TOUT COMPRENDRE - Crise à la FFR: ce qui a poussé Bernard Laporte à la démission

Condamné pour corruption en première instance en décembre dernier, Bernard Laporte a démissionné ce vendredi 27 janvier de la présidence de la Fédération française de rugby (FFR). Il occupait ce poste depuis décembre 2016. L'ancien sélectionneur du XV de France et ancien secrétaire d'État aux Sports paie une affaire survenue lors des premiers mois de son mandat.
· Une affaire qui remonte à 2017
En août 2017, après la parution de plusieurs articles de presse, le ministère des Sports indiquait son intention de mener une enquête interne en raison d'une affaire de favoritisme présumé de Bernard Laporte au profit du club de Montpellier, dirigé par Mohed Altrad. Le président de la FFR demandait alors à la commission de discipline de se prononcer avec "bienveillance" sur plusieurs décisions concernant le MHR.
Le 4 décembre, Laura Flessel, en qualité de ministre des Sports, transmettait le dossier à la justice le rapport de l’Inspection générale de la jeunesse et des sports. Quatre ans ont été nécessaires pour arriver au procès. En janvier 2018, en marge de la première affaire, le groupe Altrad était choisi pour devenir le sponsor maillot de l'équipe de France, pour un contrat de 7 millions d'euros par an. Il était reproché à Laporte d'avoir signé plus tôt avec Altrad un contrat d'image confidentiel rémunéré 180.000 euros, sans contrepartie clairement identifiée. Le dirigeant avait fini par renoncer à ce contrat après les premières révélations.
· Laporte condamné à de la prison avec sursis
Cinq années après les premiers faits reprochés, le procès Laporte-Altrad s'est tenu du 7 au 22 septembre 2022. Le tribunal correctionnel de Paris a fini par rendre son jugement le 13 décembre dernier. Pour avoir "noué un pacte de corruption" en 2017 avec Mohed Altrad, Bernard Laporte a été condamné à deux ans de prison avec sursis, plus 75.000 euros d'amende. Poursuivi pour six infractions au total, Laporte était reconnu coupable sur quatre d'entre elles.
L'ancien ministre des Sports a été déclaré coupable de prise illégale d'intérêts sur la signature au nom de la FFR du contrat avec AIA, la holding du groupe Altrad. Mais également coupable du délit de trafic d'influence, de recel d’abus de biens sociaux et de corruption passive dans quatre interventions. "Chacune de ses interventions est guidée par un parti pris envers Mohed Altrad", selon le tribunal, qui pointait du doigt le comportement de Bernard Laporte.
S'il avait indiqué sa volonté à l'issue de ses condamnations de rester président de la FFR, Bernard Laporte a été "mis en retrait" de son poste le 19 décembre dernier, sur injonction du comité d'éthique de la Fédération. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra communiquait dès le lendemain son souhait de voir Laporte "quitter définitivement" la présidence de la FFR, souhaitant "le plus haut degré d'exigence morale".
· Une garde à vue pour une autre affaire
Le 24 janvier dernier, Bernard Laporte est placé en garde à vue dans une affaire de blanchiment de fraude fiscale aggravée, diligentée par le Parquet national financier (PNF). À ce stade du dossier, aucune poursuite n'est retenue contre lui, remis en liberté au bout de quelques heures. Le dossier n'a aucun lien avec le procès Laporte-Altrad.
· Laporte désavoué par les clubs après un référendum
Lancé le 23 janvier, le référendum pour savoir si Patrick Buisson, à la tête de la Fédération française de rugby depuis la mise en retrait de Bernard Laporte, devait être nommé président délégué de l'instance, a fini par désavouer l'ancien dirigeant qui en avait fait son candidat. Les clubs amateurs ont refusé à 51,06% (48,94% de suffrages pour).
· Laporte finit par démissionner
Vendredi 27 janvier, Bernard Laporte démissionne de la présidence de la Fédération française de rugby. De nouvelles élections fédérales pourraient désormais être organisées, après la désignation d'un président par intérim. La tenue de ce scrutin est l'option privilégiée par l'opposition à Laporte, incarnée par Florian Grill, selon qui "les clubs veulent tourner la page". "J'appelle de mes voeux une élection générale", a de son côté affirmé Amélie Oudéa-Castéra.