Wimbledon: comment Andy Murray est redevenu un (très bon) joueur de tennis

10 juin 2022, gazon de Stuttgart. En cette fin d’après-midi, le modeste tournoi allemand, simple ATP 250, est le théâtre d’une renaissance, celle d’Andy Murray. Le Britannique vient d’envoyer Stefanos Tsitsipas, tête de série N°1, au tapis. Deux sets, 1h40 de jeu et une confirmation: le double champion olympique (2012 et 2016) est bel et bien redevenu un joueur de tennis.
Face à Tsitsipas, Murray a glané son premier succès contre un joueur du top 5 depuis 2016. Une éternité pour l’un des meilleurs joueurs de ces dix dernières années. Mais surtout la fin d’un long chemin de croix. Donné perdu pour le tennis, il a notamment annoncé sa retraite en 2019 après une nouvelle opération à la hanche. Trois ans plus tard, le voilà sur le point d’aborder Wimbledon dans la peau d’un outsider.

Trois ans et demi hors du top 100 mondial
Classé 134e en début d’année, Murray, N°1 mondial pendant huit mois entre novembre 2016 et août 2017, est aujourd’hui remonté à la 51e place du classement ATP. En février dernier, une semaine après avoir passé le premier tour de l’Open d’Australie, il retrouvait le top 100 pour la première fois depuis juin 2018.,
Malgré une blessure aux abdominaux qui l’a contraint à renoncer au tournoi du Queen’s la semaine passée, le Britannique s'est entraîné cette semaine et devrait, sauf énorme retournement de situation, participer au Grand-Chelem londonien, où il a remporté deux titres (2013 et 2016). Seulement battu en finale à Stuttgart par Matteo Berrettini, après avoir également écarté Nick Kyrgios en demi-finale dans la foulée de sa victoire contre Tsitsipas, Murray et sa hanche en métal peuvent débarquer à Wimbledon avec l’ambition de faire bien mieux qu’en 2021, quand le Britannique était parvenu à rallier le troisième tour (défaite face à Shapovalov).
Il y a un an, son parcours à Wimbledon était perçu comme miraculeux par les observateurs. Pourtant, après son élimination, Murray ne s’en satisfaisait pas. “Il y a une partie de moi qui se dit un peu que j'ai tellement travaillé ces trois derniers mois pour finalement ne pas jouer comme je le voudrais et l'espérais… Est-ce que ça en vaut la peine ?, s’était-il interrogé face à la presse. Est-ce que tout l'entraînement et tout ce que tu fais à la salle de sport jusqu'à être capable de s'entraîner, puis d'améliorer ton jeu et disputer des rencontres, continuer, enchaîner les tournois… est-ce que cela vaut tout le travail que tu fournis?"
"Il regarde Rafa et Novak et doit se dire: 'Pourquoi pas moi?'"
Un an plus tard, Murray a sûrement trouvé des réponses à ses questions. Le travail effectué a payé, au point que certains le voient déjouer tous les pronostics sur le gazon londonien. "Son niveau de jeu s'est amélioré et un passage loin dans la deuxième semaine est réaliste maintenant, a assuré Tim Henman à Tennis365 ce jeudi. Sur gazon, il a sans aucun doute une chance de faire un bon parcours. Les autres surfaces sont plus dures pour lui car il y a tellement de très, très bons joueurs sur terre battue et sur dur. Sur gazon, il est encore un peu plus spécialisé donc il peut aller en loin à Wimbledon", a poursuivi l’ancien N°1 mondial, admiratif de la "résilience physique et mentale" de son compatriote.
John McEnroe, lui, va encore plus loin. "S’il est en forme, je crois qu’il est l’un des prétendants, a lâché l’ancienne gloire américaine au Daily Mail il y a quelques jours. Je crois en fait qu’il est l’un des rares gars qui peut gagner. Il a beaucoup d’expérience et il sait jouer mieux que presque n’importe qui sur cette surface. Je suis étonné qu’il bouge aussi bien malgré sa hanche en métal. Il regarde Rafa (Nadal) et Novak (Djokovic) et doit se dire: ‘Pourquoi pas moi ?’ Je pense que c’est tout à fait possible.” A la lecture de ces mots, c’est tout un royaume qui se met à rêver d’un nouveau parcours enflammé du Britannique sur ses terres.