Affaire de la sextape: le parquet requiert dix mois de prison avec sursis contre Benzema

Le jugement pourrait être rendu dès ce vendredi. Au terme de la deuxième journée d'audience du procès de l'affaire dite de la sextape de Mathieu Valbuena, au tribunal correctionnel de Versailles, le procureur de la République a requis jeudi une peine de dix mois de prison avec sursis et 75.000 euros d'amende à l'encontre de Karim Benzema, jugé pour complicité de tentative de chantage avec quatre autres co-prévenus (Mustapha Zouaoui, Younes Houass, Karim Zenati et Axel Angot).
"Il est porteur d'une image, d'une histoire, d'une notoriété, de toutes ces valeurs", a souligné le parquet lors de ses réquisitions.
Absent depuis le début du procès, avec l'accord du président du tribunal, Karim Benzema n'était pas non plus présent lors des réquisitions. L'attaquant du Real Madrid "suit" le déroulement des débats, a toutefois fait savoir son avocat Me Antoine Vey au micro de RMC.
Benzema "avait conscience"
"C'est fou tous ces gens qui se pressent autour de Mathieu Valbuena pour l'aider, ça fait chaud au coeur." C'est avec ironie que les représentants du ministère public ont qualifié la tentative de chantage à la sextape dont a été victime Mathieu Valbuena. L'attaquant du Real Madrid est considéré comme un "intermédiaire" dans cette affaire élaborée par Axel Angot et Mustapha Zouaoui, deux hommes qui gravitaient autour des footballeurs professionnels. "Son intervention (auprès de Valbuena à Clairefontaine, NDLR) était prévue et préparée", a estimé Ségolène Marès, substitut du procureur, ironisant sur une "intervention bienveillante presque paternelle".
"M. Benzema faisait partie d'une stratégie et il en avait conscience", tranche la magistrate.
Cette stratégie reposant sur "l'autorité" naturelle de Karim Benzema est celle adoptée en dernier ressort alors que Mathieu Valbuena ne cède pas devant ses maîtres-chanteur. Avant de passer par l'intermédiaire de l'attaquant star du Real Madrid, les maîtres-chanteur ont tenté, selon le parquet, d'obtenir une somme d'argent avec l'intervention de Djibril Cissé, un temps mis en examen dans ce dossier, puis avec celle de celui qui se présente comme un "lanceur d'alerte" Younès Houass.
"Les faits de chantage sont parfaitement établis"
Les faits de chantage sont parfaitement établis", précise la représentante du ministère public. A l'origine de cette affaire, "le besoin d'argent" d'Axel Angot, celui au rôle "fondamental" sans qui il n'y a pas de vidéo, et de Mustapha Zouaoui, au rôle "prépondérant", "l'organisateur" de ce chantage, "le cordon ombilical de cette affaire". La peine la plus lourde 4 ans de prison ferme et 15.000 euros d'amende, a été requise à l'encontre de ce dernier. Le parquet a réclamé 18 mois de prison et 15.000 euros d'amende à l'encontre d'Axel Angot.
"C'est pas l'affaire Benzema, c'est l'affaire Zouaoui", a d'ailleurs estimé la substitut du procureur.
Au fil des débats, tous les prévenus ont indiqué avoir voulu "aider" Mathieu Valbuena. A l'encontre de Younès Houass, le parquet a requis 18 mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende. Défini comme la "cheville ouvrière de la stratégie", la substitut du procureur a estimé que "s'il voulait aider M. Valbuena," c'était de mettre un frein à l'infraction mais il avait un petit profit à en tirer". Puis quand Younès Houass ne parvenait pas à ses fins, les "instigateurs", Angot et Zouaoui, se sont tournés vers Karim Zenati, ami de Benzema.
"Oui M. Benzema est un bon ami, avec M. Zenati pas avec M. Valbuena", a taclé Ségolène Marès avant de requérir Deux ans d'emprisonnement à l'encontre de Karim Zenati.
Valbuena réclame 150.000 euros
Au cours des plaidoiries de la partie civile, l'avocat de Mathieu Valbuena a réclamé 150.000 euros de dommages et intérêts, pour un préjudice qu'il décrit comme "sidéral". Il a notamment insisté sur les conséquences sportives de cette affaire, avec notamment une absence de l'équipe de France à l'Euro 2016. "Ça l'a tué sportivement, familialement, ça l'a tué dans l'esprit de beaucoup de gens. (...) Du jour au lendemain, à cause de cette affaire, il a tout perdu", a soutenu Me Paul-Albert Iweins.
La Fédération française de football (FFF), également partie civile, a demandé une indemnisation "symbolique" de 1 euro.