"Je n'ai pas tenté une célébration loufoque": Esteban Dorr explique son étonnant forfait aux Mondiaux de tennis de table

Esteban Dorr, comment allez-vous?
Mitigé. J’ai envie de dire que j'ai une partie du corps qui est contente et l'autre partie qui souffre. C'est un peu dur. Ça n'a pas été facile de prendre la décision, mais au vue de mon état et des possibilités qui nous sont offertes, ça ne servait à rien de prendre un risque qui n'était déjà pas sûr de fonctionner. Et à partir du moment où je n'arrive même pas à marcher de manière fluide, ça ne sert à rien de penser de prendre la raquette et d'être compétitif à ce moment-là, c'est-à-dire demain. Bien que ça va déjà beaucoup mieux par rapport à hier.
Au niveau de la douleur, où en êtes-vous?
Ce matin, on va dire que ça va. J'arrive à marcher sans les béquilles, tandis qu'hier, j'avais du mal. Ça n'a pas trop gonflé, donc c'est quand même un bon signe. Au vu des tests, on sait que ce n'est pas les croisés, donc c'est déjà bien. Demain matin, je vais passer des images, donc on aura le cœur net sur ce que c'est. Et on pourra voir le protocole à suivre au plus vite.
Cette blessure peut-elle être grave et longue?
On ne sait pas trop. On sait que le ménisque est touché. Est-ce qu'il n'y a que le ménisque? Ça, on ne sait pas. Mais on ne sait pas aussi ce qui est touché dans le ménisque, si c'est juste le choc, le trauma qui est très important, ce qui me fait mal, ou si c'est plus une fissure ou plus. On n'est sûr de rien par rapport à ça, parce qu'on n'a pas d'image claire.
Et sur le plan psychologique, on imagine que c'est assez difficile. Vous l'avez sans doute d'abord annoncé à Florian...
Oui, ça c'est dur. Ce n'est pas qu'on a dû décider ou quoi que ce soit, c'est que c'était la seule option possible malheureusement. C'est ce qui est dur, c'est vraiment la faute à pas de chance. Le kiné me l'a dit avant, j'aurais pu faire ce geste, c'est-à-dire m'écrouler comme ça, 200 fois et il suffisait d'une fois et cette fois est tombée sur ce moment-là. C'est vraiment embêtant, c'est sûr, parce qu'il y avait quelque chose de beau à aller chercher. On sentait que notre ping était de mieux en mieux, on se sentait de mieux en mieux. Flo en plus, comme il y avait cette demi, cet objectif, ce petit graal intérieur qui était atteint, je sentais vraiment qu'il était directement relâché. Ça l'a atteint énormément le fait de savoir que je faisais forfait. Ça m'atteint encore plus, ça m'attriste encore plus parce que Flo n'a pas pu s'exprimer sur cette demie et ce n'est pas tous les jours qu'on peut faire une demi-finale mondiale.
C'est vrai qu'on a revu les images de la célébration, il n'y avait rien de spécial…
C'est ce qui est dur et c'est pour ça que je ne peux pas avoir de regrets, c'est la faute à pas de chance. Ce n'est pas moi qui ai fait n'importe quoi ou qui ai tenté une célébration loufoque. C'est juste que c'est la faute à pas de chance et voilà, c'est comme ça. Je n'ai pas envie de dire que c'est dur à accepter parce que malheureusement, je ne pouvais rien faire différemment. Si c'était à refaire, je le referais. Je me suis écroulé et au lieu d'avoir le pied en intérieur, j'ai eu le pied en extérieur et c'est le ménisque qui a flanché.
Allez-vous quand même regarder les matchs?
Demain matin, j'ai l’IRM et j'aurai le cœur net et je pourrai entamer un début de protocole avec le staff médical. Bien sûr, je serai derrière Felix et Alexis pour qu'ils aillent chercher et qu'on puisse chanter cette Marseillaise tous ensemble sur la boîte.
Ça ne vous empêche pas de monter sur le podium, si?
Non, pas du tout. J'arrive à marcher sans béquilles. Je ne vais pas non plus refuser ce privilège de monter sur le podium. C'est sûr que je pourrai monter dessus.
Malgré cela, arrivez-vous quand même à savourer un peu le fait d'être médaillé mondial?
J'ai envie de dire que c’est arrivé alors qu'on était en demi. Si c’était arrivé sur le quart de finale, là tu peux vraiment avoir mal. Si on a un truc sur lequel se raccrocher, c'est qu'on a une médaille mondiale. Après notre élimination en 8ème des Europes en octobre 2024, si on nous avait dit que nous serions sur la boîte aux mondes en mai 2025. Tu te dis, il est où le papier ? Forcément, on est super contents. Mais comme je l'ai dit, j'ai deux parties du corps en moi qui se contredisent. Il y en a une qui est contente et l'autre moins contente. On va voir maintenant comment ça évolue et ce que les images disent avant de se projeter plus loin. Pour le moment, je vis au jour le jour. Une fois qu'on aura les images, on pourra voir ce qu'on pourra faire.