Wimbledon: Pouille-Barrère, le duel crève-coeur des inséparables

C’est le match de super potes dont ils ont rêvé quand ils étaient tout petits… Mais une fois mis devant le fait accompli, cette rencontre est évidemment un cauchemar à jouer. Confrontés jeudi au deuxième tour de Wimbledon, Lucas Pouille et Grégoire Barrère sont de vrais amis. Leur histoire rappelle furieusement celle des "bros" Nicolas Mahut et Julien Benneteau.
Dans la même chambre à l'INSEP
"On se connaît depuis qu’on a 11 ou 12 ans, se souvient Grégoire Barrère. Après, on s’est rapprochés à l’INSEP quand on avait 15 ans. On a partagé la chambre là-bas pendant trois ans. C’est un match complexe où il faut mettre l’amitié de côté. Mais c’est un bonheur de se jouer dans un tournoi du Grand Chelem. On s’était joués en Suède en juniors en 2010. Si à l’époque, on s’était dit qu’on se jouerait à Wimbledon au 2e tour, on aurait signé..."
Lucas Pouille n’oublie pas d’insérer Mathias Bourgue dans le cercle. "Tous les trois avec Mathias, on est quasiment inséparables, sourit-il. On a fait quelques conneries ensemble, ce n’est pas encore l’heure de les révéler…" Et si le Nordiste les a gentiment largués au classement, il n’a jamais été frappé d’amnésie: "Jeudi, quand Greg a joué son dernier match de qualifs à Roehampton, j’étais de repos et la question ne s’est même pas posée, je suis allé le voir. Pareil à Roland."
On soupçonne même Lucas Pouille de caler son programme sur celui de ses potes. S’il a décidé début mai de redescendre en Challenger à Bordeaux, c’est aussi parce qu’ils étaient là. Et qu’il avait besoin de les voir dans une période difficile pour lui. "Pour moi, c’est la vraie marque de l’amitié", lâche-t-il.
"Il n’a pas changé sinon, on lui aurait mis des taquets"
Grégoire Barrère décrit un champion attaché aux valeurs simples de la vie. "Lucas est resté humble, généreux. Il n’a pas changé avec nous et tant mieux car sinon, on lui aurait mis un ou deux taquets." Le tout dit en rigolant mais le Val-de-Marnais sait qu’en match, son pote sera configuré en mode guerrier. Il l’avait constaté à Bordeaux en demi-finale (succès de Pouille 6-1, 6-3).
"C’est très dur de faire abstraction mais il le faut, assure Lucas Pouille. Le tennis est un sport individuel. Chacun pour sa gueule. Le plus important pour moi sera de rentrer sur le court et de montrer qu’il n’y aura pas de cadeaux."
"Je ne lui ferai pas de fleur"
L’enjeu sera énorme car se profile un troisième tour face à Roger Federer. Pour Barrère, 116e mondial, c’est aussi un match qui peut lui permettre de franchir enfin le mur du 100. "Je ne lui ferai pas de fleur, tranche Pouille. S’il doit rentrer dans les 100 cette semaine, c’est qu’il l’aura mérité. Mais je ne lui donnerai pas." Sûr que le meilleur moment de ce jeudi si spécial, ce sera la bière d’après-match.