Vendée Globe: la folle course contre la montre d'Attanasio pour être au départ... malgré un démâtage il y a une semaine

Un vendredi 13 de malheur. Romain Attanasio est en train de boucler son parcours retour vers Lorient lors du Défi Azimut lorsque le mât de son IMOCA Fortinet-Best Western se brise: "Ma première pensée a été de me dire que c’était mort pour le Vendée Globe", rembobine le skipper de 47 ans. "Puis je me suis demandé comment j’allais payer tout ça. Après, j’ai avancé, c’est ce que j’ai appris de mes trois précédents Vendée. Comme dans Forrest Gump. Au départ, il va au bout de sa ville, puis de l’État et enfin au bout de la route. Je suis un peu dans cet état."
Dans les coulisses de la Seine Musicale (Boulogne-Billancourt) où a eu lieu la conférence de presse de la course autour du monde, le compagnon de Samantha Davies promène son optimisme. Aucun abattement ni aucune résignation ne se dessinent sur ses traits.
Il a encore 51 jours pour acheter les pièces manquantes, effectuer les réparations, et tout installer. Lors de son avarie, il n’a pas endommagé que le mât, mais aussi trois voiles neuves, le gréement et la bôme est irréparable. La facture avoisine les 500.000 euros. Son sponsor a remis au pot. Attanasio reprend aussi sa casquette de VRP pour dénicher un autre partenaire.
Trouver des fonds... via une cagnotte Leetchi
Le salut pourrait venir d’une cagnotte lancée sur le site Leetchi. À ce jour, il a déjà récolté un peu plus de 70.000 euros sur cette plate-forme: "Je pensais qu’il y aurait quelques milliers d’euros", admet-il. "Jeudi, une dame me dit que son fils de 8 ans suit le Vendée Globe avec sa classe et qu’il y a que 6 euros dans sa tirelire et qu’il veut les donner. Que voulez-vous ajouter? Au-delà de l’argent ça va m’aider pendant la course."
Il n’y pas que des anonymes qui participent à la reconstruction de l’IMOCA en échange de leur nom sur le futur mât ou d’une visite au village des Sables-d’Olonne. Certains skippers sont venus à la rescousse de leur adversaire et ami comme Eric Bellion (Stand As One). Il a participé à la cagnotte en ligne: "J’apprécie Romain. J’avais beaucoup apprécié notre tour du monde ensemble. À titre très égoïste, j’ai envie qu’il soit en course. On a beau être concurrent sur l’eau on vit la même vie. On est des frères de Vendée Globe. Je peux me mettre à sa place, car je suis à sa place. On a tous des galères, on croise tous les doigts pour arriver miraculé au départ. Je suis désolé pour lui et ses partenaires, j’ai envie qu’il soit là."
Sur le site internet, certains n’ont pas voulu voir leur nom apparaitre, mais Attanasio sait qui sont ces donateurs mystérieux: "Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me touche." À ce jour, la moitié de la somme a été collectée. Des équipes proposent du matériel, des team managers des techniciens pour que le marin prenne le départ de son troisième Vendée Globe consécutif. Les premières pièces vont arriver dans trois semaines et il sera déjà temps de rejoindre le ponton des Sables-d’Olonne.
Sur place, l’équipe va s’échiner à livrer un IMOCA à 100%. Attanasio n’a aucun doute quant à son départ dans de bonnes conditions: "J’y serai, je ne sais pas comment. Je n’avais pas du tout imaginé les choses comme ça. Je me revois cet été en vacances les pieds dans le sable en me disant que je n’avais jamais été aussi prêt. Comme disent les enfants, c'est le karma." Au même moment, Arnaud Boissières (La Mie Câline) traverse la même épreuve à cause de la coque de son engin. C’est Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job) qui est venu à sa rescousse en lui prêtant son bateau, identique, pour réaliser un moule et accélérer les réparations. La solidarité des gens de mer n’existe pas seulement au milieu des endroits les plus hostiles de l’océan.