Top 14: LOU, salaires, avenir du rugby... Couilloud fait le point sur la fin de saison

Quel est votre sentiment après l'arrêt de la saison?
On est compréhensifs par rapport à la situation. Malheureusement, on s'y attendait. L'état des choses fait qu'on avait très peu d'autres solutions. Pour le LOU, on a un peu de frustration parce qu'on réalisait tout de même une belle saison. On était bien partis pour atteindre les demi-finales. Il restait encore un paquet de matchs, mais on avait fait de belles choses. Il y a de la frustration, parce que c'est très difficile d'aller gagner un titre et c'était vraiment une opportunité.
Selon vous, était-ce vraiment impossible de finir la saison?
Je ne connais pas tous les tenants et aboutissants, tous les risques et les contraintes que certains médecins et présidents connaissent mieux que moi, mais ça me semblait vraiment très compliqué. Ce qui prime, c'est l'état de santé de tout le monde, et pas seulement des joueurs. Ça aurait été ridicule de mettre des personnes en danger pour des phases finales. En tant que compétiteur, on avait quand même envie de finir. Parce que lorsqu'on entame un projet comme une saison sportive, qui plus est le Top 14, on a envie d'aller au bout. On connaît les efforts que ça représente. Mais on comprend ce qu'il se passe.
Physiquement et mentalement, le confinement se passe-t-il bien?
Très honnêtement, ça se passe très bien pour l'instant. On a plus de facilités pendant ce confinement à gérer le temps où on est un peu moins bien physiquement. On ne pousse pas dans les extrêmes quand on a fait une grosse séance la veille, on ressent moins l'état de fatigue. J'ai la chance d'être accompagné par mon petit frère (Barnabé, ndlr), donc on a l'occasion de se motiver régulièrement. On s'est vraiment bien entraînés et on a fait plus que le nécessaire. Je n'ai pas l'impression d'avoir perdu sur un quelconque plan. Mais le terrain est irremplaçable. Quand on sera amené à retourner sur la pelouse, c'est là qu'on pourra évaluer si le confinement nous a fait du bien ou du mal.
Êtes-vous inquiet pour l'avenir du rugby?
Ce serait malhonnête de dire le contraire. On est forcément tous inquiets de l'avenir de notre sport, de son économie. On est conscients des risques encourus par le rugby à la suite de cette crise. Ce sont des contrats et des carrières qui en dépendent, parfois. On espère que tous les protocoles de reprise vont être respectés et mis en place de la meilleure des manières. Mais c'est quelque chose de nouveau pour tout le monde. Le médecin le plus expérimenté sur cette maladie n'a que quatre mois d'expérience...
Quel aspect est le plus préoccupant?
Sur le plan sanitaire, on est maintenant tous conscients des risques. Sur le plan économique, ça risque de faire énormément de dégâts aussi. Ça va toucher les rémunérations des rugbymans et des mesures vont être prises d'ici peu. Certaines ont déjà été prises. C'est bien, on avance. Mais ça ne va pas faire que des heureux. Malgré tout, le rugby en sortira grandi parce qu'il va falloir faire preuve de solidarité. On a l'occasion de prouver qu'on fait un sport collectif et qu'on se soutient dans ce genre de période.
Des baisses de salaires des joueurs sont-elles sur la table?
Ça fait partie des discussions. Je pense que c'est une conséquence inévitable de cette crise. Ce sera fastidieux d'en débattre. Ce ne sera pas étudié de la même façon selon les clubs. Les joueurs ont déjà décidé d'abandonner des congés payés. C'est un acte de solidarité vis-à-vis des clubs, parce que ça représente une belle somme. Je n'ai pas la main sur tous les chiffres, mais c'est un pas en avant. Il en reste d'autres. L'équilibre financier va nécessiter d'autres efforts. On est prêts à en faire. Je suis persuadé qu'on arrivera à trouver des solutions ensemble.
Les salaires ne seront pas la seule variable d'ajustement, n'est-ce pas?
Notre président a fait preuve d'énormément de transparence. On est informés de la situation du club, des chiffres. On est impliqués et on sait ce qu'il adviendra. On sait que la rémunération des joueurs ne sera pas la seule variable et que tout sera fait pour que l'impact soit moindre.
En tant que capitaine du LOU, quel est votre rôle dans cette crise et les discussions?
Fort heureusement, je ne suis pas tout seul à gérer. Pas mal de joueurs sont aussi informés de la situation. On est plusieurs à faire partie des discussions avec le président, le manager, le coach. Pour l'instant, on n'est qu'au début. On prend juste toutes les informations pour être au courant. Ensuite, on sera en mesure de restituer tout cela à l'ensemble de l'équipe. Notre rôle sera plus informatif que directif, dans un premier temps. Aujourd'hui, il nous manque encore pas mal de données pour réaliser certaines avancées. On aura rapidement tout ce qu'il faut pour prendre des décisions. Il faudra que ce soit fait de la meilleure des manières pour que personne ne se sente lesé. Je n'ai pas eu l'occasion de discuter avec tous mes partenaires. Mais je pense que tout le monde est conscient de la situation. On fera le nécessaire pour que tout le monde se sente à l'aise.
Avez-vous une feuille de route pour une éventuelle reprise?
On a déjà évoqué un protocole des médecins et du staff sportif pour évoluer notre état physique, mental et de santé. Ce sera des tests et des examens cliniques pour vérifier que tout le monde va bien et qu'on soit prêts à reprendre le sport de haut niveau. C'est la phase la plus importante, pour l'instant, afin de redémarrer sur de bonnes bases. Encore une fois, c'est nouveau pour tout le monde. Tout ne sera pas parfait. Mais on va réussir à s'adapter.
Est-ce envisageable de reprendre l'entraînement en juillet?
On vise fin juillet ou début août pour l'entraînement collectif. L'idéal serait courant juillet. Mais on sait que ça ne va pas être facile à gérer. Beaucoup de critères vont devoir être remplis. Mais c'est vrai que ce serait bien. On est excités à l'idée de retrouver les entraînements, parce qu'on en a besoin. Le terrain est irremplaçable et on a besoin de ces moments de vie à partager.
Finalement, faut-il être confiant pour le rugby?
Il faut être optimiste. Le rugby regorge de personnes bienveillantes pour faire en sorte qu'il perdure. Je suis confiant. Je pense que tout le monde va faire le nécessaire pour que les championnats puissent avoir lieu avec le même nombre d'équipes et qu'il y ait le moins de dégâts possibles sur la route.