"Plus les athlètes l’auront, mieux ce sera", la grave blessure de Sarrazin relance le débat sur l’importance des airbags en ski

C’est la grande nouveauté cette saison en ski alpin. Les airbags étaient jusque-là facultatifs sur les épreuves de vitesse, ils sont aujourd’hui devenus obligatoires, ou presque. "L’adoption des airbags fait partie d’une approche plus large qui implique tous les facteurs susceptibles de minimiser le risque de blessure grave", annonçait Michel Vion, vice-président de la Fédération internationale de ski (FIS), avant le début de cette nouvelle saison. "Nous adopterons toute mesure dont il est prouvé qu’elle contribue à protéger la santé et le bien-être des athlètes", a-t-il ajouté. Au sein de l’équipe de France de vitesse, l’airbag a été adopté par l’ensemble des skieurs. "Je le porte depuis 2017. C’est la première année où il a été à notre disposition. Pour moi, c’est un automatisme quand je vais faire de la vitesse. Je n’ai aucune gêne à le porter. Si ça peut m’aider sur certaines chutes, alors je le prends volontiers", confiait Nils Allègre, à l’issue du Super G de Bormio où il a terminé huitième.
Nils, comme les autres, a vécu une semaine compliquée marquée par la terrible chute de Cyprien Sarrazin lors d’un entraînement de descente. Opéré d’un hématome intracrânien, le Français est dans un état stable mais reste en observation à l’hôpital. Le jour de sa chute, au moment de l’impact, son airbag s’est d’ailleurs déclenché. Ce qui a pu limiter les dégâts… Dans le groupe France, Florian Loriot, neuvième du Super G de Bormio et auteur de son meilleur résultat en Coupe du Monde, porte un airbag depuis deux saisons. "Quand ils l’ont mis en place, je me suis demandé à quoi ça pouvait bien me servir. Finalement, depuis que je l’utilise, je n’arrive plus à m’en passer. Déjà, parce que psychologiquement ça aide à se libérer à 100%. On l’a vu sur certaines chutes, ça a permis d’amoindrir l’impact et le choc. Après, ça n’enlève pas tout. Mais ça amoindri les effets des blessures. Pour moi, tous les athlètes devraient l’avoir. C’est une bonne sécurité."
Une trentaine de dérogations pour ne pas porter d’airbags
Pourtant, même s’il a été rendu obligatoire par la Fédération internationale de ski, certains athlètes ont obtenu une dérogation pour ne pas le porter. Ils seraient une trentaine à être concernés. "L’airbag a été conçu pour les pilotes de moto, qui mesurent en moyenne 1,70 m pour 60kgs. Ce n’est pas comparable à la morphologie d’un Vincent Kriechmayr ou d’une Lara Gut-Behrami", avançait Roland Assinger, entraîneur de l’équipe masculine autrichienne. L’argument principal serait que l’airbag gêne dans certaines positions, notamment de recherche de vitesse. "Forcément, il faut s’y habituer au début. Cela étant, il n’y a pas vraiment de gène plus que ça. Il faut l’accepter. Je ne trouve pas normal que des athlètes aillent contre ça. La FIS met en place des choses pour notre sécurité et quand il y en a qui vont à l’encontre, ce n’est pas bien. Plus les athlètes l’auront, mieux ce sera", ajoute Florian Loriot.
Un avis partagé par son coéquipier Nils Allègre: "Ce n’est pas un combat que j’ai envie de mener. Parce que moi, je le mets. Les autres sont responsables de leurs actes. S’ils ne veulent pas le mettre, c’est qu’ils ont peut-être des bonnes raisons mais que je ne comprends pas. Du moment que je l’ai, les autres peuvent faire ce qu’ils veulent." La grave blessure de Cyprien Sarrazin risque de relancer ce débat. Poussera-t-elle la FIS à rendre obligatoire, pour tout le monde sans exception, le port de l’airbag en descente et Super G? Surtout dans un sport dangereux où les vitesses dépassent parfois les 140-150 km/h.