Boxe: Tyson Fury, le porte-drapeau surprise de l'Angleterre

Au fond du trou il y a quelques mois, Tyson Fury s’est rappelé au monde de la boxe en décembre dernier, en poussant Deontay Wilder à un nul surprise. Et alors qu’Anthony Joshua a été mis KO il y a deux semaines, voilà le "Gypsy King" dernier poids lourds anglais invaincu, avant son combat contre Tom Schwarz dans la nuit de samedi à dimanche (vers 4h, sur RMC Sport 1) à Las Vegas. Ce qu’il n’hésite pas à rappeler.

C’était il y a à peine plus d’un an. Tout juste sorti d’une profonde dépression, et d’une longue période d’abus en tous genres, Tyson Fury, déchu de ses ceintures WBA, WBO et IBF des lourds sans même combattre, était donné perdu pour la boxe. D’autant que son pays, l’Angleterre, n’avait d’yeux que pour le petit prince, la star montante, le nouveau champion Anthony Joshua, fort de ses succès contre Wladimir Klitschko, Carlos Takam ou Joseph Parker.

C’était il y a un an. Et c’était il y a une éternité. Car depuis, le paysage de la boxe mondiale, et donc britannique, a bien évolué. Et les rôles se sont inversés. Après deux combats de remise en route remportés contre Sefer Seferi et Francesco Pianeta, Fury a signé le 1er décembre l’énorme coup de l’année 2018. Alors que tout le monde - et même ses proches - l’annonçait battu à plate couture contre la machine Deontay Wilder, Fury avait poussé le "Bronze Bomber" à un étonnant match nul à Los Angeles. Un combat où le "Gypsy King" (27 victoires, 1 nul, 0 défaite) avait preuve d’une détermination monstre, et avait surtout rappelé qu’il est un superbe boxeur, malgré une allure atypique.

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Tyson Fury à l'affiche sur RMC Sport © -

Fury impressionne, Joshua déçoit

Redevenu bankable en l’espace de 12 rounds, Fury a assisté à la deuxième secousse en tant que spectateur. Elle s’est produite le 1er juin dernier, au Madison Square Garden de New York. Jamais rentré dans son combat, Anthony Joshua était envoyé au tapis par le modeste Andy Ruiz, perdant ainsi ses titres, et permettant indirectement à Fury… de demeurer le seul poids lourds britannique de renom toujours invaincu.

C’est donc avec cette étiquette officieuse de numéro 1 anglais que le "Furious One", 30 ans, va retrouver les rings dans la nuit de samedi à dimanche (vers 4h, sur RMC Sport 1), pour un combat contre l’Allemand Tom Schwarz (24 victoires, 0 défaite) à Las Vegas. Un scénario inimaginable il y a peu, et dont l’intéressé se réjouit.

Toute la semaine, Fury, en bon showman, a enchaîné les attaques à l'encontre d'AJ. "Quand un homme (Joshua) ne veut pas être sur le ring une fois, c’est dur d'y revenir, a-t-il déclaré à la presse. Ce fut le cas cette fois et je ne pense pas qu’il en reviendra. C’est fini pour lui." Et de poursuivre son tacle: "Dire que tout le monde voyait cet homme me battre. Mais dans quel monde allait-il me battre? C’est le champion de l'entraînement…" 

La nouvelle coqueluche chez les lourds

Au-delà des classiques provocations, le Gypsy King voit se présenter une opportunité en or: celle de devenir la plus grosse star du moment chez les lourds, la nouvelle coqueluche. Avec sa défaite retentissante pour sa première sur le sol américain, Joshua, même s’il remporte son combat revanche, mettra du temps à redorer son blason. Quant à Wilder, sa communication hyper agressive et son caractère ont tendance à effrayer médias et investisseurs. Fury, en plus d’avoir du feu dans les mains, est lui un excellent client. Un peu fou, certes, mais capable de fulgurances devant les micros. Un parfait ambianceur. Qui s’est en plus fait, à la faveur de son combat contre Wilder, un petit nom aux Etats-Unis.

Désormais poussé par toute l’Angleterre, il devra surfer sur cette vague avec application, et ne pas offrir à la boxe mondiale une nouvelle surprise contre Schwarz, méconnu mais invaincu. Le gitan n’a toutefois pas l’air de s’en faire. "On est ici pour se battre, Tom s’est beaucoup entraîné, je me suis beaucoup entraîné, et je suis vraiment impatient d’être samedi pour pouvoir lui botter les fesses", a lâché un Fury hilare. S’il fait le job, il pourra continuer à fanfaronner jusqu’à un deuxième combat tant attendu contre Wilder. A savourer sa revanche. Et profiter de la lumière, encore.

Clément Chaillou