Biathlon: les frères Boe veulent soigner leurs adieux à la maison

"On dirait que les dieux sont avec nous pour nous donner une semaine parfaite pour une dernière fête". Le soleil inonde le fjord d'Oslo en contrebas du sommet d'Holmenkollen. C'est sur ce stade mythique que Johannes et Tarjei Boe vont faire leurs adieux au biathlon ce week-end. Chez eux. Et le grand frère y voyait un signe en scrutant le ciel ce jeudi matin. Les deux Boe donnaient une conférence de presse, ensemble, avant de disputer les trois dernières courses de leur carrière. "On a des grandes attentes", assure Tarjei devant une salle remplie de journalistes norvégiens et des habituels suiveurs internationaux du biathlon. "On a de la chance de pouvoir terminer ici à la maison à Oslo. La famille, les amis, les fans on a vraiment hâte de vivre ça".
Johannes Boe avait lui retrouvé le sourire après avoir pensé la semaine dernière que les adieux seraient gâchés par une vilaine crève qui l'a cloué au lit. Le quintuple vainqueur du classement général de la Coupe du monde a même dû rentrer en Norvège avant ses camarades, et laisser de précieux points dans la bataille du gros globe de cristal face à son coéquipier Sturla Laegreid en ne prenant pas le départ de la Mass Start à Pokljuka. "J'ai couru une heure mardi et mercredi j'ai skié une heure et demie", explique le biathlète aux 23 titres mondiaux. "Je n'ai pas pu beaucoup m'entraîner depuis les Mondiaux, ce sera intéressant de voir dans quel état de forme je me trouve. Mon corps est ok, mais ça va dépendre de savoir si je suis assez fort mentalement et physiquement." Le petit frère assure qu'il a "beaucoup d'énergie pour (se) concentrer sur les courses et les choses à côté des courses. Mes capacités pour ce week-end sont vraiment hautes et j'apprécie chaque moment."
Johannes Boe pessimiste pour le gros globe
Mais avec 104 points de retard sur Laegreid au classement général à trois courses de la fin, "c'est un peu trop", avoue Tarjei. "Mais tout peut se passer. On aura je pense la réponse après le sprint (vendredi)." Johannes non plus ne se fait plus trop de film sur ses chances de terminer en soulevant un sixième globe dimanche. "C'est toujours un but", assure-t-il. "Mais il faut être réaliste. Sturla est maintenant le meilleur biathlète du circuit. Ce n'est pas un athlète en qui vous voyez des possibilités qu'il se rate."
Dans un coin de la salle, Siegfried Mazet, l'entraîneur de tir français des Norvégiens, observe discrètement les frangins qui ne se privent pas de le chambrer sur "ses réunions trop longues" qui ne leur "manqueront pas" après leur carrière.
"Pour l'instant on n'est pas dans l'émotion", assure le coach. "Je l'aborde comme une Coupe du monde assez normale où on est la tête dans le guidon parce qu'il n'y a pas qu'eux dans le groupe et Sturla joue aussi sa partition donc il faut que l'on fasse attention à tout le monde de la même façon. Je m'évertue à être le plus neutre possible pour que ni l'un ni l'autre ne ressente que je puisse donner un avantage à l'un ou l'autre."
"Ils font l'unanimité"
Un athlète avec qui il a noué une relation privilégiée et il garde en tête "la reconnaissance et la confiance qu'il a placé en moi". Et un élément l'a marqué. "Johannes, et son frère également, avec leur charisme, leur sympathie ont acquis la sympathie de tout le monde. Ce qui m'impressionne le plus c'est qu'ils font l'unanimité partout où ils passent. Des mecs hyper ouverts, souriants, même s'ils prennent une taule ils ne font pas la gueule et ça a plu aux gens."que. Une fois qu'il a compris il s'y est mis. C'est quelqu'un de très instinctif, qui suit ce qu'il ressent qui se fait confiance et qui se connaît très bien."
Un athlète avec qui il a noué une relation privilégiée et il garde en tête "la reconnaissance et la confiance qu'il a placé en moi". Et un élément l'a marqué. "Johannes, et son frère également, avec leur chrisme, leur sympathie ont acquis la sympathie de tout le monde. Ce qui m'impressionne le plus c'est qu'ils font l'unanimité partout où ils passent. Des mecs hyper ouverts, souriants, même s'ils prennent une taule ils ne font pas la gueule et ça a plu aux gens."
C'est une page du biathlon mondial qui va se refermer ce dimanche à Oslo. Tarjei Boe vainqueur du gros globe de cristal en 2011, juste avant l'ère Martin Fourcade et ses globes refermée en 2019 par le petit frère Johannes qui a décroché son premier classement général. "La famille du biathlon va nous manquer", assurent-ils en cœur. Sous les yeux de la légende Ole Einar Bjoerndalen, assis au deuxième rang de la salle et qui conservera finalement son record de victoire (95 contre 90 pour Johannes Boe).
Et quand on leur demande leur dernière course rêvée sur la Mass Start dimanche. "Notre rêve tous les deux c'est de tirer à 20/20 et d'être seul en tête", se lance Johannes Boe. "Et de passer la ligne d'arrivée en vainqueur. Ce serait la fin parfaite. Si on pouvait se battre aussi pour un podium ce serait bien aussi. Et même une dixième place ou même dernier ça permettrait de savourer encore plus le dernier tour (rire). Je ne sais pas tu en penses quoi toi Tarjei?"
Le frangin de répondre. "Moi j'ai un souvenir quand Raphaël Poirée allait prendre sa retraite, je regardais j'étais un grand fan de biathlon. Et je me rappelle ce sprint incroyable sur la dernière course de Raphaël... Et je pense que Ole Einar a gagné non? (Bjorndalen dans la salle hoche la tête). Et je me disais. Ces gars sont fous quand même! Même sur la dernière course il ne l'a pas laissé gagner (rire)! C'est pareil là ici. Si je devais sprinter contre Johannes, aucun de nous deux laisserait gagner l'autre. J'imagine que c'est la photo que vous voulez tous (rire). Ça ne nous est jamais arrivé hein d'arriver au sprint tous les deux! Ce serait bien une fois pour la dernière!"
Un week-end qui s'annonce riche en émotions pour les frangins qui ne sont décidément pas épargnés par leur santé dans la dernière ligne droite de leur carrière. Dans la soirée de mercredi, Tarjei Boe a posté sur ses réseaux sociaux une photo de lui dans son lit. Il y indique être fiévreux et forfait pour le sprint vendredi, et donc la poursuite samedi. Espérant être remis sur pieds dimanche pour la Mass Start. Martin Fourcade, le grand rival, n'aurait raté ces adieux pour rien au monde et fera le déplacement directement de Grèce où il assistait au congrès du CIO. Une grande cérémonie d'adieux est prévue à l'issue de la dernière course. Le programme a même été inversé dimanche pour placer la course masculine en dernier et que le public d'Holmenkollen puisse dire "Boerevoir" a ses frères en or.