Mondiaux de biathlon: avec un 21e sacre, le "Goat" Boe dépasse le "roi" Bjorndalen

Avec sa 21e médaille d'or en championnat du monde, Johannes Boe vient sûrement de démontrer qu'il est le roi du biathlon. Même si pour le principal intéressé, son aîné Ole Einar Bjorndalen restera le seul et l'unique "roi". Pourtant, avec son nouveau titre sur le sprint des Mondiaux de Lenzerheide, le cadet des frères Boe est entré dans l'histoire de la discipline en devant le biathlète le plus titré dans des championnats du monde, juste devant son compatriote. Image symbolique: les deux hommes se sont donné une chaleureuse poignée de mains, sourire jusqu'aux lèvres, comme un passage de témoin.
"Il a toujours été un modèle pour tous ceux qui regardent le biathlon. Quand il voit quelqu'un battre son record, il le prend avec le sourire en disant que c'est bon pour le sport. Il a toujours encouragé le prochain à le battre. J'ai toujours senti le soutien du roi lui-même", a expliqué Johannes Boe après la course.
"Il peut gagner chaque course"
"Heureux" pour son héritier, Ole Einar Bjorndalen a rendu un long hommage à celui qui a décidé d'arrêter sa carrière à la fin de la saison, à 31 ans. "C'est un grand athlète, c'est une légende et je pense qu'il va falloir du temps pour qu'on voit d'autres athlètes comme lui. Il y aura bien sûr des super athlètes, mais gagner autant en si peu de temps, c'est formidable. Il avait maintenant sept chances de battre mon record. Il a saisi dès sa deuxième chance. Il remportera d'autres médailles d'or, c'est garanti, parce qu'il est dans le rythme maintenant. Il est en bonne forme. Il est mentalement équilibré. C'est bien de voir qu'il a battu mon record alors que je pouvais être sur le stade".
Parmi les 21 breloques en or, dix viennent des relais (trois en masculin, quatre en mixte et trois en mixte simple), et onze ont été acquises sur les courses individuelles, ce qui fait de Johannes Boe l'égal d'Ole Einar Bjorndalen et Martin Fourcade. Un chiffre que l'ogre norvégien peut battre dès dimanche, à l'occasion de la poursuite, puisqu'il possède un bon matelas d'avance sur ses "chasseurs" (Campbell Wright à 28 secondes et Quentin Fillon Maillet à 37 secondes). "Il y a beaucoup d'athlètes qui sont forts en ce moment, mais quand il est en bonne forme, il peut gagner chaque course. C'est un athlète très intelligent, il a de bons skis, un bon tir, donc nous verrons. Nous attendons avec impatience la prochaine course", poursuit "OEB".
Une ultime tournée d'adieux
Pour ses dernières semaines sur le circuit, Johannes Boe peut encore aller chercher des médailles et des records. S'il peut viser encore cinq titres sur les Mondiaux (poursuite, individuel, relais mixte simple, relais hommes, mass start, il a dans le viseur le record absolu de 95 victoires individuelles (JO et Mondiaux inclus) d'Ole Einar Bjorndalen. À six longueurs, "ce n'est plus si loin, si je les gagne toutes il y a peut-être une chance", sourit Johannes Boe, prêt à dégainer en mode mitraillette comme il sait si bien le faire, avant de s'offrir un dernier tour de piste chez lui, sur la colline d'Holmenkollen, avec son frère Tarjei, qui va également ranger la carabine à la fin de l'hiver.
"Il a lutté pendant de nombreuses années pour se préparer pendant l'été. Il avait besoin de dépenser beaucoup d'énergie pour commencer à s'entraîner. Il aime la compétition. Il a un énorme talent. Il aime ça, mais pour la préparation avant les Jeux, il avait besoin de s'entraîner en altitude, de faire de longs camps d'entraînement. Il a deux beaux enfants, une femme à la maison et il offrait beaucoup. Il a donc estimé que c'était suffisant. Il a donc pris cette décision. Quand il l'a prise, c'était très bien qu'il puisse le faire pendant la saison pour que nous puissions lui dire au revoir à la fin de l'année. Ce sera très étrange de ne pas les voir l'année prochaine", affirme Bjorndalen, convaincu que "la Coupe du monde d'Oslo sera folle". Histoire de fermer l'une des plus belles pages que le biathlon ait connu.