n’est-ce pas le meilleur calendrier possible pour entrer dans le vif du sujet ?
Un derby, c’est toujours un match charnière dans une saison. On connait l’incidence d’une victoire ou d’une défaite dans un derby sur la suite d’une saison. Ce n’est pas à vous que je vais rappeler que nous sommes dans une situation qui n’est pas celle qu’on avait imaginé et qui est loin d’être fidèle à nos attentes. Il y a un gros enjeu, c’est un moment important de la saison. C’est un moment important pour moi aussi.
Vous êtes nommé directeur général du Stade Français. Quelles seront vos fonctions au club ?
C’est d’avoir un regard et un champ d’action qui ira du marketing à la communication, en passant par le sportif. Je dois avoir un oeil sur tout pour faire que le bateau Stade Français reprenne le large. Le Stade Français est une partie merveilleuse de ma vie de joueur. C’est un privilège, une chance formidable cette aventure. C’est un rôle différent mais avec la même motivation que celle qui m’avait animé quand je jouais.
Vous pensez que les supporters du Stade Français qui ne viennent plus à Jean-Bouin ces dernières semaines ne sont pas loin ?
Je pense que quand on a le Stade Français en soi, son maillot sur les épaules, on l’a aussi dans le coeur. C’est un club qu’on ne quitte pas, c’est un club qu’on oublie pas. Cela me laisse penser que les gens ne nous ont pas forcément tourné le dos. Ils se sont simplement éloignés. Ils sont en sommeil. A nous, par les offres qu’on fera, les résultats qu’on obtiendra, de les faire revenir au stade, de les réveiller.
Dans la préface de votre livre "Transformations", Max Guazzini parler de vous comme de ceux "qui ont de la mémoire". Le club peut-il avancer en reniant une partie de son identité passée ?
Il faut faire du Stade Français sans faire du Stade Français. On doit utiliser ce socle qui est notre histoire. Elle est éminemment importante. Elle doit être un vecteur d’inspiration, de motivation pour les joueurs et tous ceux qui travaillent sous la bannière du Stade. Elle doit leur donner envie, confiance et détermination. Après, elle doit aussi permettre d'écrire aussi leur propre histoire. Elle sera différente des autres, mais elle sera tout aussi belle. Il faut faire ce que ce club mérite et d'avoir cette originalité, cette esprit d’initiative qui a toujours marqué le club dans les trente dernières années.
Vous êtes intervenus comme coach mental pour le RC Lens dans votre carrière. Après vos premiers contacts avec le groupe, l’avez-vous trouvé fatigué mentalement?
Oui, quand l’équipe est dernière au classement, les joueurs sont atteints. Néanmoins, on a aussi une obligation de réaction. On a un stade formidable, un propriétaire qui a plein d’ambitions. Il nous met dans les meilleures conditions de réussite. Il a aussi l’exigence de prendre en compte l’entité, car nous sommes un club avec plus de 130 ans d’histoire. On a une obligation de performance, d’excellence et d’attitude quand on entre sur le terrain ou à n’importe quel niveau d’action.
Vous avez eu vos premières rencontres avec le staff. Est-il difficile de communiquer avec Heyneke Meyer?
Non, ce n’est pas difficile. Il est animé par l’esprit de réussir. Si je suis là, c’est pour l’aider aussi à comprendre la culture originale des Français, qui plus est du Stade Français. Je vais l’aider à régler ces curseurs. On prendra en compte l’excellence, le sacrifice, le dépassement de soi, la performance. Ce sont des valeurs cardinales chez nous, mais aussi la méthode utilisée pour faire passer ces messages qui permettra d’obtenir la réussite. Là, on peut être meilleur.
Pablo Matera va arriver après sa Coupe du monde avec l’Argentine. Qu’attendez-vous d’un tel joueur?
Alors déjà, au Stade Français, la star, c’est l’équipe. Il faut bien remettre ça dans les esprits. C’est un joueur de classe mondiale, c’est pour cela qu’on est allés le chercher. Il va amener son expertise du haut niveau, un caractère aussi qui lui est très propre, son engagement, sa générosité. Je n’ai pas encore pu communiquer avec lui, je vais rapidement le faire. Il va arriver avant la fin du mois pour démarrer son contrat au 1er décembre.
Les Saracens viennent d’être sévèrement sanctionnés pour avoir dépassé le salary-cap. Le Stade Français va-t-il continuer à s’intéresser à des stars du Super Rugby qui pourraient alourdir la masse salariale ? (Il coupe)
Je ne vois pas pourquoi vous me parlez des Saracens… Il y a des règles énoncées. On respecte les règles. On construit son effectif et on détermine notre masse salariale en fonction de ce qu'on peut donner et surtout pour respecter le salary-cap. Ce n’est pas un sujet pour nous. Il faut faire la part des choses sur la proportion de joueurs étrangers qu'on veut avoir. Il faut un côté identitaire du rugby parisien, du Stade Français. Il y a un équilibre à trouver dans tous ces choix.
Confirmez-vous d’ailleurs la prolongation de votre deuxième ligne international Paul Gabrillagues ?
Absolument. Paul Gabrillagues s’est engagé avec nous pour les trois prochaines saisons. C’est capital de conserver un garçon comme Paul déjà par la personnalité, l’attachement qu’il a avec le Stade Français et ses qualités de joueurs de rugby. C’est un enfant du club. C’et le genre de joueurs avec qui j’imagine, dans l’idéal, pouvoir réussir ce que peu arrivent à faire aujourd’hui, c’est à dire toute sa carrière dans le même club.
Morgan Parra a la possibilité de négocier avec d’autres clubs. Intéresse-t-il le Stade Français ?
Non, non, non, on a un très bon demi de mêlée. Il est excellent. Arthur Coville est champion du monde des moins de 20 ans. Il fait partie de ceux qui sont programmés pour devenir demain les tauliers du Stade Français. Ils sont plusieurs dans son cas. Je pense qu’on doit construire autour de lui un projet, lui donner les moyens de réussir et lui, se donner les moyens d’être le meilleur. On construit plus l’avenir avec sécurité avec des garçons qui connaissent le club qu’en allant chercher des joueurs certes très talentueux mais qui n’ont pas forcément toutes les cases pour évoluer chez vous.
La Challenge Cup arrive avec un groupe relevé (Brive, Zebre, Bristol). Quel sera l’objectif dans cette compétition ?
L’objectif, c’est de retrouver le goût de la victoire. Quand on est le Stade Français, on se doit de tout jouer pour se qualifier. Je ne vais pas parler de gagner la compétition car ce serait présomptueux compte tenu de notre situation comptable. Néanmoins, on doit être ambitieux partout quand on enfile ce maillot. Top 14, Challenge, amical, on jouera pour gagner.