Roland-Garros 2025: Léolia Jeanjean virtuelle numéro 1 française, le tennis féminin tricolore au plus bas

L’information ne lui avait pas échappé. Quelques minutes après sa victoire au 1er tour de Roland-Garros, lundi contre la Roumaine Irina-Camelia Begu, Léolia Jeanjean se projetait déjà sur ce statut de nouvelle numéro 1 française. "Ça serait la récompense de toutes mes années de galère. Tout le monde me disait qu’un jour je serais numéro 1 française et que j’allais rentrer dans le Top 100. Cela a mis énormément de temps à venir mais je serais ultra fière d’avoir ce statut", glissait-elle.
Promise à un grand avenir dès le plus jeune âge, Léolia Jeanjean ne vient pourtant de rentrer dans le Top 100 que tout dernièrement, à 29 ans. La faute à des blessures à répétition et à un parcours chaotique. Son premier coup d’éclat, elle le signe en 2022, à Roland-Garros déjà, où elle atteint le 3e tour après avoir notamment sorti Karolina Pliskova.
Trois ans plus tard, elle réalise la meilleure saison de sa carrière aux côtés de son coach et compagnon dans la vie, Louis Julien. "On arrive à faire la part des choses. Après le pauvre je lui en mets quand même plein la tête en match. Il a toujours cru en moi malgré mon âge et mon parcours. J’espère que cela va durer comme ça, j’ai atteint mon meilleur classement avec lui."
Un nouveau statut qui forcément interroge
Mais si l’histoire est belle pour Léolia Jeanjean, elle remet aussi en lumière la crise profonde que traverse le tennis féminin français. Seules deux Françaises sont entrées directement dans le tableau cette année à Roland-Garros (Varvara Gracheva et Diane Parry). Léolia Jeanjean, future numéro 1 française, était pour sa part invitée par les organisateurs.
"Ça ne traduit pas la bonne santé du tennis féminin", juge Sarah Pitkowski, consultante pour RMC Sport. "Léolia malheureusement se retrouve confrontée à ça et ce n’est pas à elle de porter toutes les attentes du tennis féminin français. Elle est à un rang qu’elle mérite mais qui n’est malheureusement pas représentatif d’un pays comme la France."
29e mondiale en 1999, Sarah Pitkowski n’était alors que la cinquième joueuse française au classement. Cinq joueuses tricolores dans le top 30 à l’époque, le contraste avec la situation actuelle est brutal. "Il y a urgence et il va falloir trouver une solution pour qu’il y ait un réservoir plus important, pour donner aux petites filles envie de jouer au tennis. Il va vite falloir que la fédération, les clubs, les enseignants sur le terrain se remettent tous au travail."
"Rien à perdre face à Kasatkina"
En attendant d’être officiellement intronisée numéro 1 française le lundi 9 juin, après la mise à jour du classement WTA, Léolia Jeanjean va tenter de poursuivre son aventure à Roland-Garros. Et d’améliorer encore un peu plus son classement, elle qui était 100e avant le début du tournoi. "Je suis 100 tout pile, c’est un peu piégeux. Je suis contente mais j’aimerais bien enlever un chiffre. Je savais qu’en gagnant au 1er tour, je pouvais casser les trois chiffres."
Virtuellement 89e après sa victoire face à Begu, Léolia Jeanjean s’attaquera à un gros morceau jeudi: Daria Kasatkina, 17e joueuse mondiale et demi-finaliste à Roland-Garros en 2022. "J’adore son jeu, un peu similaire au mien. Je vais y aller confiante, je n’ai rien à perdre et j’espère produire du bon tennis, pour voir aussi où je peux me situer face à des filles de ce niveau-là." Un gros défi en perspective pour Léolia Jeanjean qui étrennera à l’occasion ce nouveau statut de meilleure joueuse française du moment.