Biathlon: "J'ai entendu ma fille pleurer toute la course", l'émotion de Braisaz-Bouchet après son titre mondial sur le sprint

Justine Braisaz-Bouchet et Lenzerheide, c'est une vraie histoire d'amour. La biathlète des Saisies apprécie particulièrement la station suisse, puisqu'elle y avait réalisé un rarissime triplé sprint/poursuite/mass start sur un week-end, pour la première étape de Coupe du monde dans les Grisons l'hiver dernier en décembre 2023. Plus d'un an plus tard, elle a remis le couvert en allant chercher l'or sur le sprint à l'occasion des championnats du monde ce vendredi. Un succès acquis malgré des conditions peu évidentes, avec une seule balle dehors sur le couché.
"J'avais très envie de gagner aujourd'hui comme toutes mes concurrentes. Je n'ai pas cru à la victoire jusqu'au sommet de la dernière bosse où Simon Fourcade m'a annoncé avec 9 secondes d'avance sur Franziska Preuss. Je savais que le dernier tour allait être difficile parce que j'ai assez vite compris que c'était serré. Je me suis dit que c'est pas croyable dans des conditions comme ça de jouer la gagne à deux ou trois secondes, c'est presque improbable. Ça a été difficile sur ce dernier tour mais j'avais gardé de l'énergie parce que c'était la consigne aussi. Je sais que c'est une piste qui demande d'être humble dans l'approche quand on entame cette piste. On sait qu'il faut avoir une gestion intelligente et j'avais des gens qui allaient très bien aujourd'hui donc j'en ai profité pour essayer de creuser surtout sur la dernière portion de la piste", a confié JBB après la cérémonie.
Côme à la maison
En Suisse, la quadruple championne du monde a pu compter sur le soutien sans faille de sa famille, notamment de sa fille Côme, tout juste 2 ans. "Ce n'est pas tous les jours que (ma famille) peut se déplacer et m'accompagner. Ils ont fait l'effort de braver la tempête malgré tout. J'ai entendu Julien, mon mari et ma fille, être sur le bord de la piste quelques mètres après le départ. J'ai entendu ma fille pleurer toute la course parce qu'elle devait avoir froid et elle devait être saoulée", poursuit-elle. "C'est une chance énorme de pouvoir partager ça avec ses proches surtout qu'ils sont là dans les bons comme dans les mauvais moments. C'est eux qui me supportent en permanence, donc j'étais très émue de pouvoir partager ça avec eux. Ils sont un support énorme. Et en tout cas, je me ressource énormément avec eux au-delà du biathlon."
Mais surtout une victoire qui sonne comme une libération pour la biathlète de 28 ans, qui reste jusque-là sur une saison en dents de scie, capable de gros trous d'air (Kontiolahti, Ruhpolding), mais aussi du meilleur (victoire sur le sprint du Grand-Bornand). La faute à un blocage sur le pas de tir, alors que les jambes ont toujours été là (76% de réussite derrière la carabine). "C'est un grand bonheur pour elle, un soulagement, parce qu'elle a eu des moments galères depuis le début de la saison" reconnaît l'entraîneur de tir des Bleues, Jean-Paul Giachino. "Elle n'a jamais désespéré, elle y a toujours cru et elle a bien fait parce qu'on voit qu'aujourd'hui sur une course avec des conditions au niveau du tir un peu plus difficiles, avec un 9/10, elle le réussit et elle est championne du monde. Elle était quand même dans une spirale qui n'était pas très bonne, avec très peu de confiance sur son tir couché."
Ses Mondiaux parfaitement lancés, Justine Braisaz-Bouchet visera le doublé dimanche à l'occasion de la poursuite (12h05). Une course à quatre tirs où la biathlète des Saisies sera attendue sur le format qui lui réussit le moins (une victoire sur ses 13 en Coupe du monde... à Lenzerheide). "Les conditions de dimanche seront certainement différentes, on verra. En tout cas, je sais qu'une de mes principales forces, c'est de me focaliser sur ce que j'ai à faire, prendre beaucoup de plaisir dans ce que je fais, dans mon biathlon. Je sais que ça va être une belle bataille et j'ai hâte d'être à dimanche. Je connais aussi mes forces."