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Loïc Courteau veut combattre la sinistrose du tennis français, "il faut que l'énergie reparte"

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Championne du monde juniors en 2019, Diane Parry, 96e mondiale à 19 ans, dispute ce mardi après-midi son huitième de finale au Trophée Lagardère (NDLR : un WTA 125, l’équivalent d’un Challenger). Dans son box, il y a Loïc Courteau, le coach emblématique d’Amélie Mauresmo. Une belle occasion d’échanger avec cet homme qui connaît un peu le circuit…

Loïc Courteau, il y a bien longtemps qu’on ne vous avait pas vu dans le box d’un joueur…

C’est cool, ça rappelle de bon souvenirs. Je suis Diane depuis quelques années et je fais quelques tournois avec elle. Mais son entraîneur en chef est Gonzalo Lopez.

On a souvent dit que Diane avait un peu le même revers qu’Amélie Mauresmo et on se dit que votre présence n’est pas le fruit du hasard…

Bien sûr, Diane possède un revers à une main avec beaucoup de variations. Cela rappelle forcément Amélie ou Justine Henin. Maintenant, la comparaison s’arrête là. Il y a encore du boulot pour Diane. Il faut qu’elle continue à faire évoluer son jeu. C’est la partie la plus difficile, elle est dans les 100 premières. La route est longue et semée d’embûches.

Vous avez l’œil pour corriger ses défauts…

Vous savez, ce n’est pas ce qu’on dit qui est le plus important, mais ce que les autres comprennent. Elle a encore des petits trous d’air. Il faut les combler afin qu’elle ait beaucoup plus de sûreté et de constance dans son tennis. C’est ce qui amène au très haut niveau.

Comment cette sinistrose est-elle vécue à la DTN ?

On n’est pas très heureux de voir que le tennis français ne gagne pas autant de matches qu’on aimerait. Il y a des générations qui partent, d’autres qui arrivent, ce sont des passages. On savait qu’il y aurait moins de jeunes filles par rapport à ce qu’il y avait quinze-vingt ans en arrière. La mission devient de plus en plus difficile. Mais arrêtons de parler de sinistrose. Il faut que l’énergie reparte.

"Quand les deux parents travaillent, on fait comment ?"

Vous dites: "on perd des jeunes filles…"

On le voit quand on se balade dans les clubs. Avant, il y avait énormément de familles. Maintenant, les jeunes font de plus en plus de choses en terme d’activités. Ils ne restent pas longtemps au tennis. Ils viennent une heure et ils repartent. Ca n’explique pas tout mais la densité est moindre. Il faut des moyens, des familles qui s’occupent de leurs enfants. Si l’enfant est passionné, il faut l’emmener en tournoi. Quand deux parents travaillent, on fait comment ?

Cela veut-il dire qu’il faut nécessairement un projet sportif avec des parents aisés ?

Pas forcément. En Italie, ils ont des champions qui sortent. Ils ont fait un choix d’organiser énormément de tournois. La DTN fait du bon boulot en terme de détection mais à partir du moment où il y en a moins… Pour l’instant, ça ne suffit pas. Mais ça repartira.

A l’époque d’Amélie Mauresmo, il y avait-il déjà autant de joueuses dont le nom se terminait en "ova"… ? (NDLR : au Trophée Lagardère, la Tchèque Linda Fruhvirtova, 17 ans, est déjà impressionnante)

Oui, il y en avait déjà. Vous savez, dans les pays de l’Est, le tennis c’est aussi un moyen de s'extraire de sa condition sociale. Des parents font le choix délibéré de partir à l’étranger, d’entrer dans des académies. Mais on a aussi beaucoup de casse chez les "ova". Et on n’en parle jamais !

Eric Salliot