Vendée Globe: comment se préparent les onze marins en quête de qualification

Ils sont dans les starting-blocks. "Comme des lions en cage!", précise même Antoine Mermod, président de la classe Imoca. En confinement depuis près de deux mois, les marins du Vendée Globe se préparent à reprendre leur activité. Le Nantais Armel Tripon a retrouvé ses quartiers à la Trinité-sur-mer après avoir côtoyé le coronavirus. "Avec mon équipe, on a eu les symptômes du virus dans les premiers jours. J’ai été le moins touché et j’ai donc pu reprendre une activité physique et l’étude de la météo rapidement. Nous allons remettre le bateau à l’eau en fin de semaine prochaine pour pouvoir naviguer dès la fin du confinement en respectant les règles."
Parcourir au moins 2.000 miles pour se qualifier
Skipper d’un bateau tout neuf, mis à l’eau le 31 janvier, Armel Tripon n’a eu que six semaines pour goûter aux joies de son premier bateau neuf. Comme pour trois autres skippers, il lui manque une transat qualificative. Et ils sont huit autres à devoir parcourir au moins 2.000 milles pour se qualifier. Car l’avis de course du tour du monde en solitaire est précis. Pour participer au Vendée Globe, il faut avoir terminé une transat en course en solitaire depuis la dernière édition de 2017 ou avoir fini une course en double dans les trois dernières années et dans ce cas-là s’ajoute un parcours de 2.000 milles en solitaire sur son bateau.
Ceux qui ont terminé le dernier Vendée Globe ont seulement un parcours qualificatif de 2.000 milles à réaliser. Ils sont donc onze au total à ne pas être pour le moment qualifiés. C’est le cas d’Alex Thomson, deuxième derrière Armel Le Cléac’h en 2017, aujourd’hui confiné en Angleterre. "Sur les 35 bateaux, 33 sont en France dans la Manche, en Méditerranée ou sur la côte Atlantique, explique Antoine Mermod. Ceux d’Alex Thomson et Pip Hare se trouvent en Angleterre, et avec les restrictions de déplacement c’est une contrainte qui pourrait s’avérer problématique. Nous sommes très attentifs à ça et avons les interlocuteurs au cas où il faudrait des autorisations pour qu’ils puissent nous rejoindre rapidement."
Une grande répétition en juillet aux Sables-d’Olonne?
Avec l’annulation de The Transat CIC, qui devait partir de Brest le 10 mai, et de la New-York-Vendée en juin, les organisateurs planchent pour réussir à qualifier tout le monde lors d’une course organisée cet été. Juillet serait la période la plus adaptée car les bateaux du Vendée Globe ont souvent des chantiers d’optimisation en août avant d’être remis à l’eau en septembre pour le départ début novembre.
"On a des démarches communes avec la fédération française de voile et la classe Imoca, explique Jacques Caraës, directeur de course du Vendée Globe, mais nous n’avons pas encore toutes les réponses positives. Le départ au large des Sables-d’Olonne serait possible pour ne pas attirer de public et probablement sans escale au départ et à l’arrivée. Chacun pourrait partir de son port d’attache en configuration solitaire, passer cette ligne de départ et revenir après son parcours à son port initial. Sportivement on peut faire des choses, après pour ce qui est grand public, village, là c’est plus compliqué."
Réunir également les marins déjà qualifiés
Les organisateurs souhaitent regrouper, au-delà des onze navigateurs concernés, les autres marins qui sont déjà qualifiés mais qui souhaitent naviguer pour rendre leurs bateaux plus performants pour confirmer leur préparation. "On serait entre 25 et 28 bateaux concernés, calcule Jacques Caraës, soit les 3/4 du plateau du Vendée Globe." Parmi eux Charlie Dalin, l’un des prétendants au podium qui poursuit sa préparation dans son salon depuis qu’il y a installé une colonne de winch.
"Ça fait un mois qu’on aurait dû reprendre les navigations. Donc on espère avoir une course cet été car je n’ai jamais fait de course en solitaire sur ce bateau. J’ai besoin de confrontation, de me préparer en situation réelle pour être le plus performant possible pour le Vendée Globe. Ce qui est important pour moi c’est d’arriver à faire l’équivalent d’un demi Vendée Globe en navigation avant le 8 novembre, soit 12.000 milles pour achever la validation du bateau."
"Ça va être la préparation la plus difficile"
Si les organisateurs du Vendée Globe ont tenu à rassurer le milieu de la voile il y a quelques jours en confirmant la date du départ, quelques voix se sont élevées pour évoquer un report d’un an de l’événement. Pas forcément une bonne idée dans une période où l’avenir des entreprises et le sponsoring sont en suspens. Si pour trois ou quatre projets, dont les budgets n’étaient pas bouclés, la ligne de départ semble encore loin, Antoine Mermod se veut confiant.
"On organise une conf-call avec tous les skippers chaque semaine. De façon générale, tout le monde essaye d’aborder cette situation avec recul et optimisme. On a 125 sponsors au total et pas un seul ne nous a annoncé son besoin de mettre entre parenthèses son partenariat. Le Vendée Globe est fidèle à sa légende, ça va être la préparation la plus difficile peut-être autant que pour la première édition!"