Guerre en Ukraine: revenu à Kiev, l’ex-tennisman Dolgopolov "prêt à tirer sur l’envahisseur russe"

Il a d’abord mis sa famille à l’abri, en Turquie. Avant de revenir chez lui pour défendre la nation. Alexandr Dolgopolov est arrivé mercredi à Kiev pour se rendre utile face à l’invasion de la Russie. L’ancien tennisman ukrainien, dont le dernier match remonte à 2018, a débarqué très remonté dans sa ville natale. "Je suis de retour pour aider avec ce que je peux et défendre notre maison", a-t-il écrit sur les réseaux, en postant une photo de sa tenue de combat.
"Ce n'était pas une décision difficile. Je voyais à quel point notre pays luttait, je voyais notre gouvernement résister, notre président est ici, beaucoup de gens connus sont ici... Je me dois d'être là, explique-t-il dans une interview accordée à L’Équipe. Je ne pouvais plus regarder ce qu'il se passait sans rien faire (…) Je pense pouvoir apporter une aide, en étant là, en étant volontaire. Je vais défendre mon pays du mieux possible."
"J’ai appris à tirer, je n’avais touché une arme"
Au départ, l’ex-n°13 mondial pensait venir avec plusieurs amis, qu’il avait rejoint à Zagreb, en Croatie. Mais ses postes se sont finalement ravisés. Dolgopolov a alors rallié la frontière polonaise en voiture, avant de monter dans un train pour Kiev, où des connaissances l’ont pris en charge à son arrivée. Il loge désormais au centre de la capitale, "une ville morte", entre les tirs et les bombardements. "Pour l'instant je ne peux pas dire que j'ai peur, témoigne -t-il. Je n'ai pas pris ma décision sur un coup de tête. Je regardais les informations 24h/24, je savais où j'allais. Quand je serai sous les balles ou sous les bombardements, peut-être que je réagirais différemment, mais pour l'instant, je suis assez calme."
Avant de venir renforcer la résistance ukrainienne, comme de nombreux sportifs du pays, Dolgopolov a suivi un entraînement spécial. "J'ai appris à tirer pendant une petite semaine avant de venir parce que je n'avais jamais touché à une arme avant. Je suis allé à un stand de tir en Turquie. Il y avait un ancien militaire. Je lui ai dit ce dont j'avais besoin et il m'a appris. À tirer, savoir ce qui peut se passer dans une ville en guerre... Bien sûr, ça ne vaut pas un vrai service militaire d'un an et demi, mais au moins maintenant je suis à l'aise avec un pistolet, je sais l'utiliser et je peux tirer sur une cible avec une bonne précision. Ça me donne davantage confiance."
"Ils tuent nos enfants et nos femmes"
Le quart de finaliste de l’Open d’Australie 2011 se dit même prêt à tuer si besoin: "Je connais des amis dont toute la famille a été décimée... Des enfants, des civils. Ils tuent nos enfants, ils tuent nos femmes. Donc oui, je suis prêt à tirer sur un envahisseur russe. Dans la vie normale, je ne le ferais évidemment pas. Mais là, c'est la guerre. Si tu ne lui tires pas dessus, c'est lui qui va te tuer. Si la situation se présente, ça ne sera pas un problème."
En attendant, il en veut aux joueurs russes du circuit, dont les discours de condamnation lui semblent bien trop lisses par rapport à la gravité de la situation. "J'ai vu ce qu'ils ont dit publiquement. On sent bien qu'ils pèsent chaque mot. Ils font très attention. Ils ne disent pas qu'ils sont contre leur gouvernement ou contre Poutine. ''Je suis pour la paix dans le monde''... Putain mais c'est de la merde! Viens me dire ça en face, en Ukraine. Ça ne suffit pas (…) Il faut condamner le gouvernement et dire que Poutine tue des innocents. Ils ont dit quoi les joueurs russes? ''On devrait tous se respecter, la guerre c'est mal, blablabla''... Putain, c'est Miss Russie ou les Oscars? Le tennis doit prendre ses responsabilités et prendre des décisions fortes".