Le short de Stan, l’autre vainqueur de Roland-Garros

Stan Wawrinka - AFP
Nappe, pyjama, caleçon de bain. Les petits noms n’ont pas manqué pour qualifier - railler - le short de Stan Wawrinka, durant la quinzaine à Roland-Garros. Inauguré par le Suisse à Monte-Carlo à la mi-avril pour entamer la saison sur terre-battue, le short, gris à rayures roses et blanches, a progressivement trusté gradins, forums, réseaux sociaux et même les pages des grands quotidiens. Rarement en sa faveur. « J’ai reçu beaucoup de commentaires négatifs, c’était même parfois vexant au début », confie Jean-Luc Aznavorian, directeur commercial tennis chez Yonex.
Il faut dire qu’en termes de conventions, le tennis en connait un rayon. Et quand André Agassi propose un short en jean sur lycra rose en 1990, Goran Ivanisevic un top bariolé jaune-bleu-rouge en 1996, ou Novak Djokovic un polo affublé d’un monumental dragon dans le dos en 2010, le monde de la balle jaune ne manque pas de jaser.
« Les demandes ont explosé »
Dans sa demi-finale contre Jo-Wilfried Tsonga, un spectateur tente même - en vain - de relancer le Manceau et son austère polo blanc : « Dis-toi qu’il est en pyjama », suscitant l’hilarité dans les travées du Chatrier.
Pas de quoi contrarier « The Man », vainqueur 48 heures plus tard de son premier Roland-Garros, contre le n°1 mondial, Novak Djokovic. L'opportunité même de renforcer le capital sympathie du joueur, doté d'un sens de la dérision aussi détonnant que son revers.
« C’est le trois en un. Je vais me baigner, jouer au tennis et après dormir avec », s’amusait-il au micro de la chaîne RTS le mois dernier. En conférence de presse dimanche après son succès, le n°4 mondial a même fièrement exposé l’objet du délit devant lui, avant de s'en faire le porte-parole : « Je ne vais pas avoir le droit de le porter à Wimbledon (rires). Je n’en parle plus sinon je vais être hué sur le court (rires). Moi, j’aime ce design. Bon, apparemment je suis le seul. Ce short a gagné Roland-Garros. »
Direction le musée de Roland-Garros
Et l’équipementier japonais un énorme coup de pub. « C’était un clin d’œil pour créer le buzz. Depuis une semaine je suis bombardé, les demandes ont explosé. Mais on va le commercialiser en quantité limitée, on va faire une vente collector. »
Un objet de collection en effet, puisque l’Helvète, dont la tenue sera plus classique pour Wimbledon (dont le règlement séculaire interdit la moindre fantaisie) et l’US Open, va l'offrir au musée des Internationaux de France. Un bel avenir donc pour celui qu’on surnomme désormais chez Yonex « l’autre héros de ce Roland-Garros ».