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UFC: Manon Fiorot veut affronter Alexa Grasso

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Un peu plus de trois semaines après sa victoire sur Jennifer Maia, la quatrième en autant de combats à l’UFC, Manon Fiorot revient ce combat et se projette sur la suite dans un entretien accordé à RMC Sport. La Française, désormais sixième du classement des mouches, se dit déjà "prête" pour la championne Valentina Shevchenko mais affiche un plan de deux combats avant de la défier. A commencer par la Mexicaine Alexa Grasso, cinquième du classement.

Manon, un peu plus de trois semaines après votre victoire sur Jennifer Maia, comment analysez-vous votre performance dans ce qui était votre plus gros test à l’UFC jusque-là?

C’était un gros combat. Au début, j’avais quand même vachement la pression car dans mon idée, c’était la fille la plus forte de la catégorie après Valentina en termes d'opposition pour moi. C'est la seule qui a pris un round à Valentina donc j’étais quand même un peu stressée par rapport à ça. Quand on me l’a proposée, je me suis dit que c’était chaud. Mais en regardant ses combats avec mon coach, je me suis dit que ce n’était en fait pas beaucoup plus fort que Jessica Eye, que je devais affronter à la base. Et dès le premier round, j'ai vu que ça allait, j’étais pratiquement sûre que j’allais gagner ce combat, que je n’avais plus qu’à gérer. Je ne suis pas allée à 100%, c’est vrai, mais j’ai géré mes trois rounds tranquillement, sans prendre de risque. Je savais où j’allais.

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Quand vous dites que vous n’y êtes "pas allée à 100%", c’est la nature de l’adversité et le nom de votre adversaire qui vous a fait mettre le frein au cas où?

Oui, je pense. J’avais toujours en tête qu’elle avait pris un round à Valentina et qu’elle était dangereuse. Du coup, je me suis un peu trop retenue.

Vu comme votre combat s’est bien passé, avez-vous une frustration par rapport à ça? Vous dites-vous que vous auriez pu mettre une vitesse supplémentaire?

C’est ça, oui. Quand j’ai fini le combat, je n’étais même pas fatiguée. J’étais bien et je sentais que j’aurais pu faire plus. Mais je savais que je pouvais gagner facilement à la décision donc je n’ai pas été chercher le KO. Au final, ce n’était pas mon combat le plus compliqué. Celui d’avant était beaucoup plus compliqué pour moi (elle avait été touchée par le Covid juste avant et ressentait toujours ses effets, ndlr).

Vous êtes-vous sentie en danger pendant ce combat ? Il y a un high kick (coup de pied haut) qui vous touche bien lors du deuxième round…

Même sur ce high kick, je n’étais pas en danger. Il m’a touché mais j’étais bien. Il ne m’a pas fait mal. On a pu croire l’inverse, j’ai même entendu les commentateurs dire que j’étais peut-être un peu sonnée, mais en fait il ne m’a rien fait du tout. J’ai juste senti comme une claque et je me suis dit: ‘Mince, j'ai pris un coup, mais on repart bien sur le gameplan et ce n’est pas un coup qui va me faire perdre le combat’.

Avez-vous été surprise par rapport au plan que vous aviez préparé?

Non, non. J’ai fait à peu près le gameplan qu’on avait mis en place. En fait, je n’avais pas vraiment de gameplan non plus. (Sourire.) Où j’ai été un peu choquée, on va dire, c’est quand elle m’a pris en contrôle contre la cage. Je pensais que ça allait être beaucoup plus dur, qu’elle allait pouvoir m’amener au sol plus facilement ou que je n’allais pas réussir à me relever aussi facilement. J’ai été un peu surprise car je pensais que ça allait être beaucoup plus dur. Au final, après, c’est moi qui l’amène au sol super facilement. Du coup, on n’avait peut-être pas assez travaillé sur cette partie au sol, tout ce qui est ground-and-pound, mais je ne pensais vraiment pas l’amener aussi facilement dans cet aspect du combat. Je ne pensais pas que cette arme serait disponible aussi facilement.

On vous a vu maîtriser dans les phases au sol, imposer votre pression et votre contrôle. Y avait-il la place pour en faire plus sur le ground-and-pound comme vous l’expliquez?

Oui, c’est ça. J’aurais largement pu faire plus. Je suis allée au sol mais je n’ai pas assez frappé. J’ai juste bloqué le jeu car j’avais un peu peur de son sol mais au final, il n’y avait pas de danger. Après, j’ai regardé une nouvelle fois son combat contre Valentina et je me suis aperçue que c’était à peu près la même chose pour elle. Valentina n’avait pas fait plus que moi au sol.

On suppose que montrer cette maîtrise contre quelqu’un comme Jennifer Maia a encore renforcé votre confiance par rapport au travail effectué…

Tout à fait. Pour moi, ce combat-là est bon pour la confiance et pour la suite. J’ai vraiment affronté celle qui me faisait le plus peur, entre guillemets, donc pour les deux adversaires qui me restent avant un éventuel combat pour le titre, je vais vraiment essayer de finir les combats. Et du coup, j’ai la confiance pour. Je sais que je peux le faire face à ce genre d’adversaires. Tout s’est bien passé, je sors sans blessure, je suis en forme et prête à enchaîner sur le prochain combat.

"Après Grasso, l’idée serait de prendre Chookagian"

Après le combat, au micro, vous avez défié Katlyn Chookagian, la numéro 2 du classement de la catégorie, mais elle a déjà un combat prévu contre Amanda Ribas en mai. Mais il y a d’autres possibilités: on pense forcément à Alexa Grasso, cinquième de ce classement dont vous êtes sixième.

Pour le prochain combat, oui, on aimerait Grasso. Ce qui est marrant, c’est qu’elle vient de sortir une interview et je crois qu’elle n’a pas vraiment envie de m’affronter puisqu’elle a demandé à combattre Jennifer Maia, qui est moins bien classée que moi. Du coup, on va aussi sortir une interview pour défier Grasso. C’est la logique. Si tu es elle, tu ne prends pas celle qui est classée en-dessous de moi et que je viens de battre…

Avez-vous officiellement demandé ce combat à l’UFC?

Oui, oui, on l’a demandé. Mais elle a dit que son souhait était d’affronter Jennifer Maia. C’est un peu bizarre. (Rires.)

Alexa Grasso reste sur trois victoires de suite, il y a une hype autour de son nom comme autour du vôtre, vous êtes cinquième et sixième du classement, organiser ce combat semble logique…

Exactement. C’est le combat qu’il faut faire, le combat logique pour la suite.

Mettre fin à sa hype pourrait en outre booster encore votre crédit auprès de l’UFC comme des fans…

C’est ça. Et c’est l’adversaire parfaite pour finir le combat avant la limite. Grasso vient de la catégorie d’en-dessous, c’est une 52 kilos à la base, et elle est surtout forte en boxe anglaise, c’est une des meilleures strikeuses de la catégorie donc je pense que ça peut vraiment donner un très, très beau combat. Il y a deux choix possibles. Soit on fait la guerre debout et ça peut faire un très beau combat. Soit je peux aussi l’amener au sol et finir le combat au sol, j’en suis sûre maintenant. Car je suis sûre de lui être supérieure dans ces phases-là.

Avez-vous déjà une idée du timing dans lequel vous aimeriez affronter Grasso?

On aimerait bien dans l’été, fin juillet. On ne sait pas encore trop ce qui se passe au niveau des dates pour juillet mais ce serait l’idéal. L’UFC ne nous a pas encore donné de nouvelles là-dessus.

Dans votre tête, l’optique serait de faire encore deux combats avant de défier la championne Valentina Shevchenko?

C’est ça. Après Grasso, l’idée serait de prendre Chookagian pour l’expérience, pour faire encore un combat, et si possible être en co-main event (co-combat principal, ndlr) sur une grosse carte ou en tout cas une carte principale pour m’habituer à tout ça avant le combat pour le titre. C’est aussi ce qui me manque.

Avez-vous mal pris d’être placée dans les préliminaires contre Maia, alors que c’était une opposition entre deux membres du top 15?

Non, pas du tout. Tant que je combats, je m’en fous. Mon but est d’aller à la ceinture, peu importe où ils me placent avant. Après, mon combat avant celui pour la ceinture, ce serait bien de faire une grosse carte, oui. Mais pour celui-là, ce n’était pas important. Comme ça s’est fait à la dernière minute et qu’on n’était pas prévu sur la carte à la base, ça a pu jouer.

L’UFC a annoncé vouloir venir à Paris cette année, sans doute à l’automne. Si l’UFC vous dit d’attendre cette carte pour combattre, vous le comprendriez?

Bien sûr. S’il faut faire ça, j’accepte. Après, si je peux enchaîner et prendre Grasso cet été et Chookagian en octobre à Paris, c’est encore mieux. (Rires.) Ce serait parfait.

Vous avez déjà dit vous sentir prête pour le défi Valentina Shevchenko dès maintenant. Si l’UFC vous appelait demain pour vous dire que vous êtes la future prétendante à sa ceinture, vous vous dites que vous avez les armes pour la battre?

Oui, oui, oui. Surtout après ce combat contre Maia. Je l’ai regardé une nouvelle fois, j’ai aussi regardé plusieurs fois le combat entre Maia et Valentina et pour moi, j’ai fait mieux que Valentina sur ce combat (elle a d'ailleurs affiché de meilleures stats, ndlr). Je pourrais l’affronter maintenant et je pense que je gagnerais. J’ai le niveau pour. Je suis sûre que je suis prête mais comme je l’ai dit, maintenant, c’est une question d’expérience. Je veux aussi pouvoir faire un plus long camp d’entraînement, prendre différentes sparring-partners en fonction d’elle. Il me faut ça, un gros, gros camp, et avoir encore un peu plus d’expérience dans la cage. Mais sur le niveau, il n’y a pas de souci, je l’ai déjà.

"Contre Valentina, tu n'as pas le droit à l'erreur"

S’il y a un point sur lequel vous devez le plus progresser avant de défier Valentina, ce serait lequel?

C’est vraiment la gestion du combat. C’est une contreuse et elle va jouer sur l’expérience, attendre, faire durer le combat. Contre Valentina, il ne faut pas rentrer dans le jeu de se jeter. Avec elle, on sait que tu n’as pas le droit à l’erreur. Là, contre Maia, j’ai fait une erreur. Quand je me relève et que je prends ce high kick, contre Valentina, ça peut ne pas passer. J’ai encore des petites choses à modifier car je sais qu’il n’y aura vraiment pas le droit à l’erreur contre elle.

Mais dans votre tête, aucun doute, vous la battez?

Aucun doute, non. Surtout en cinq rounds. Je suis celle qui la fera tomber.

Vous n'êtes pas une grande gueule au micro alors qu'on sait que c'est également important pour "se vendre" à l'UFC. Pensez-vous que cela puisse vous être préjudiciable?

J’essaie de rester moi-même. Je veux gagner la ceinture, je suis ferme là-dessus, c’est moi qui vais prendre la ceinture à Valentina, mais l’essentiel, c’est ce que tu fais dans la cage. Dana White, le patron de l'UFVC, le dit souvent: c’est bien de faire le show mais le plus important est de gagner ses combats.

On sait que votre coach et manager, Aldric Cassata, est un technicien exigeant. Sur quel point a-t-il insisté après ce combat contre Maia ?

Ce high kick, justement. Il m’en a parlé longtemps après. (Sourire.) Je l’amène au sol et je n’avais plus qu’à la contrôler et à la garder au sol mais alors que j’ai fait ce travail, je me relève tout de suite et je la laisse se relever. On a beaucoup parlé de ça. Il y avait aussi le fait que je ne me sois pas donnée à 100% et que j’ai géré à la fin. A la fin, il me disait ‘Accélère! Accélère!', mais je ne l’ai pas vraiment fait car je savais que j’allais gagner. Ce sont les deux points qui n’allaient pas.

Êtes-vous tout de suite retournée à l’entraînement après cette victoire contre Maia?

Je ne suis pas encore revenue à la salle mais je m’entraîne en faisant de la course, du vélo, de la musculation, du skate. J’ai repris ça deux jours après. Quand je suis revenue à Nice, je suis partie courir dès le lendemain. Pour la salle, je vais encore attendre deux semaines je pense. Pendant le camp d’entraînement, j’y suis tellement et c’est tellement dur que j’ai besoin de relâcher un peu après le combat. Je vais voir avec Aldric mais j’espère encore quinze jours sans salle. (Rires.)

Après votre carrière, entraîner des jeunes pour forme une nouvelle génération pourrait-il vous intéresser?

Au début, je n’étais pas vraiment intéressé. Mais ça me donne envie de plus en plus. Surtout pour les filles. J’aimerais ouvrir une grosse structure en me spécialisant vraiment sur les combattantes féminines. J’ai envie de transmettre tout ça aux autres. Et si une autre fille peut faire le même parcours que moi, ce serait génial. J’aurai déjà l’expérience de l’UFC, d’une ceinture de l’UFC, et il n’y a pas mieux.

Pour finir, avez-vous un message à adresser à Alexa Grasso pour la convaincre?

Grasso, faisons-le, c’est parti! Je suis sixième, tu es cinquième, c’est le combat logique pour la suite et pour aller chercher Valentina pour la ceinture.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport