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UFC 283: pourquoi le Brésil est un pays fou de MMA

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Pour la première fois depuis mars 2020, l’UFC fait son retour au Brésil ce week-end pour l’UFC 283 à Rio de Janeiro (en direct à partir de minuit samedi soir sur RMC Sport 2). Deuxième pays au nombre d’événements dans l’histoire de la grande organisation, le Brésil est une véritable terre de MMA, où cette discipline fait partie des plus populaires dans le monde sportif. Explications.

Début août 2015. Les travées de la HSBC Arena de Rio de Janeiro sont combles pour assister à l’UFC 190 avec en affiche principale la reine Ronda Rousey qui remet son titre des coqs en jeu contre la locale Bethe Correia. Un choc qui durera à peine trente secondes pour se conclure sur un KO ébouriffant de l’Américaine alors au top de sa gloire dans ce qui restera sa dernière victoire en carrière en MMA. Le même soir, l’ancien Ballon d’Or Ronaldinho fait ses débuts sous le maillot de Fluminense dans un match face au Gremio, le club de son enfance, au Maracana. Et le lendemain, dans la presse locale, la Une de la section sports est consacrée à… Rousey!

Dans un pays connu pour être celui du football, l’anecdote peut étonner. Mais pas quand on connaît la forte relation entre le MMA et le Brésil. "Ce sport est devenu plus grand que n’importe quel autre à part le foot dans notre pays", témoigne à l’époque Guilherme Cruz, journalise pour le site MMA Fighting. Une question d’histoire et de passion. Qui va de nouveau exploser à la face du monde ce week-end. Après près de trois ans d’absence, le dernier événement sur place remontant au 14 mars 2020, le dernier avant que la pandémie de Covid ne perturbe les plans de l’organisation, l’UFC fait son retour au Brésil à l’occasion de l’UFC 283, organisé à Rio.

Une carte qui fera la part belle aux combattants locaux avec au moins un Brésilien dans chaque combat et deux d’entre eux qui vont se battre pour une ceinture: le champion des mouches Deiveson Figueiredo remet son titre en jeu contre le Mexicain Brandon Moreno pour la première tétralogie (quatre combats) de l’histoire de l’UFC et l’ancien champion des mi-lourds Glover Teixeira tentera de redevenir le roi de sa catégorie en affrontant dans le main event – combat principal – l’Américain Jamahal Hill pour le titre vacant. L’occasion de revenir sur la longue histoire d’amour entre cette nation et le MMA.

L’influence de la famille Gracie

C’est simple. Sans le Brésil, le MMA tel qu’on le connaît aujourd’hui n’aurait pas existé. Il y a d’abord l’influence de la famille Gracie, avec le patriarche Helio qui a développé le jiu-jitsu brésilien, inspiré par les leçons du judoka japonais Mitsuyo Maeda. A l’époque, certains combats annoncent la révolution à venir, comme celui entre Helio et le judoja Masahiko Kimura (qui donnera son nom à la technique de soumission aujourd’hui célèbre) en octobre 1951 à Rio. Pour montrer la supériorité de leur jiu-jitsu, les Gracie défient régulièrement des spécialistes d’autres arts martiaux dans leur "Gracie Challenge", des combats de Vale Tudo (littéralement: tout est permis), l’ancêtre du MMA moderne. De quoi souligner un côté historique et culturel à l'amour du Brésil pour cette discipline.

Les Gracie vont ensuite exporter le tout aux Etats-Unis. Où Art Davie, l’homme à l’origine de l’idée, s’associe à Rorion Gracie (un des fils d’Helio) pour créer l’UFC en 1993 après avoir été le rencontrer dans son académie de Torrance en Californie. Les débuts de la future organisation mastodonte du MMA dessinent encore l’influence brésilienne. Le vainqueur de trois des quatre premiers tournois UFC, dont la version inaugurale? Royce Gracie, autre fils d’Helio, qui fait briller le jiu-jitsu brésilien après avoir été choisi par Rorion pour représenter la famille en lieu et place d’un autre frère, Rickson, car moins imposant physiquement, ce qui permettait de marquer encore plus les esprits. La suite de l’histoire de l’UFC continuera à se conjuguer au brésilien.

Des combattants devenus icônes

Si l’organisation monte d’abord un événement au Japon avant de venir au Brésil (décembre 1997 contre octobre 1998), une première locale organisée à Sao Paulo, aucun pays hors Etats-Unis n’a été plus visité par l’UFC dans son histoire : l’UFC 283 sera la trente-huitième carte dans ce pays, sept de plus que le Canada, troisième de ce classement. Idem chez les champions. Avec plus de vingt représentants qui ont pris une ceinture – intérimaire ou incontestée – et cinq tournois remportés, seuls les Américains ont fait mieux (soixante-quinze champions et seize victoires dans des tournois).

On ne vous fera pas la liste exhaustive de tous les Brésiliens couronnés mais elle comprend certains grands noms de l’histoire de la discipline avec Anderson Silva, José Aldo, Cris Cyborg, Amanda Nunes, Mauricio Rua, Lyoto Machida, Vitor Belfort, Charles Oliveira, Renan Barao, etc. Certains sont même devenus des énormes icônes au pays. On pense bien sûr à Anderson Silva, ancien champion des moyens qui détient toujours le plus long règne de l’histoire toutes catégories confondues (2457 jours) et le record de victoires consécutives à l’UFC (16).

Deuxième plus grand pays de MMA

Un cador – il serait le plus grand de tous les temps pour beaucoup sans une fin de carrière en eau de boudin – dont la popularité chez lui a explosé après sa victoire face à son compatriote Vitor Belfort sur un inoubliable front kick au visage en février 2011. Vainqueur du tournoi des lourds à l’UFC 12, adversaire (battu) de la future légende Chuck Liddell sur une chaîne télé gratuite au Brésil en 2002, champion des mi-lourds de l’UFC après sa victoire sur Randy Couture début 2004, Belfort est déjà une star au pays – où il a notamment participé à une émission de télé-réalité – quand il affronte Silva pour la ceinture. Mais la victoire de ce dernier va tout changer.

Les organisations locales se multiplient, plus légitimes car mieux organisées et moins en mode "combats clandestins sans règles" (même s'il en reste). Les vocations pour devenir combattant suivent la même courbe, qui épouse aussi celle des passionnés. "Le Brésil a plus de fans de l’UFC que n’importe quel autre pays au monde, détaille Marshall Zelaznik, alors directeur du développement international de l’UFC, en 2012. Nous sommes capables d’avoir plus de vingt millions de personnes devant un événement diffusé à minuit. Il n’y a pas une réunion à l’UFC où le Brésil n’est pas évoqué." Les gains financiers suivent cette tendance.

Quand Exim Licensing se met à vendre les produits dérivés de l’UFC au Brésil en avril 2011, ses estimations montent à 80 millions de dollars pour la première année. Résultat? 180 millions de dollars seront engrangés sur cette période! Depuis, la popularité du MMA au Brésil reste haute même si la progression n’est pas restée équivalente. La conséquence, en partie, de représentants locaux qui brillent un peu moins dans la cage entre une concurrence internationale renforcée et l’arrivée de l’agence antidopage américaine qui a calmé certaines ardeurs et entraîné la perte de vitesse de certains combattants (bonjour, Renan Barao). Mais le constat reste. A l’heure du retour pour l’UFC 283, le Brésil garde son statut de deuxième plus grand pays de MMA au monde derrière les Etats-Unis.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport