Biathlon, Marie Dorin-Habert : "Moi, la pression, ça me fait peur"

Marie Dorin-Habert - AFP
Marie Dorin-Habert, vous avez dit que jouer le globe, ce n’était pas franchement votre choix. C’est quelque chose qu’on vous impose ?
Oui, c’est pour que vous arrêtiez de me saouler avec ça. Parce que l’année dernière, ça m’a saoulé. C’est vrai que cette année, oui, je vais essayer de jouer devant toute la saison. Comme tout le monde ici, quoi. Après, non, je n’ai pas envie de compter les points après chaque course. C’est plus ça. Et puis, on verra bien. Je suis déjà contente, j’ai gagné mon premier dossard rouge. C’est juste le début. C’est un dossard que je n’avais jamais porté. C’est cool. Je vais le porter la semaine prochaine. Je vais le garder précieusement. J’aurai eu un jaune et un rouge. Après, pour avoir un jaune et rouge, il aurait fallu gagner la première. Et encore le conserver après. C’est très compliqué jaune et rouge. Mais ça, c’est déjà cool. C’est un petit objectif. Mais après, bien sûr qu’un globe, c’est l’aboutissement d’une carrière. On a été le meilleur de la discipline sur toute l’année. Ça dépend de tellement de choses…
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Comment pouvez-vous le décrocher, ce globe ?
Il faut vraiment être fort dans la tête. Je pense que ce sont beaucoup de choses qui sont difficiles à gérer. Moi, je me bats avec plein de trucs. Je n’arrive pas à fonctionner de la même manière que Martin. J’essaye. J’ai eu beau discuter avec lui, je ne fonctionne pas de la même manière. Moi, la pression, ça me fait peur. C’est quelque chose que je n’arrive pas à gérer. Et même la place de leader au sein du groupe de l’équipe de France féminine, c’est quelque chose que j’ai du mal à m’approprier, que j’ai du mal à accepter. Donc voilà, c’est pour ça que je n’ai pas encore envie de devoir à chaque fois y repenser. Et je compte sur vous pour m’aider à faire passer la saison, de belle manière. Que je reste sereine, avec la haine du cheyenne comme on dit.
C’est quoi, la haine du cheyenne ?
Je ne sais pas, c’est partir. Ça me saoule, quoi. On part. Ça tient, ça ne tient pas, mais on est vite parti.
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La pression n’est plus trop là, finalement, avec cette victoire ?
Ah si, parce que quand je suis arrivée au tir debout… Un tir debout sans peur, ça aurait été un tir enchaîné, comme Martin a pu le faire sur l’individuelle au dernier tir. J’ai été très loin de ce tir-là. Non, la peur est là. Après, c’est essayé de se battre sans cesse contre ses démons… En fait, quelque chose qu’on oublie, c’est que les résultats viennent toujours après un combat. Et parfois, c’est dur de tout le temps retourner au combat. Et de se battre en ski, tout le temps. C’est ça qui est fatigant, je pense.
Ces moments-là, vous devez toujours les combattre ?
Je les aurai toujours parce que maintenant, j’ai 30 ans, je suis en fin de carrière. Des fois, ils s’en vont, par exemple à Oslo (six médailles, dont trois en or aux Mondiaux, ndlr). Ça déroulait tout seul. Mais c’est en fin de saison, c’est quand je commence à être rodée sur le rythme de course. Je n’ai plus besoin de me refaire la peau. Et puis après, le tir se fait petit à petit dans la saison. Les choses se mettent en place, le classement se met en place. Le début de saison, c’est toujours hyper nerveux. On ne sait pas où on en est. On a envie de bien faire. Les gens nous attendent beaucoup. En début de saison, ils nous attendent toujours. Mais bon là, c’est bien, cela fait déjà une que je mets et que je range dans ma poche. Ça va me faire du bien pour la suite.