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XV de France: la tournée, la Coupe du monde, son avenir, Ghezal se confie

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Alors que la Coupe du monde se tiendra dans moins d'un an, le XV de France lancera son sprint final lors de la tournée de novembre face à l’Australie, l’Afrique du Sud, et le Japon. Une étape que veut mener à bien Karim Ghezal, l’un des entraineurs adjoints de Fabien Galthié. Pour RMC Sport, il se confie en longueur sur les échéances à venir ainsi que son avenir.

Karim, vous avez donné, avec William Servat, un coup de main ponctuel cet été aux filles du XV de France avant la Coupe du monde. Comment cela s’est-il passé?

Déjà, nous avons de très bons rapports avec l’ensemble des équipes de France. Lorsque nous avons commencé voilà trois ans, nous avions aussi travaillé avec les U20 et ils sont souvent aussi à l’entrainement avec nous. Nous faisons également un séminaire, après le Tournoi, avec l’ensemble des équipes. A cette occasion, le sélectionneur Thomas Darracq nous a proposé de venir. Le timing était bon puisque c’était une période de coupure pour nous, et elles préparaient la Coupe du monde. Nous avons trouvé deux fenêtres, une à Andorre et une à Nice, sur deux journées. Ça ne fait pas beaucoup mais on a bien bossé avec les coachs. J’y suis allé avec un thème bien précis, la défense des mauls, ce qui pourrait aussi trouver du sens sur la tournée de novembre. C’était très intéressant, on a appris beaucoup de choses et j’espère que nous avons pu leur donner quelques petits conseils.

Vous allez aussi découvrir d’autres horizons avec Laurent Labit, avec un séjour de six jours à Miami à la fin du mois…

Oui, c’est la dernière occasion pour le faire. Je remercie d’ailleurs Fabien (Galthié) et Raph (Ibanez) qui nous ont permis d’y aller. Avec Laurent, on va passer quelques jours à Miami pour voir le foot US, le basket, les universités et plein de choses intéressantes, avec des staffs démultipliés. C’est très intéressant pour le management et on va essayer de récupérer un maximum de choses pour nourrir notre staff et amener des petits plus. On va être bien occupé. Cet été, j’étais déjà allé voir le basket (durant la préparation des Bleus pour l’Euro) avec Fabien et aussi le cyclisme chez Cofidis. Par ailleurs, je continue de travailler sur le secteur de la réalité virtuelle, en accord avec Fabien. On essaie toujours de trouver des idées ailleurs. Après la tournée, on s’est laissé, comme à chaque fois, des moments de respiration avant de se retrouver la semaine prochaine à Aix-en-Provence.

Vous devez surtout être impatient de retrouver vos joueurs pour disputer cette tournée de novembre…

C’est vrai qu’elle est importante pour nous. On mesure l’engouement à un an de la Coupe du monde. On le voit dans le regard des médias et des supporters. On se rend compte que tous les joueurs seront scrutés sur chaque journée de Top 14, toutes les oppositions entre internationaux. L’engouement est normal mais on est focalisé sur cette tournée contre l’Australie, la dernière équipe qui nous a battus l’Afrique du Sud, seule équipe du Top 10 mondiale que nous n’avons jamais jouée, et le Japon qui nous a posé des soucis cet été en nous menant à la mi-temps. Ce seront trois matchs de haut niveau qui peuvent ressembler à un tableau de phases finales de Coupe du monde, avec d’abord l’Australie pour aller chercher une onzième victoire consécutive qui serait importante. Ce qui est intéressant aussi, c’est que nous irons jouer à Paris, Marseille et Toulouse. C’est l’occasion d’aller en province avec cet engouement.

Cette Coupe du monde va-t-elle arriver très vite selon vous?

Il faut prendre le temps. Je me souviens, que la semaine avant le dernier match contre l’Angleterre dans le Tournoi, les journalistes me demandaient si j’étais pressé d’être au samedi. Mais il faut que les choses arrivent dans l’ordre. Bien sûr qu’on y pense, avec d’abord cette tournée très importante, puis une respiration avant de replonger dans le Tournoi pour défendre le trophée que l’on a gagné et ensuite la préparation de la Coupe du monde. On connait nos joueurs, entre ceux qui sont "premium" comme l’a dit Fabien, et ceux qui sont en développement. On va les suivre et se préparer du mieux possible.

Ressentez-vous cette forte pression?

Oui, c’est normal. La pression est là au quotidien en équipe de France. L’équipe de France est sacrée, c’est une mission. Et à chaque fois, comme lors de nos 27 premiers matchs, on sent ce côté sacré. Les trois matchs de cet automne seront instructifs, ça nous permettra d’avoir une expérience collective encore plus grande.

Rêvez-vous de cette Coupe du monde parfois?

On y pense tout le temps, c’est normal. Mais lorsque l’on a gagné le Tournoi, le plus important n’était pas de lever la coupe mais la façon d’avoir terminé premier, comment on a co-construit ce qui allait et changer ce qui n’allait pas. Ce qui compte, ce n’est pas la finalité mais la manière dont tu le construis. On veut surtout y arriver en étant le plus régulier possible car ça voudra dire qu’on a battu les meilleurs. On connait nos joueurs et on s’appuie sur notre méthodologie. Le rugby est en constante évolution et on essaie d’avoir toujours un temps d’avance sur ce qui va être proposé l’an prochain. Le but est d’avoir déjà vécu des expériences pour savoir comment réagir.

"Sollicité en France et à l’étranger"

L’autre sujet dont on parle beaucoup ces dernières semaines concerne l’avenir du staff. Fabien Galthié a prolongé jusqu’en juin 2028. Pour les adjoints, le dossier ne semble pas avoir avancé. Qu’en est-il vraiment?

Pour moi, les choses sont assez claires. Le timing est normal et logique. Ça fait trois ans que nous sommes ensemble et la Coupe du monde est dans un an. Il n’y a pas de souci sur le timing. J’ai pu échanger d’abord avec Fabien après le Tournoi des VI Nations. Nous sommes entièrement en phase sur le fait que c’est une mission sacrée, on l’a vu sur nos 27 premiers matchs. Il y a trois ans et demi lorsqu’il est venu me chercher, l’équipe de France était une évidence. On voulait redevenir une nation majeure, gagner des titres puis basculer sur la Coupe du monde. D’un point de vue plus collectif, c’était un peu moins clair puisque je ne savais pas avec qui on allait travailler et avec quels moyens. Puis c’est venu progressivement, avec la liste des 42, les autres membres du staff.

Au début, personnellement, c’était une évidence. Aujourd’hui, après 27 matchs, l’expérience accumulée ainsi que la discussion que j’ai eue avec Fabien, j’ai juste des questions sur le collectif: avec quelles personnes il se voit travailler? quel sera mon rôle? est-ce que la même méthodologie va évoluer? quels seront les moyens? et je ne parle pas de moyens financiers. Encore une fois, cette liste de 42 joueurs est très importante. Après, il y a aura une décision personnelle. L’équipe de France reste sacrée mais j’ai évoqué ces deux ou trois questions avec Fabien. Le cycle des choses fera qu’il pourra me répondre plus ou moins vite. L’équipe de France reste attractive. Je suis persuadé que beaucoup d’entraineurs sont intéressés. Tout comme on peut être sollicité de notre côté.

Votre contrat s’arrête en 2024, tout comme William Servat et Shaun Edwards, tandis que Laurent Labit est lié à la FFR jusqu’en 2023 (le départ Thibault Giroud au Racing est lui déjà acté après la Coupe du monde). Mais, ce n’est pas un secret, les clubs sont venus se renseigner sur vos situations individuelles. Comment le vivez-vous? 

Je ne parlerai bien sûr que de mon cas personnel. Si j’ai eu la chance d’être sollicité par Fabien en avril 2019, c’est parce que j’ai d’abord bénéficié d’un travail collectif à Lyon des joueurs, du staff et du club, avec un maintien historique, deux demi-finales. Aujourd’hui, si je suis sollicité, c’est la même chose. Je bénéficie du travail collectif, des résultats de l’équipe de France et des moyens qui ont été mis. Oui aujourd’hui je suis sollicité en France et à l’étranger, pour des postes un peu différents dans le management, en étant numéro 1 ou numéro 1 bis.

Avez-vous fixé une deadline pour prendre une décision et basculer plus sereinement sur la Coupe du monde?

Non, je ne suis pas pressé à la minute. Quand on va rentrer dans la compétition, je ne vais pas penser à ça. On a discuté avec Fabien après le Tournoi, c’était un bon moment. On ne l’a pas fait durant la tournée puisque nous étions concentrés sur le sportif. Depuis, j’ai été sollicité. On y réfléchit, peut-être que lui aussi y réfléchit de son côté. Quand on va de nouveau entrer dans la compétition, on sera focalisé sur l’Australie, l’Afrique du Sud et le Japon. On doit rester focus. Je ne suis pas forcément pressé d’avoir des réponses. Peut-être que Fabien ne les a pas. Il m’a dit qu’il voulait garder le staff, je lui ai dit "ok, nous sommes en phase, et je ne suis pas pressé". Ce n’est pas une forme de stress. Ça ne me prend pas du tout la tête.

En discutez-vous avec Laurent Labit et William Servat?

Chacun a ses questions personnelles, des choix de vie. Nous n’avons pas le même âge, les mêmes expériences. J’ai 41 ans, je suis le plus jeune (Labit a 54 ans, Servat 44). Nous avons des choix personnels à faire. On parle surtout de rugby et, avec Laurent, de ce qu’on va faire à Miami.

Au sein de ce staff conséquent, chacun semble avoir sa place…

Oui, nous sommes nombreux, mais c’est le cas de tous les autres staffs, en sélection et même en Top 14. Peut-être qu’en se rendant à Miami avec Laurent, on va se dire même que nous sommes à des années lumières. Aujourd’hui, le staff tourne bien et nous ne sommes pas dans des secteurs cloisonnés. Depuis trois ans, Fabien nous laisse déverser nos compétences, nos caractères et nos façons d’être. Nous sommes tous différents et Fabien m’a laissé grandir à grande vitesse. Quand je vais dans club, je parle à un trois-quarts comme je le fais avec un avant. Je travaille l’attaque avec Laurent, la défense avec Shaun (Edwards), les temps de jeu, l’arbitrage, etc.. Je remercie Fabien pour cela. Quand cet été au Japon il nous manquait certaines personnes du staff (Labit et Edwards avaient le Covid et seul Labit a pu les rejoindre), j’ai pu mener des entrainements. Chacun maitrise les domaines des autres. Et chacun participe à la composition des équipes. Ça nous permet de grandir, d’amener de nouvelles idées et d’enrichir notre expérience collective.

JF.Paturaud