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Tennis de table: "J'étais quasiment en larmes à 3-2", Félix Lebrun raconte sa folle victoire en finale face à son frère Alexis Lebrun

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Félix Lebrun (18 ans) a obtenu ce dimanche son premier titre de champion de France de tennis de table, en simple. Après sa victoire au bout du suspense face à son grand frère Alexis Lebrun, le vainqueur s'est confié en zone mixte sur cette incroyable finale.

Félix Lebrun, qu'est-ce qu'on ressent quand on vient de remporter son premier titre de champion de France en simple?

C'est énorme, c'est une fierté énorme. C'est un objectif depuis tout petit, un rêve. Aller le chercher avec un scénario comme ça, où j'ai vu la défaite arriver, avec un public comme ça, un soutien exceptionnel... c'est incroyable. Il y avait toute ma famille qui était là, mes amis qui ont participé aux championnats de France. C'est incroyable.

Vous avez mené deux sets à zéro avant la remontée d'Alexis: avez-vous senti à un moment que cette finale vous échappait?

Honnêtement j'ai craqué, j'étais quasiment en larmes à 3-2, 9-6. C'était dur. Je pense que j'ai vraiment tout mis dans ce match, je ne pouvais pas être plus haut en intensité. Mon objectif de départ était de n'avoir aucun regret, de mettre énormément d'intensité. Je pense que dernièrement, il joue mieux que moi. Sur le match, quand il a réussi à élever son niveau, il joue mieux que moi. Mais aujourd'hui, j'ai réussi à aller le chercher. Je suis trop heureux franchement!

Justement, comment avez-vous réussi à vous remettre dedans?

Il a fait aussi une ou deux fautes, je pense qu'il a vu la victoire arriver. Moi je n'ai pas lâché quand même, je me suis dit que j'avais encore une mini chance. Les points ont défilé assez vite. Et assez vite je me suis retrouvé à 3-3. Avec le scénario, limite un peu favori de cette belle... non je ne sais pas franchement.

On vous a vu plusieurs fois essoufflé. C'était dur ce match...

C'était super dur! Je pense qu'on a vu mes progrès dans l'échange sur ce match. J'ai réussi à le tenir alors qu'Alexis est peut-être le meilleur joueur du monde là-dedans. J'ai quand même plus perdu que gagné mais on a vu énormément de progrès. Et ça m'atteint forcément physiquement, je n'ai pas l'habitude de mettre autant d'intensité. J'étais à mon max d'intensité. Le match commençait à durer, c'était de plus en plus dur. Il joue aussi beaucoup dans ma zone milieu, il fallait que je me déplace pour pouvoir avoir de l'impact, sinon après si tu fais une balle de transition sur Alexis, tu as perdu le point. Oui ça demande beaucoup d'efforts physiques. J'ai réussi à aller le chercher avec l'adrénaline mais je sors du match avec les jambes qui tremblent. C'est compliqué (sourire).

Tu es quand même monté sur la table!

Oui j'ai pris le temps de la réflexion et je me suis dit allez c'est bon, on y va! Je suis moins lourd que lui (rire)!

Vous aviez l'air nerveux au début du match...

Oh je ne sais pas, j'étais plutôt hyper haut en intensité en essayant de lui mettre la pression. Je savais que si je prenais un mauvais départ, il allait pouvoir se relâcher et faire le rouleau compresseur qu'il est quand il joue très bien. C'était du 50-50 ce match, j'ai réussi à m'en sortir.

Avez-vous préparé ce match ensemble?

Oui on s'est échauffés ensemble. On se connaît par coeur, on était dans l'appart' ensemble, on a discuté. On se connaît tellement qu'on ne va pas s'isoler. On sait comment l'autre aborde un match. On a parlé de tout avec Alex. Au WTT Champions de Montpellier, j'avais eu un partenaire d'entraînement parce qu'il ne voulait pas faire les mêmes horaires que moi. Mais si on est d'accord sur les horaires, il n'y a aucun souci pour qu'on prépare ensemble.

Ce scénario, dans ce match, face à Alexis, avec le passé aussi: est-ce que ça renforce votre joie?

Oui bien sûr. J'avais à coeur d'aller chercher cette finale parce que celle de l'année dernière à Montpellier m'a fait beaucoup de mal. C'était un beau moment mais un moment très dur. J'avais vraiment envie d'aller la chercher. Je l'ai fait, c'est un moment très spécial pour moi. Un soulagement? Non. Un titre de champion de France n'est pas quelque chose d'acquis, c'est tellement dur à aller chercher. C'est de la fierté, de la joie, pas du soulagement.

Vous avez mis en place de nouvelles choses dans votre jeu, avez-vous l'impression d'avoir gagné en puissance?

Oui c'est mon objectif, gagner de la puissance mais ne pas perdre ma rapidité. Mon jeu reste basé sur la vitesse, je ne serai jamais un joueur qui ne met que des parpaings et jouer loin de la table. Il faut trouver le juste milieu. Sur mes deux dernières compétitions, je suis vraiment en train de monter en puissance. On peut dire clairement que mon année est lancée. C'était dur au début, j'ai eu une période plutôt courte mais avec des résultats... j'aurais aimé aller plus loin en compétition. Mais mon jeu est carrément en place. J'espère que c'est dur pour mon adversaire, je suis assez complet quand je joue comme ça. En 2025, c'est le meilleur match que j'ai fait au niveau émotionnel, je l'ai super bien géré, c'est un grand match pour moi.

Avez-vous eu le temps de dire un mot à Alexis, qui découvre le fait de perdre face à vous en championnats de France?

Je l'ai félicité pour son année post-JO, il enchaîne compétition sur compétition. Il a un niveau incroyable. Je vais le laisser,récupérer, c'est quand même un match difficile pour lui, il a une balle de match. On va prendre un peu de temps mais on est ensemble ce soir, on va pouvoir en discuter.

Propos recueillis par Léna Marjak