Roland-Garros - Paire : « J’ai eu un peu peur »

Benoit Paire - -
Benoit, c’était un match à votre portée mais on ne vous a jamais senti libéré…
J’étais un peu tendu. Je savais que j’avais une carte à jouer aujourd’hui. Après, c’est quand même le 15e joueur mondial en face, qui joue très, très bien. Je suis à la fois déçu et content de mes dernières semaines (il a notamment été demi-finaliste au Masters 1000 de Madrid, ndlr). C’est positif pour la suite. J’espère que cette défaite va me servir. Mentalement, j’avais beaucoup puisé les dernières semaines en restant très concentré, très calme. Pour moi, c’est quelque chose de nouveau. Il faut digérer ça et continuer sur cette voie-là parce que je vois que ça me réussit. Après, bien sûr, je suis un petit peu déçu de mon match.
Qu’est-ce qu’il vous a manqué ?
Il m’a manqué un peu de réussite. Je n’ai pas été très chanceux sur ce match. J’ai eu un peu peur. Mes défauts en coup droit sont revenus. J’ai joué en reculant. Je n’ai pas été très agressif. J’ai mal servi. Lui a très bien joué. Je ne vais pas dire l’inverse. Il a été très solide. Il a exploité les moindres failles. Pour la suite c’est quand même encourageant. Il ne faut pas se démoraliser après le match. Et se dire qu’il faut repartir de zéro. C’est bien pour la suite. Il faut continuer dans cette lignée et je pense que je pourrai faire encore de bons résultats.
Pas de match pour vous sur le court Philippe Chatrier (le court central, ndlr)…
Pas de Philippe Chatrier, non. C’était un objectif au début du tournoi. J’ai vu le tirage au sort, j’ai vu que je rencontrerais Rafael Nadal en 8es de finale. C’était un objectif et j’espérais l’atteindre. J’ai battu Baghdatis et Kubot, qui sont deux très bons joueurs. Je perds contre Nishikori, qui est 15e mondial. Je n’ai pas à rougir de cette défaite. C’est encourageant pour la suite. Elle me montre que même sans bien jouer, je peux l’accrocher. Alors si je joue bien, je peux peut-être le battre.
« Pas simplement quelqu’un qui s’énerve »
Vous dites avoir mûri. Pourtant un incident lors du match a semblé complètement vous déstabiliser. Preuve qu'il reste encore du travail mental à effectuer.
Il y a toujours du travail, je pense, pour n’importe qui. Il y a du travail mental à faire. Aujourd’hui, c’est vrai qu’il y a eu ce petit incident avec l’arbitre où je prends un point de pénalité pour coaching. Sur un balle de set, c’est quand même du jamais vu. Je ne l’ai pas trop bien pris mais je pense que je ne suis pas le seul. Je n’ai pas trop compris pourquoi l’arbitre avait fait ça à ce moment-là. C’est quelque chose qui n’arrive jamais. Je pense que si j’étais Top 5 ou Top 10 même, il ne me l’aurait pas mis à ce moment-là. J’ai du mal à l’accepter. Je me suis bien remobilisé parce que j’ai gagné le set. J’ai fait un super tie-break. Après, est-ce que je n’ai pas trop puisé d’énergie pour me remettre dedans et me reconcentrer ? C’est peut-être pour ça que dans le 3e et 4 set, j’ai un petit peu baissé de pied.
Vous avez dû piocher ?
Physiquement, ça a été dur. Mentalement, j’ai eu du mal à me relever. Après ce 2e set gagné, j’ai fait pas mal d’erreurs. Nerveusement, ça a été dur à gérer. Mais je ne pense pas que ce soit ça qui me fait perdre ce match. J’ai encore du travail à faire, surtout physiquement. C’est quand même encourageant.
Les gens ont un regard différent sur vous, désormais…
Oui, beaucoup de choses ont changé. Dans le public, j’ai ressenti beaucoup d’encouragements. Ça me fait très plaisir. Je suis 26e mondial alors que l’année dernière, j’étais 70e. Alors forcément, ça change. Ça a été dur de ne pas s’éparpiller, de rester concentré. Les gens me connaissent un petit plus. Ils voient que je ne suis pas simplement quelqu’un qui s’énerve sur un terrain mais quelqu’un qui peut accrocher les meilleurs.
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