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UFC Paris 2024: matelas à la salle, bourse étudiante... Les combattants français racontent leurs galères financières en début de carrière

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À quelques jours de la troisième édition de l'UFC Paris, le samedi 28 septembre à l'Accor Arena de Bercy, les combattants français Kevin Jousset, Nassourdine Imavov, Farès Ziam et Nora Cornolle ont été réunis pour une émission exceptionnelle du "Vestiaire", sur RMC Sport. L'occasion pour eux d'évoquer les difficultés financières auxquelles sont confrontés tous les combattants de MMA dans leur carrière.

"Si vous faites ce sport pour l’argent, changez de sport", prévient dans un sourire Kevin Jousset. Invité ce mardi 24 septembre d'un numéro exceptionnel du "Vestiaire" sur RMC Sport, à quelques jours de la troisième édition de l'UFC Paris (samedi 28 septembre à Bercy), le combattant français a pu évoquer en plateau avec ses compatriotes Nora Cornolle, Farès Ziam et Nassourdine Imavov les galères financières auxquelles sont confrontées la plupart des combattants de MMA, au moins en début de carrière.

Car si les têtes d'affiche de l'UFC ou des organisations concurrentes parviennent à gagner plusieurs centaines de milliers - voire des millions - de dollars par combat, la majorité des athlètes sont beaucoup moins bien servis. "Le premier contrat, c'est pareil pour tout le monde (ou presque, NDLR), c'est 10.000 dollars + 10.000 dollars", résume Kevin Jousset, entré à l'UFC en septembre 2023, et donc directement concerné.

10.000 dollars pour combattre donc, et 10.000 dollars de plus en cas de victoire. Auxquels il faut soustraire la part du staff, les taxes, les frais annexes... "Si tu ne gagnes pas, tu ne touches que 10.000, et une fois que t’as tout payé, il te reste 3000 balles à peu près", poursuit Jousset. "En général on dit qu’au premier contrat, tu survis, au deuxième t’es bien, et au troisième tu peux commencer à investir. Après, il faut gagner aussi. Si tu ne gagnes pas, le contrat tu l’oublies."

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Jousset: "Je ne regrette pas une seconde"

Le futur adversaire de l'Américain Bryan Battle arrive pourtant à relativiser. "Quand j’ai déménagé en Australie, j’ai vécu dans ma salle (d’entraînement), j’avais un petit matelas juste à côté du tapis que je mettais quand les cours étaient terminés, et que j'enlevais avant que les cours ne commencent le lendemain", raconte-t-il. "J’ai fait ça pendant trois ans en Australie, ça me permettait de ne pas payer de loyer, et donc de m’entraîner à temps plein pour atteindre mes objectifs plus vite. Et quand j’ai déménagé en Nouvelle-Zélande, j’ai vécu dans ma voiture pendant plusieurs mois. Ensuite j’ai bougé de ma voiture à la salle, et j’ai dormi à la salle pendant encore une année de plus. Ce sont des sacrifices. Mais dans la vie il faut se donner les moyens de tes objectifs. Et avec du recul je ne changerais ça pour rien au monde. Je ne regrette pas une seconde. Ça m’a forgé. Et il y a pire, on vit dans des pays riches, on n’est pas à plaindre par rapport à certains."

Reste que le quotidien, aujourd'hui encore, n'est pas toujours simple pour nos Français. "Moi aujourd’hui, je ne peux pas dire que je sois à l’aise avec mes primes actuelles au bout de deux combats", glisse ainsi Nora Cornolle, fraîchement arrivée dans la puissante organisation après une première carrière en muay thaï.

Farès Ziam, lui, en est à son troisième contrat après avoir signé à l'UFC pour la première fois en 2019 (5 victoires et 2 défaites dans l'organisation), et a vu des sponsors accompagner sa progression. Mais il n'a rien oublié des premiers pas. "J’ai aussi commencé à 10.000 + 10.000 mais j’étais étudiant, j’avais l’argent du Crous (rires). J’étais au palier max, 500 balles par mois", se souvient-il. Et d'ajouter: "L’objectif, c’est de finir ma carrière avec le compte en banque rempli, mes petits business, et me retirer tranquillement."

Imavov: "Maintenant je suis encore plus fier de moi"

Un objectif que Nassourdine Imavov, prétendant numéro 4 chez les -84kg à l'UFC, et déjà propulsé main event de plusieurs soirées, commence à toucher du doigt. "Au début bien sûr que c’était compliqué, les primes ne sont pas énormes, mais maintenant que je suis dans le top 5 et que je suis entouré de gens qui font bien leur boulot, je vis très, très bien", convient-il.

"Mais en début de carrière, quand il n’y a pas d’argent qui rentre, tu commences à te poser des questions", prolonge Imavov. "Tu te demandes: mais est-ce que ça vaut vraiment le coup tout ça? Pas d’argent, pas de travail, tu t’entraînes tous les jours mais il n’y a pas de résultat derrière… Il faut vraiment beaucoup de patience, il faut y croire."

Pour lui aussi, il a fallu recourir au système D pour se plonger dans le MMA à plein temps, à son arrivée à Paris avec son frère Dagir, lui aussi combattant. "Au début on vivait à l'hôtel, après on a pris une petite chambre de 10m2 à quelques mètres de la salle, à deux", se remémore-t-il. "C’est tout ce qu’on voulait, un petit toit et s’entraîner tous les jours. (...) On ne le remarquait même pas. Si on devait faire ça aujourd'hui, ça serait compliqué, mais à ce moment-là aucun problème." Et Imavov de conclure: "Maintenant je suis encore plus fier de moi, après toutes ces galères."

C.C. avec Le Vestiaire