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Benoît Paire ne fait pas chambre à part

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Dans la grisaille actuelle du tennis français, Benoît Paire est le seul qui affiche une banane. En dix jours, l’Avignonnais vient de battre Lucas Pouille, Richard Gasquet et Diego Schwartzman dans des Masters 1000. Et pourtant, à Monte-Carlo, il était au fond du trou. Il évoquait même une longue pause. « Ben » doit en partie ce nouvel état d’esprit à un homme, Jean-Charles Diamé. Un coach autant qu’un ami. Leur fonctionnement sur le circuit est unique.

Mercredi, sur le court 1 du Foro Italico, Benoît Paire, 52e mondial, a fait chavirer le cœur des tifosi en un clin d’œil. Malmené 6-2 4-2 par Diego Schwartzman (tête de série n°14), le Français a attendu une étincelle pour mettre le feu dans les gradins et faire exploser dans sa tête le petit sud-américain. "Il y a un beau point et là, j’harangue la foule", dit-il, pas peu fier. Surtout, à 4-4, l’inclassable "Ben" a signé un jeu irréel: quatre retours de coup droit gagnants. "Le plus beau jeu de ma vie, il faut être honnête. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé. Le match tourne là. Je suis content de ne pas avoir lâché. A 6-2, 4-2, tous ceux qui me connaissent savent que ça peut finir avec 6-2 6-2 et des raquettes en moins…", avouait-il. 

Déjà finaliste à Rome en 2013, Benoit Paire adore le Foro Italico. "J’ai l’impression d’être une star en Italie, lâche-t-il, ébahi. Ils sont un peu fous donc ils aiment mon style de jeu. Quand j’harangue la foule, j’ai l’impression que je joue pour l’AS Roma! Et je prends beaucoup de plaisir. J’adore les ambiances chaudes."

Paire: "Il est un peu plus intelligent que moi donc je l'écoute"

Depuis quelques semaines, Benoît Paire n’a plus le spleen aperçu à Monte-Carlo. Il attribue ce changement à la présence à ses côtés de Jean-Charles Diamé, un ami intime et son coach. "Au quotidien, je ne suis pas facile à gérer, confie Paire. Je savais qu’il fallait qu’il m’accompagne. L’an dernier, je n‘étais au top (dos, problèmes extra-sportifs). C’était comme une évidence de le prendre. On dort dans la même chambre."

Oui, vous avez bien lu. Benoît Paire fonctionne comme des jeunes qui écument les Futures (NDLR : les tournois de 3e catégorie où les gains sont minimes) et qui partagent les frais. "Les gens ne se rendent pas compte, dit-il. Oui, on a une vie de rêve mais il y a des moments difficiles: quand on est seul dans notre chambre d’hôtel, à l’aéroport. On peut vite broyer du noir. Si ça va moyen, avec Jean-Charles on prend le téléphone et on se fait une coinche. Ou alors, il me bouge et il me dit: ‘’On va dehors, on va boire un verre’’. C’est un confident. Sur le plan tennistique, il a été -2/6 donc il connaît le tennis. Il est un peu plus intelligent que moi donc je l’écoute. Maintenant, quand sa copine vient, je libère la chambre, ils font leur truc..."

A 29 ans, Benoît Paire est toujours aussi espiègle. Mais c’est le dernier rescapé tricolore à Rome. Il faut en profiter. Ce jeudi, en début d’après-midi, il défiera Marin Clic, le 5e mondial.

Eric Salliot