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Antiga : « J’espère qu’Earvin va apprendre… »

Stéphane Antiga

Stéphane Antiga - -

Le réceptionneur-attaquant Stéphane Antiga (34 ans, 306 sélections) sort forcément déçu des championnats du monde de volley en Italie. Déçu par le résultat, une onzième place finale bien en deça des ambitions initiales, et déçu évidemment de ce qu'il s'est passé dans la sélection, avec l'exclusion d'Earvin Ngapeth.

Stéphane Antiga, quel bilan tirez-vous de ces Mondiaux ?
On est déçus, on est tous très déçus. Même si on était vice-champions d'Europe, on savait qu'il y avait beaucoup d'équipes qui pouvaient prétendre à un podium. Mais avec notre entame de compétition, les deux premières victoires contre les Tchèques et les Bulgares, on avait vraiment envie dans le dernier carré. Donc une onzième place, c'est très décevant. Le tournant, c'est la blessure d'Antonin Rouzier, notre pointu. C'est la raison principale de notre défaite contre les Etats-Unis. On n'a pas eu les moyens de pallier cette absence.

En quoi l'exclusion d'Earvin Ngapeth, mais surtout l'altercation qui a eu lieu après le match contre le Japon, a changé la façon de vivre dans le groupe ?
Peut-être qu'on était un peu moins solidaire, j'en sais rien. C'est quelque chose de regrettable. Earvin n'a pas eu un comportement exemplaire. C'est difficile de ne pas y penser. Peut-être qu'on pensait plus à des problèmes internes qu'à la compétition. Tout le monde parle de l'altercation dans le vestiaire, mais Earvin a été exclu pour un comportement général, un manque de discipline. On a fait des réunions entre nous. En équipe de France, c'est la première fois qu'un joueur est exclu pendant une compétition. J'ai parlé plusieurs fois avec Earvin pour lui dire d'arrêter de déconner. Je pense qu'on a discuté en hommes. Il ne faut pas oublier que l'objectif est collectif. Il a eu du mal à se contrôler. J'espère qu'il va apprendre et qu'il va changer, et à ce moment-là, il deviendra un très grand joueur

« Ma pire compétition en bleu »

Comment avez-vous pris les déclarations d'Earvin Ngapeth dans la presse, disant qu'il méritait de jouer plus ?

Evidemment je me suis senti visé par ses déclarations, on joue au même poste, j'étais titulaire, lui remplaçant. On se sent visé, plus que ça, on ne se sent pas soutenu. C'est un petit peu dommage. Après, c'est normal quand tu es remplaçant de vouloir jouer, c'est naturel. Mais ce sont des choses que tu peux penser, que tu peux dire dans ta chambre, mais à aucun moment tu ne dois remettre en question dans la presse les choix du sélectionneur, en tout cas pas en milieu d'une compétition.

Est-ce que c'est votre pire compétition en équipe de France ?
Oui forcément, je suis déjà revenu avec des frustrations. Ce qui nous a touchés, c'est qu'il s'est passé quelque chose de regrettable, de fâcheux, et on ne s'attendait pas à de telles répercussions. On n'a pas l'habitude de ça dans le volley. C'est trop tôt pour m'exprimer sur la suite de ma carrière en équipe de France. J'ai 34 ans, je ne peux pas dire si dans un an je serais bien physiquement ou non, si j'aurais toujours l'envie, comment sera le groupe, donc on verra en fin de saison de club. Depuis deux ans, je fonctionne comme ça. En plus, après une compétition un peu spéciale comme celle que l'on vient de vivre, ce serait stupide de prendre une décision, alors qu'on a tous de l'amertume et de la déception.

Rodolphe Massé