Top 14: "Toulouse, ça ne se refuse pas", Capuozzo explique son arrivée à Ernest-Wallon

Ange Capuozzo, pourquoi avez-vous décidé de rejoindre le Stade Toulousain ?
C’était une décision facile à prendre. D’abord pour l’aspect évidemment sportif qui prime pour moi. Je rêve encore de titres et d’évolution. C’était le meilleur challenge sportif qu’on pouvait me proposer sur la planète rugby. C’était une évidence. D’un point de vue personnel, j’arrive à un moment de ma vie où j’ai besoin de me mettre en difficulté, de partir et de sortir de ma zone de confort. Après ces trois années à Grenoble, c’était le bon moment, au bon âge, pour voir autre chose et découvrir un autre environnement
Auriez-vous pu rester une saison de plus à Grenoble comme l’auraient aimé vos dirigeants ?
Oui, j’aurais pu. C’était le souhait des dirigeants. Je suis un grand supporter du FCG depuis que je suis tout petit. Le fait d’avoir passé ces trois années et d’avoir la possibilité de marquer le club de mon empreinte, ça aurait été aussi un rêve. Mais cette possibilité de toucher du doigt le plus haut niveau mondial était encore plus un rêve. Je me dois de tenter le coup. Je sens que je suis au bout d’un processus, la tête libérée. Je me sens prêt.
Toulouse, ça ne se refuse pas ?
Oui, ça ne refuse pas. Quand on est passionné de rugby et que l’on connaît les joueurs qui composent cette équipe, qui n’aurait pas envie de côtoyer ces mecs-là, qui sont sans doute les meilleurs à leur poste en ce moment, de toucher des ballons avec eux et de progresser ? C’est un rêve de passionné.
Il vous faudra d’abord gagner votre place dans cette équipe où la concurrence sera rude avec notamment Melvyn Jaminet et Thomas Ramos…
Bien sûr. Ça ne me fait pas peur dans le sens où c’est ce que je viens chercher aussi. Je savais qu’en allant dans ce genre de club la concurrence serait présente. Je l’ai très bien assimilé. Je me mets en danger, il va falloir que je me remette en question, que je travaille sur mon environnement personnel, que je fasse attention à tous les petits détails de ma vie. Ça va me faire grandir. Cette concurrence ne me fait pas du tout peur, au contraire. Je sais que ce sera un très gros challenge mais ça va me faire avancer aussi.
Quel a été le discours du manager Ugo Mola et des dirigeants pour vous convaincre de signer ?
Ils cherchent à construire autour de la structure déjà en place et à la pérenniser. Ça se voit dans les prolongations de contrats qu’ils ont faites. Ils sont vraiment dans une phase de construction et de stabilisation pour les prochaines années. On se projette sur trois ou quatre ans pour certains. Ce sont des contrats longs dans le rugby et c’est aussi ce qui rend le projet intéressant. Cette stabilité rassure en tant que joueur. On se dit qu’on rentre dans un projet sain et sérieux. Ça m’a touché. Même si je viens chercher le danger, j’ai besoin de stabilité aussi pour pouvoir m’épanouir.
Savez-vous déjà si vous évoluerez aussi parfois à l’aile ?
A Grenoble, sur ces trois dernières années, c’est au poste de 15 que je me sentais le mieux et le plus libre. Après, durant ma formation, j’ai toujours joué à d’autres postes et je l’ai fait avec le FCG quand il y avait des besoins. Je me prépare aussi à cela, ça ne me fait pas peur et ça me plait pour découvrir des situations de match. Je saurai l’appréhender et je m’y prépare.
On sent une vraie maturité chez vous dans votre discours et votre façon d’être…
(Sourire) C’est difficile de parler de soi mais les années chez les jeunes ont été très importantes pour moi. Parfois, ça a été très facile mais parfois c’était aussi beaucoup plus compliqué. La pente était très raide, et ça me sert aujourd’hui. Je mentirais si je disais que je n’appréhende pas le départ. Je ne suis jamais parti de chez moi, ce sera une nouvelle vie, une nouvelle histoire. Mais je sais que je vais rencontrer la difficulté, tout ne sera pas tout le temps facile. Il faudra un temps d’adaptation et je ne jouerai pas tout le temps. Mais je l’ai déjà vécu. Je ne sais pas si ma maturité vient de là mais ça m’a vraiment servi.
Après vos bonnes prestations avec Grenoble mais aussi lors du dernier Tournoi avec l’Italie, vous serez encore plus attendu avec le maillot toulousain…
Oui, c’est sûr. Pour le coup, on ne peut pas trop se préparer à ça. Tant qu’on n’y est pas confronté, on ne sait pas encore comment réagir. C’était un enjeu sur cette fin d’année de gérer ce qui se passait à côté, avec le rugby et l’extra-rugby. Ça n’a pas été facile de suite. Heureusement, je pense que je suis très bien entouré. En termes d’énergie, c’est une charge émotionnelle importante, notamment avec ce qui s’est passé dans le Tournoi, mais aussi en termes de sollicitations. Mais je pense que je vais m’épanouir dedans, parce que je rentre dans un club habitué à cette pression. La gestion des personnes et de cet environnement extérieur est très bonne à Toulouse. Ça me rassure. Je pense aussi que j’ai besoin qu’on attende beaucoup de moi pour progresser, d’être un peu dos au mur. Ça ne peut être que bénéfique.
Vous devez vous régaler à l’idée de jouer avec Dupont, Ntamack et les autres…
Oui, bien sûr. Je pense que je suis un joueur qui a besoin des autres sur le terrain. Je ne vais pas faire des différences que tout seul. Avec mon physique, je ne vais pas breaker des lignes tout le temps. J’ai besoin qu’on me mette dans ces espaces, mais aussi que j’accompagne les autres pour terminer les actions. Jouer à côté de joueurs comme ça, ça va être exceptionnel. J’évolue dans le triangle arrière où l’on finit les actions. Quand je vois le jeu déployé au Stade Toulousain, c’est sûr que ça fait envie.
La saison à venir s’annonce très riche avec le Top 14, la Coupe d’Europe et sans doute la Coupe du monde 2023. Etes-vous à la fois excité et un peu stressé ?
Oui, le mot excitation résume bien la situation. Ce n’est pas du stress négatif. Je n’ai pas peur d’y aller, je n’angoisse pas. Mais je ressens cette excitation. J’y pense tous les jours, notamment savoir comment je vais emménager dans ma nouvelle vie et découvrir le groupe. Quand je vois les personnes en place au Stade Toulousain, ça ne me fait pas peur car ce sont de très bons mecs. Ça m’a l’air très sain, donc ça me ressemble.