France-Suisse : pourquoi l’ex-capitaine de Federer est très, très confiant

Marc Rosset et Roger Federer avec l'équipe de Suisse, en 2004 - AFP
Marc Rosset, vous avez eu Roger Federer sous vos ordres entre 2002 et 2005. Quelle est l’importance de la Coupe Davis pour lui ?
Cette année, en tout cas, c’est très, très important. Il ne l’a pas faite chaque année parce que c’est dur de gagner 17 titres du Grand Chelem, 22 Masters 1000, en faisant la Coupe Davis. Mais une fois qu’il en a fait sa priorité, il va la jouer à fond. Et c’est devenu sa priorité cette année. Ça, c’est sûr.
Et quand il fait de quelque chose sa priorité, il gagne…
On n’en sait rien mais en tout cas, il va tout faire pour la gagner.
Est-ce bon pour la Suisse que Roger aille très loin au Masters de Londres ?
Ça ne me pose aucun problème. Roger, une fois en Coupe Davis en Roumanie, il avait gagné l’Open d’Australie, il avait voyagé 24 heures, il était arrivé le mercredi matin en Coupe Davis, il avait joué deux heures sur terre battue, il avait gagné trois points et il m’avait demandé la permission le dimanche soir de rentrer se reposer à la maison. Je lui avais dit : « Casse-toi ! » Ce n’est pas l’adaptation de Roger qui me fait avoir des soucis.
Ce sont les Français qui vous inquiètent, alors…
Non. Je pense que c’est du 50-50. Il y aura 27 000 personnes, ça va faire du bruit. Il y aura énormément de pression pour les Français. Et aussi beaucoup de pression pour les Suisses. La Coupe Davis, c’est une histoire d’hommes. Il ne faut pas seulement avoir de bons joueurs, mais savoir qui est prêt à aller au combat. On verra qui sont les hommes ce week-end-là.
L’état de forme de Stanislas Wawrinka est-il préoccupant ?
Franchement, je pense que c’est vraiment une bonne chose pour Wawrinka qu’on joue la finale en France. Ça aurait plus problématique pour Stan de jouer en Suisse, parce qu’il a effectivement montré énormément de fébrilité quand il a joué en Suisse. Jouer à l’étranger, avec un public hostile, c’est quelque chose qui va peut-être l’aider à mieux jouer.
Mais vu son niveau de jeu, à part contre Berdych à Londres, ce n’est quand même pas du grand Wawrinka…
Vous voulez qu’on fasse la saison des joueurs français ? On aura plus vite fait de compter les défaites des Suisses que les victoires des Français ! (Rires)
A qui pensez-vous en disant cela ?
Il faut regarder très objectivement. Tsonga, il a fait une saison extraordinaire quand il était avec Roger Rasheed. Cette année, on ne peut pas dire que c’est une saison monstrueuse. Il l’a sauvée en gagnant à Toronto. Sinon, il ne serait peut-être plus dans le top 20. Gasquet, il est allé au Masters avec Riccardo Piatti et il a joué le meilleur tennis de sa vie. Depuis, on ne peut pas dire que ce soit une saison extraordinaire. Monfils, c’est le seul dont je me méfie un peu sur cette Coupe Davis. C’est le type qui est capable de ne pas jouer pendant cinq, six semaines. Il l’a montré à Roland-Garros, il peut arriver sans préparation, sans match référence et réussir un grand tournoi. Je suis persuadé qu’il va faire des grands matches en Coupe Davis.
Federer et Wawrinka vont-ils jouer le double ensemble ?
C’est trop tôt pour le dire. Ça se décidera le vendredi soir. Ça dépendra de la longueur des matches, du score. J’ai eu l’occasion de parler du double avec Roger hier (mercredi). Intrinsèquement, Roger Federer et Stan Wawrinka n’ont aucune raison de ne pas bien jouer le double ensemble. Quand on voit le jeu de Roger, il n’y a aucune raison qu’il ne joue pas bien le double. C’est plus dans l’approche du double qu’on a un problème en Suisse. Roger et Stan jouent des fois le double comme ils jouent le simple. S’il y a 4-4, 30-A, ils vont chercher l’ace au lieu de privilégier le pourcentage de première balle. Mais je sais qu’ils en ont beaucoup discuté cette semaine avec Severin Luthi, le capitaine. Ils savent qu’ils y a un problème là-dessus et ils essayent de trouver des solutions.
Sont-ils proches, comme les Français peuvent l’être entre eux ?