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Un rêve de gosse et des opportunités à saisir: pourquoi Salahdine Parnasse, prodige du MMA, a décidé de se lancer en boxe anglaise

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Immense talent du MMA français, et double champion du KSW, la principale organisation européenne, Salahdine Parnasse va disputer ce samedi 4 octobre à Paris (à partir de 20h30 sur RMC Sport 1) son premier combat de boxe anglaise contre Franck Petitjean. Un rêve d'enfant, comme il l'a toujours expliqué, et une expérience qui s'inscrit dans une dynamique globale de rapprochement entre les deux disciplines.

Il en parlait déjà il y a deux ans, il y a trois ans, il y a quatre ans, et l'expression la plus souvent sortie de sa bouche est restée la même: "C'est un rêve." Un rêve qu'il s'apprête aujourd'hui à réaliser. Prodige du MMA français, double champion du KSW (la principale organisation européenne) en -66kg et -70kg, Salahdine Parnasse va laisser ce samedi soir les mitaines de côté et enfiler les gros gants. Pour la première fois, sur le ring de l'Adidas Arena de Paris, le combattant tricolore de 27 ans va se produire en boxe anglaise, le temps de six rounds ou moins.

Face à lui: Franck Petitjean, ancien champion de France et d'Europe des super-légers (-63kg). Un adversaire certes plus vieux (37 ans), plus petit et sorti d'une récente retraite, mais un vrai boxeur, un pur produit du noble art. Un bon test pour Parnasse, qui dit n'avoir "aucune idée" de son propre niveau.

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"Salah, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il tourne en boxe anglaise, ça fait un paquet d’années"

Sur ce point précis, on n'est pas obligé de le croire. Car Parnasse et la boxe anglaise, c'est un peu plus qu'une amourette ou une envie passagère. "J’ai toujours été admiratif de la boxe anglaise, j’ai toujours kiffé le noble art, en m’inspirant des grands combattants", indique-t-il. "Quand je me motive pour aller à l’entraînement de MMA, j’ai toujours regardé des vidéos de boxeurs, c’est toujours ceux qui m’ont inspiré le plus. Il y a Canelo (Alvarez), Mike Tyson, Mohamed Ali, Floyd Mayweather, Manny Pacquiao. Et même des boxeurs de ma génération comme Davin Haney, Gervonta Davis, Shakur Stevenson… Ils m’ont tous beaucoup inspiré." Et pour un obsessionnel de la salle comme Parnasse, cet amour de la boxe a forcément pris une dimension concrète.

"J’ai beaucoup pratiqué", reconnaît-il. "J’ai toujours fait des sparrings en boxe anglaise dans mes préparations en MMA. Je voulais développer mon côté striking, ajouter un plus à ma panoplie, être plus stable sur mes appuis."

Et cela l'a déjà poussé à défier, loin des caméras et du public, dans l'intimité d'un ring tâché de sueur, de vrais noms. "Salah, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il tourne en boxe anglaise, ça fait un paquet d’années", témoigne son mentor Stéphane "Atch" Chaufourier, qui l'entraîne et gère sa carrière depuis toujours, et qui organise lui-même le gala à l'Adidas Arena sous la bannière de son organisation "100% Fight". "Il est passionné de cette discipline-là depuis plus de dix ans", poursuit-il. "Et il se donne à fond, que ce soit en MMA ou en boxe anglaise, sur les sparrings. On l’appelle, même. On a Issa Samake, le papa de Bakary Samake, qui nous contacte pour des sparrings. On a fait dernièrement une sortie avec David Papot, qui était sur un 30-0 (avant sa première défaite mi-septembre contre l'Australien Liam Paro, NDLR) et qui est classé mondialement. Une belle référence. On a eu Bilel Jkitou, on a tourné aussi avec Bakari Diallo, le petit prospect qui envoie fort. Tout ça pour vous dire que Salah a un beau potentiel en boxe anglaise, et que ça va être un beau fight."

Pour lequel Parnasse sera prêt, comme toujours. "Quand il tient tête à des grands noms de la boxe anglaise, vous vous doutez bien que je ne l’envoie pas au feu comme ça", prévient Atch. "C’est un acharné de travail, tous ses exercices sont millimétrés, il sait ce qu’il doit faire et comment il doit faire."

"Si ça continue à monter, il y aura des gros combats, des gros cachets"

Cette transition vers la boxe anglaise, ou plutôt cette parenthèse, puisque Parnasse n'a aucune intention d'abandonner le MMA, est d'ailleurs le fruit d'une réflexion entamée il y a des années. "Ça fait longtemps que c’est dans sa tête, sauf que jusque-là on n’a jamais eu l’opportunité puisque quand on est en contrat avec une organisation étrangère (de MMA), on ne peut pas se permettre de combattre en boxe anglaise, ce n’est pas possible", souffle Stéphane Chaufourier. Mais quand on s'appelle Salahdine Parnasse, qu'on est la tête d'affiche internationale du KSW et la poule aux œufs d'or de l'organisation, cela procure quelques passe-droits.

"Dans la dernière négociation avec le KSW, j’ai fait inclure deux combats de boxe anglaise, négociés pour le 100% Fight sur deux ans: un en 2025 et un en 2026. C’est pour ça qu'il fallait trouver une date en 2025 pour lancer Salah, et faire en sorte de réaliser son rêve."

D'autant que la période est propice à ce genre d'expérience. Depuis une dizaine d'années, et surtout depuis le "money fight" entre Conor McGregor et Floyd Mayweather en 2017, la frontière entre boxe et MMA a tendance à devenir de plus en plus ténue. Des passerelles se créent, des combattants de MMA franchissent le cap comme Francis Ngannou, Tony Ferguson ou Nate Diaz, d'autres se disent intéressés, à l'image de la nouvelle star de l'UFC Ilia Topuria. Le succès sportif, disons-le, n'est pas souvent au rendez-vous. Mais tout ne se joue pas entre les cordes...

"C’est sûr que c’est risqué, mais j’aime ce risque-là, j’ai envie de me tester en boxe anglaise et de me projeter dans le futur", confie Salahdine Parnasse, un athlète très au fait de l'écosystème des sports de combat, qui a toujours assumé vouloir mettre le plus de côté avant de raccrocher. "Vu comme la boxe anglaise et le MMA se développent, sur le long terme ça va se réunir, c’est sûr. On peut voir ce que l’UFC a fait pour le combat Canelo-Crawford, et même Dana White qui monte une fédération de boxe anglaise, ça me permet de me préparer à ça. J’aurai peut-être des opportunités à saisir en boxe anglaise, même au KSW, donc pourquoi pas faire les deux. C’est une bonne chose pour moi, c’est un plus. Si ça continue à monter, il y aura des gros combats, des gros cachets."

Mais avant les millions de l'étranger, il y a le public français - en froid avec la boxe anglaise depuis des décennies - à convaincre. Et il y a Franck Petitjean, qui a lui accepté le combat contre Parnasse pour quelques dizaines de milliers d'euros. "C’est son rêve de gosse, mais moi je suis là pour être un cauchemar", assure-t-il, avec la ferme intention de ne pas servir de sac de frappe. "Et si jamais il me bat, ce n’est pas la boxe anglaise qu’il battra, c’est Franck Petitjean."

https://twitter.com/clementchaillou Clément Chaillou Journaliste RMC Sport