Transat Jacques-Vabre: Covid, contexte social… l’arrivée en Martinique se prépare dans un contexte agité

Le cadre idyllique de l’une des plus belles baies du monde et la ferveur populaire de ses habitants. Sur le papier, il y avait tout pour faire de cette arrivée inédite en Martinique une vraie réussite. C’était le sentiment général lorsque Fort de France a été choisi il y a un an. Mais cette 15e édition de la Transat Jacques-Vabre n'est décidément pas comme les autres. Et aujourd'hui, le contexte est totalement différent.
Tout d’abord, le Covid a changé la donne, forcément. Pour entrer sur le village de la Transat, le pass sanitaire est obligatoire. Or, seulement 40% de la population âgée de plus de 12 ans est vaccinée. L’afflux des visiteurs au village est d’ailleurs pour le moment assez faible. Mais pour les Martiniquais rencontrés dans les rues de Fort de France, c’est d’abord une fierté de voir cette course arrivée sur l'île.
"La destination a une visibilité internationale. C’est également très bien pour l’aspect local, avec toute la dimension économique. C’est une magnifique vitrine, mais c’est vrai qu’avec un autre contexte, on l’aurait vécu différemment", explique Brigitte, mère de famille qui ira dans quelques jours admirer les bateaux avec son fils Sacha. Vécu différemment car ici, la fierté de recevoir l’événement se mêle souvent à une forme d’agacement.
"Pour nous, c’est une magnifique opportunité de faire découvrir notre île, mais les avis sont mitigés car il y a deux poids deux mesures. Une telle manifestation peut se produire en Martinique alors que d’autres plus locales sont proscrites, comme les chants de Noël par exemple. Et ça, on le déplore", raconte Pascal, venu visiter le village. Les premiers bateaux sont attendus dans la nuit de lundi à mardi. Mais l’île est sous couvre-feu à partir de 20h.
"S’il y a des actions, nous verrons, mais nous ne pouvons pas dire lesquelles"
Les premières arrivées devraient donc avoir lieu sans spectateurs. De quoi gâcher un peu la fête initialement prévue ? La directrice générale de la course, Caroline Caron, préfère retenir le positif: "Déjà, dans l’expression fête gâchée, il y a fête… Est-ce qu’elle sera différente ? Oui, certainement. Est-ce qu’elle sera plus contrainte ? C’est sûr, mais ça sera quand même une joie pour tout le monde d’accueillir les marins qui se sont battus sur l’eau comme des diables depuis deux semaines."
Au-delà du contexte sanitaire, c’est le contexte social de l’île qui inquiète aussi. Aujourd'hui un appel à une grève générale a été lancé. Des opérations escargots, des blocages routiers sont notamment à prévoir. Le village et l’arrivée pourraient aussi être un lieu ciblé, comme l’explique Serge Haribok, président UGTM Santé: "la Transat est problématique vis-à-vis de la façon que le gouvernement a de traiter le passage et les afflux de personnes sur le territoire que ce soit au niveau de l’aéroport ou du port. Maintenant, s’agissant de la Jacques Vabre, il y a des organisations populaires qui ont déjà donné leurs avis, ils sont contre la façon dont ça se passe. S’il y a des actions, nous verrons, mais nous ne pouvons pas dire lesquelles."
Suffisant pour laisser planer le doute. Même si l'organisation se veut rassurante et a déjà expliqué avoir travaillé en amont avec la préfecture. Cette dernière n’a pas souhaité s'exprimer. Preuve quand même d’une certaine crainte à quelques heures seulement de l’arrivée des premiers bateaux.