Clément : "Ça ne me fait pas plaisir de donner de fausses informations"

Arnaud Clément, le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis - AFP
Arnaud Clément, tout d’abord, le choix de la terre battue était-il le bon ?
Oui. Je pense toujours que c’était le bon choix. Comment évaluez-vous votre responsabilité personnelle dans cet échec ? En tant que capitaine, je vais me remettre en cause. Réfléchir aux points sur lesquels j’aurais pu être meilleur stratégiquement, avant la rencontre, pendant les matches. A chaud, je pense que nous avons tout fait pour gagner et que nous avons quasiment tout bien fait, dans notre préparation, dans l’approche des matches. Mais je dois me poser des questions, essayer d’être meilleur dans le futur. Pour l’instant, le premier sentiment, c’est que la Suisse a été meilleure que nous.
A chaud, qu’est-ce qu’il a manqué à cette équipe de France ?
Sur le plan tennis, l’équipe suisse a été supérieure. Une accumulation de petits détails tournant en notre faveur aurait peut-être pu inverser le sens d’un match et de la rencontre… Mais quand on regarde la rencontre dans son ensemble, les Suisses sont plus forts, plus réguliers. On s’était préparé pour un exploit, car on savait que les battre aurait été une performance exceptionnelle. On était loin d’être favoris. Ce qui manque, ce sont peut-être de grandes victoires régulièrement sur les gros tournois et contre ce type de joueurs. Que nos joueurs aient un niveau supérieur. C’est beaucoup et peu à la fois. Ce peu est parfois difficile à aller chercher mais mes joueurs ont à cœur d’y parvenir.
Cette défaite peut-elle servir pour l’avenir de ce groupe ?
C’est une expérience forte pour tous les joueurs, oui. Vivre ces grands moments, contre des joueurs de cette qualité, ça peut servir pour la suite. Mais là, maintenant, c’est dur. Il faut encaisser. Tout le monde y croyait très fort. Mais la qualité d’un grand champion, c’est aussi de savoir réagir, rebondir, réfléchir à comment y arriver. Je suis persuadé que mon groupe a cette force.
Quand avez-vous pris la décision de faire jouer Richard Gasquet ce dimanche ?
Hier (samedi, ndlr). Cela va me permettre de répondre à beaucoup de questions. Après les matches de vendredi, Jo (Tsonga, ndlr) a ressenti une douleur au bras qu’il avait déjà eue il y a peu de temps. Le samedi matin, il a fait un test pour voir s’il pouvait être aligné en double. Ça n’a pas été le cas. Julien (Benneteau, ndlr) a été prévenu la veille qu’il était possible qu’il ne joue pas le double. Il a ensuite été confirmé à la fin de l’échauffement de Jo, quand on a su que ce dernier ne pourrait être aligné ni sur le double ni sur le simple du dimanche à cause de ses douleurs. Ensuite, on s’est vu samedi soir et c’est naturellement que Richard est allé sur le court contre Federer.
Pourquoi ne rien avoir dit sur la blessure de Tsonga ?
La réponse est évidente : on n’a pas d’informations à communiquer à l’équipe adverse à ce moment-là du week-end. S’il y a une incertitude dans leur tête, il faut qu’elle y reste le plus tard possible. Ça ne me fait pas plaisir de vous donner de fausses informations. Certains doutaient d’ailleurs de mes propos. Mais à ce moment-là, je ne pouvais pas faire autrement. L’objectif était de préserver le groupe. Si ça pouvait être un petit plus, c’était de mon devoir de garder l’information secrète.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette blessure ?
C’est une douleur qu’il avait ressentie légèrement pendant le stage, mais ça allait mieux. Elle est revenue après un match à haute intensité et grande pression. Ça peut provoquer une récidive et ça a été le cas. J’espère pour Jo que ce ne sera pas très grave et qu’il pourra, après un peu de vacances, vite rejouer pour être apte à 100% dès le début de saison.
Avez-vous hésité à ne pas aligner Tsonga le vendredi ?
Non. Jo avait fait une très bonne semaine complète d’entraînement avant que ses petits soucis reviennent. Et quand il a retapé après un peu de repos, il se sentait très bien. Mais l’intensité du match a fait resurgir cette douleur. On ne pouvait pas le savoir à l’avance et on n’a pas perdu à cause de ça. Les Suisses étaient supérieurs, je ne dirais pas le contraire, mais il y a un petit côté malchance dans cette récidive alors que rien n’avait été négligé au niveau du staff médical.
Pensez-vous que l’issue de la rencontre aurait été différente sans sa blessure ?
On ne peut tout simplement pas savoir ce qui se serait passé…
Comment analysez-vous la lourde défaite de Gasquet ce dimanche ?
Richard était bien préparé. Physiquement, il était capable de tenir des heures et des heures sur le court. Sa préparation avait été parfaite. Ensuite, si on avait pu être à 2-2, on aurait aimé voir notre Gaël jouer ce cinquième match décisif. Mais Federer n’a absolument rien manqué. Sa performance a été incroyable. Il est monté en puissance pendant ce week-end, malgré très peu d’entraînement. Quand il n’a plus son mal de dos, il redevient un joueur exceptionnel. Contre Gaël, il n’avait plus mal au dos mais il lui manquait peut-être un peu d’entraînement. Et la qualité de balle de Gaël l’avait énormément gêné. Mais son double exceptionnel et son simple aujourd’hui montrent, encore une fois, que les Suisses ont juste été supérieurs à nous.