Tsonga avait pris trop de retard

Jo-Wilfried Tsonga - -
Il était cool, « Jo ». Souriant et décontracté, jeudi, à la veille de sa deuxième demi-finale en deux ans à Wimbledon. Andy Murray l’avait-il vu ? Voulait-il en profiter ? Sous le ciel changeant de Londres ce vendredi, avec un soleil insistant qui a finalement conduit les organisateurs à ouvrir le toit, l’Ecossais a en tout cas fait le bonheur des Britanniques. En assommant dans les deux premiers sets le Français Jo-Wilfried Tsonga, alors plutôt endormi, puis en résistant à son retour (6-3, 6-4, 3-6, 7-5), il s’est qualifié pour la première fois de sa carrière pour la finale du Grand Chelem de Sa Majesté. Il affrontera Roger Federer dimanche avec l’incroyable et certainement stressante perspective de devenir le premier sujet du Royaume à s’imposer depuis Fred Perry en… 1936 !
Pour Jo-Wilfried Tsonga, dont le compteur en finale de Grand Chelem reste bloqué à une seule (Open d’Australie 2008), l’heure est aux regrets. « Quand on perd, c’est forcément qu’il y a des choses qu’on n’a pas très bien faites, confirme-t-il. Sauf quand l’autre joue son meilleur tennis du premier au dernier point. Ce qui n’a pas été le cas d’Andy aujourd’hui. » La brèche, elle s’est ouverte au troisième set. Le « diesel » manceau chauffait enfin et le premier break tricolore arrivait (2-0). « Il a besoin de se montrer guerrier », analyse Patrice Dominguez, qui l’avait trouvé trop « en demi-teinte » pendant les deux premiers sets. Le réveil n’était même pas interrompu par une balle douloureuse, envoyée au niveau de l’entrejambes par un Andy Murray maladroit (ou pas) à la volée.
Blessé à un pouce au Queen’s
Mais au début de la quatrième manche, l’Ecossais a senti qu’il devait rehausser le débat. Un break (3-1), que Jo-Wilfried Tsonga a dû effacer très vite (3-3), a rappelé aux quelques supporters français du « Centre Court » que le remake du quart de finale 2011 face à Roger Federer (3-6, 6-7, 6-4, 6-4, 6-4) restait hypothétique. Et à sa première balle de match, Andy Murray s’est attaché à le rendre définitivement impossible. Après visionnage du hawk-eye, il s’offrait sa quatrième finale en Grand Chelem (US Open 2008, Open d’Australie 2010, 2011). « J’ai eu ma chance pour le pousser dans un cinquième set, peste le Français. Je n’ai pas été bon à ce moment-là. Dans l’ensemble, je n’ai pas fait un match catastrophique. Je me suis battu. J’ai donné tout ce que j’avais. »
Et très vite, le bilan de la quinzaine londonienne de Jo-Wilfried Tsonga s’est redressé à la simple évocation de sa blessure à un pouce au Queen’s. « Je suis arrivé ici en me demandant si j’allais pouvoir taper dans la balle », se rappelle-t-il. S’il assure qu’il était « bien » face à Andy Murray, le fait de l’avoir vu taper quelques revers à une main interroge quand même sur sa forme. « Les revers, je ne sais plus trop, préfère rigoler ‘‘Jo’’. Deux mains, une main… J’essaye de les taper comme je peux. Je ne suis pas le plus talentueux mais je fais avec ce que j’ai, avec ce qu’on m’a donné à la base. » Rajoutées à un tableau dégagé par l’élimination précoce de Rafael Nadal, ses qualités de battant l’ont amené en demi-finale d’un Grand Chelem à quatre reprises. Reste la dernière marche…