Boxe: un contrôle positif prive la boxe britannique du choc des héritiers… qui veulent le maintenir

L’affiche faisait peu parler de notre côté de la Manche mais était très attendue par la boxe britannique. Chris Eubank Jr et Conor Benn, fils de deux vieilles gloire locales de la boxe qui s’étaient affrontées pour des titres mondiaux en 1990 et 1993, devaient s’affronter ce samedi soir à Londres dans un choc surnommé "Nés rivaux". Il faut pour l’instant utiliser le passé pour le dire: ce combat vient d’être "interdit" par le British Boxing Board of Control (BBBofC), l’équivalent de la Fédération locale de la discipline, car "il ne sert pas les intérêts de la boxe".
La raison? Benn a été contrôlé positif au clomifène, substance d’habitude utilisée pour traiter l’infertilité féminine mais qui peut faire augmenter la testostérone chez les hommes et qui se trouve sur la liste des produits interdits par l’Agence mondiale antidopage, en août dernier via l’organisation VADA (Voluntary Anti-Doping Association, organisme très impliqué dans la lutte antidopage dans le noble art). Rien d’illogique jusque-là. Mais le déroulé de l’affaire prend un tour atypique.
Selon le BBBofC, les deux camps ont été informés de la chose ce mercredi matin, quelques heures avant un article du Daily Mail qui révélait le contrôle positif au public. Le média britannique précisait alors que Chris Eubank Jr, ancien champion WBA intérimaire des moyens, souhaitait tout de même affronter son adversaire prévu malgré la situation. Un communiqué de Matchroom Boxing, promoteur de Conor Benn, enfonçait le clou: "Les deux combattants ont reçu des conseils médicaux et légaux, ils sont au courant de toutes les informations à savoir et ils ont décidé de maintenir le combat pour ce samedi".
Le communiqué en profitait pour minimiser la situation: "Un contrôle inopiné est revenu avec un résultat anormal pour des traces d’un produit pour la fertilité. L’échantillon B n’a pas encore été testé, aucune infraction aux règles n’a donc encore été confirmée. Mr Benn n’a été chargé pour la moindre infraction aux règles, il n’est pas suspendu et il reste libre de combattre." Et de préciser que le boxeur en question avait depuis été négatif à tous les tests diligentés par l’UKAD, l’agence britannique antidopage chargée de la chose par le BBBofC.
Kalle Sauerland, promoteur de Chris Eubank Jr, en rajoutait ensuite une couche dans une interview à talkSPORT: "Ce n’est pas un produit dopant mais ça peut faire grimper les taux de testostérone. Mais les experts que nous avons consultés ne pensent pas que cela puisse donner un avantage. Sur cette base, on a discuté avec la personne la plus importante dans l’histoire, l’athlète, et il était heureux de continuer et de combattre. Les deux se sont parlés directement. (…) Il y a eu une autre erreur de l’autre camp mais est-ce que ça a vraiment été fait pour se doper? Non. C’est l’opinion des spécialistes. Le combat aura bien lieu samedi."
Le BBBofC ne l’entend pas de cette oreille et semble en faire une question de principe et d'image pour la discipline. Mais Eddie Hearn, patron de Matchroom Boxing, ne lâchera pas l’affaire. "Il y a des échanges avec nos avocats, a-t-il lancé sur le compte Twitter de sa société. Il n’y a actuellement aucune raison légale que ce combat n’ait pas lieu. Conor Benn n’est pas suspendu et ne le sera pas donc ce combat va avoir lieu." Selon Mike Coppinger, journaliste pour ESPN, Hearn tenterait d'obtenir "une injonction judiciaire" pour permettre au combat d'avoir lieu. La boxe britannique va suivre la suite du feuilleton avec attention.