Boxe: Benavidez-Plant, un choc explosif avec Canelo dans le viseur (et Mbilli intéressé)

Ils ne s’aiment pas. Quand on a vu leurs échanges devant les médias, on peut même dire qu’ils se détestent. Et ils vont régler ça en douze rounds. Après la victoire de Christian Mbilli sur Carlos Gongora, la catégorie des super-moyens s’offre un choc XXL ce week-end à Las Vegas. Champion WBC par intérim, ceinture remportée en mai dernier, l’Américain David Benavidez remet son titre en jeu face à son compatriote Caleb Plant.
>> Suivez le choc Benavidez-Plant avec le Pass Combat RMC Sport
Un choc à ne pas manquer si vous aimez le spectacle pugilistique. D’un côté, un Benavidez en mode rouleau compresseur, l’un des boxeurs les plus agressifs du circuit avec un gros panel de coups, capable d’éteindre n’importe qui n’importe quand (26-0, 23 KO; 26 ans), et très bon défenseur. De l’autre, un Plant excellent technicien et superbe contre-attaquant, avec de bons déplacements et une véritable science du noble art (22-1, 13 KO; 30 ans).
"Plant est assez fin, très technique et très intelligent dans le ring, complète John Dovi, ancien manager de l’équipe de France olympique et consultant RMC Sport. Benavidez est capable de mettre des séries à une vitesse incroyable et son agressivité peut lui permettre souvent de sortir de bien des tracas. Cette opposition de styles, c’est ce qui rend ce combat très excitant. Les stratégies mises en place par les coaches seront déterminantes." Les deux ne cachent pas leur envie d’arracher la tête de l’autre. "Je ne l’aime pas du tout, confirme Benavidez, qui a annoncé un KO en moins de six rounds. Mais je le remercie d’avoir fait sortir l’animal qui est en moi. Je suis plus motivé que jamais."
"Ils ne peuvent pas se piffrer, sourit Dovi. On l’a vu dans les conférences de presse, qui ont été très animées. On s’attend à un combat très explosif. Il y a du physique, de la technique. Ce sera une partie d’échecs. Plant est très fin dans sa déstabilisation de l’adversaire. C’est comparable à son style de boxe, technique, posé, virevoltant, avec une vraie intelligence de combat. Ce n’est pas le plus beau frappeur mais il est capable de placer des frappes très précises. Face à lui, au-delà de l’agressivité, je trouve presque Benavidez méchant. C’est une teigne, on le voit dans son expression du visage. Il paraît avoir des comptes à régler sur le ring."
Au-delà de régler des comptes, un gros enjeu entoure leur combat. Le vainqueur sera désigné challenger obligatoire pour la WBC, avec la garantie de pouvoir défier tôt ou tard le champion. Qui n’est aujourd’hui pas n’importe qui en la personne de Saul "Canelo" Alvarez, une des plus grandes stars de la boxe mondiale. Champion unifié et incontesté des super-moyens, avec en sa possession les ceintures des quatre principales fédérations, le Mexicain remettra ses titres en jeu début mai face au Britannique John Ryder, son challenger obligatoire pour la WBO (dont il est le champion intérimaire). S’il l’emporte, et il sera grand favori, la route sera ouverte vers un choc contre le vainqueur de Benavidez-Plant.
Beaucoup rêvent depuis longtemps d’un combat entre Canelo et le premier, souvent vu comme le seul capable de vraiment l’inquiéter dans cette catégorie. Le Mexicain a souvent répété que l’ancien champion WBC – la ceinture lui a été retirée deux fois dans le passé, pour un contrôle positif à la cocaïne puis pour une pesée ratée – ne méritait pas encore de partager avec lui, ce qui pousse beaucoup de fans à penser qu’il l’évite. Mais Canelo ne pourra plus discuter sa légitimité en cas de victoire sur Plant, ancien champion IBF de la catégorie, et de statut de challenger obligatoire.
Il pourrait toutefois retarder l’échéance car il a déjà évoqué sa volonté de retourner chez les mi-lourds pour tenter de prendre sa revanche sur Dmitry Bivol, qui l’avait battu pour la ceinture WBA en mai dernier. Pour Plant, dont la vie n’a pas été rose entre la perte de sa mère abattue par des policiers et la mort de sa fille d’une maladie grave, l’équation est encore différente. "Sweethands" (son surnom) a déjà affronté Canelo pour toutes les ceintures de la catégorie, en novembre 2011. S’il s’était bien défendu, l’Américain avait fini par se faire mettre TKO dans la onzième reprise. Mais une revanche pourrait changer la donne.
"Depuis, Canelo a encore vieilli, pointe Dovi. Rencontrer aujourd’hui un Plant dans la force de l’âge, en pleine ascension, ça pourrait donner des choses différentes." Numéro 1 et 2 du classement du célèbre magazine The Ring derrière le champion Canelo, Benavidez et Plant sont ce qui se fait de mieux dans la catégorie après le Mexicain. Leur duel aura des répercussions jusque sur la boxe française : Christian Mbilli, qui se trouve juste derrière eux au classement WBC, pourrait affronter le perdant voire le vainqueur – selon ce que fera Canelo en septembre – dans les mois à venir pour se rapprocher un peu plus de son rêve de titre mondial.
"Avec son intelligence et sa mobilité, Plant poserait des problèmes à Christian, estime Dovi. Mais Christian, avec son style rouleau compresseur, serait capable de casser la distance et de le coincer. Benavidez est plus dans son registre, offensif, toujours sur l’homme, avec cette vitesse de bras, et pourrait aussi lui poser des problèmes. Mais en même temps, Christian pourrait l’étouffer dans ce rythme-là car il est plus jeune et a sans doute plus d’envie." Du spectacle, une opposition de styles, de la tension, de gros enjeux. Si vous aimez la boxe, Benavidez-Plant est un rendez-vous à ne pas manquer.