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Peyron : « Comme si tu demandais à des F1 de faire le Dakar ! »

Loïck Peyron

Loïck Peyron - AFP

Actuellement entre les Açores et le large des côtes africaines, Loïck Peyron occupe la tête de la Route du Rhum. Le skipper de Banque Populaire VII raconte son début de course mouvementé au micro du Super Moscato Show sur RMC.

Loïck, les conditions météorologiques se sont-elles améliorées ?

C’est beaucoup mieux que les premières 48 heures. On arrive doucement dans un début d’alizé (vent régulier soufflant d’Est en Ouest, ndlr). On s’est fait secouer comme des pruniers, c’était dantesque, vraiment super dur. C’était un truc de fou ! C’était prévu mais quand on avance à 30 nœuds, c’est-à-dire à 60km/h, sur des vagues qui font six mètres de haut, ça fait des tremplins énormes. C’est comme si tu demandais à des F1 de faire le Dakar ! Le pilote aurait un peu mal au c** au bout d’un moment et c’est ce qui arrive. Et là, la F1 en question fait 30 mètres de long, 28 de large et 14 tonnes. Donc à chaque atterrissage, tu as l’impression que tu as les dents du fond qui vont tomber. Et c’est plusieurs fois par minute.

Dans quel état physique êtes-vous ?

Un peu limite parce que je n’ai pas dormi depuis 48 heures ou presque. J’ai réussi à me reposer quelques minutes ce matin mais il y a encore beaucoup de manœuvres à faire car le vent commence à faiblir. Il faut que je renvoie de la toile et ce sont à chaque fois des centaines de kilos à bouger. Et comme chacun sait, je ne suis pas un petit gars musclé, je ne suis pas bien équipé de ce côté-là.

Avez-vous peur que votre physique vous lâche pendant la course ?

Ça va, vu le nombre d’efforts fournis depuis 48h heures. Je n’ai pas un gros moteur mais j’ai beaucoup d’énergie donc tout va bien. Ça va, mais il faut bien apprendre à se reposer. C’est ça le plus difficile. Ce n’est pas simple de fermer les yeux, de faire confiance au pilote automatique en se disant que ça peut chavirer en quelques secondes. Mais à part ça, ce n’est que du bonheur. On a choisi d’être là mais on ne va pas s’en plaindre. Tout va bien, pour l’instant je suis devant, donc ça pourrait être pire.

Vous attendiez-vous à occuper la tête de la flotte si vite ?

Je m’étais mis une certaine pression. Le binôme de favoris était Armel Le Cléac’h, qui s’est blessé à la main et que j’ai remplacé, et ce bateau. J’ai dit avant de partir que j’allais tout faire pour essayer d’être à la hauteur de ce qu’aurait pu faire Armel, avec qui je suis en contact en permanence. Il me prépare les « fonds de sauce » pour m’aider à mieux voir la météo qu’il y a devant, parce que je n’ai pas le temps de tout faire.