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La dernière compétition d'une génération dorée: les Bleus du volley partent à la conquête du seul titre qui leur manque

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L’équipe de France masculine de volley-ball, double championne olympique en titre, entre en lice ce dimanche midi aux Championnats du Monde contre la Corée du Sud. Pour certains cadres de la génération dorée, cette compétition aux Philippines représente la dernière chance de remporter une médaille mondiale, la seule manquante à leur palmarès exceptionnel. 

"Les joueurs ont besoin de passer du temps ensemble et de ne penser qu’au volley. Après ça, nous sommes une équipe unique au monde", avance le sélectionneur des Bleus Andrea Giani, en poste depuis trois ans. Créer une bulle avec des joueurs qui se connaissent par cœur, 11 des 14 sur la liste pour ces Championnats du Monde étaient champions olympiques l’été dernier à Paris. C’est donc à Cannes (Alpes-Maritimes) en août puis à Okinawa au Japon pendant une dizaine de jours que l’équipe de France s’est repliée sur elle-même, avant de rallier les Philippines pays hôte de ces Mondiaux. "Nous avions besoin de nous retrouver pour un moment sans matches, à Cannes, un endroit qu’on connaissait, dans une ville qui vit pour le volley avec tout à disposition, la mer et le soleil pour la récupération. Nous étions dans notre cocon", avance Jenia Grebennikov.

Son coéquipier star Earvin Ngapeth abonde avec une pointe de nostalgie, déjà. "Nous avons essayé de récréer tout ce que nous avons fait depuis des années, ce n’est pas un hasard si nous étions à Cannes, c’est là où nous étions aussi avant les Jeux Olympiques de Paris. Okinawa ce n’est pas un hasard non plus, c'était là où nous étions allés avant les JO de Tokyo… Notre groupe se remémore les bons souvenirs pour essayer de boucler la boucle comme il faut. Il y a plein de signes". Car ces Championnats du Monde ressemble à une dernière danse pour quelques tauliers de cette génération dorée double championne olympique, championne d’Europe et quadruple vainqueure de la Ligue des Nations. Seule manque donc à son palmarès une breloque mondiale. Pourquoi ce manque de réussite ? "Je me pose la question à chaque fois" avoue le libéro Jenia Grebennikov. "L’aventure de ce groupe a commencé en 2014 aux championnats du monde où on fait quatrième, c’est là qu’on a commencé à être performants. Mais aux Mondiaux en 2018, il y avait un système de tableau bizarre. En 2022, nous étions très performants, on aurait dû aller en demies."

La der’ annoncée de Toniutti

Kevin Tillie (34 ans) n’a pas été sélectionné. Pour le capitaine Benjamin Toniutti, 36 ans le mois prochain, ces Mondiaux devraient – sauf revirement - être l’épilogue de sa carrière internationale. Grebennikov a 35 ans et ne veut pas s’avancer pour l’instant sur la suite. Avec Nicolas Le Goff (33 ans) et Earvin Ngapeth (34 ans), ils sont les derniers représentants de l’auto-proclamée "Team Yavbou" victorieuse du titre européen en 2015, le premier au palmarès et annonciateur d’une moisson dorée, sauf aux Championnats du Monde donc.

"Ce serait top d’avoir une médaille dans chaque compétition, de groupe le mérite mais je n’échangerais pas pour autant mes deux médailles aux Jeux contre une médaille aux Championnats du Monde", sourit Jenia Grebennikov. "Cette médaille est la dernière qui nous manque donc on est tous très motivés pour aller la chercher", ajoute Earvin Ngapeth. "Cela nous a incité à continuer. Après nous sommes tous bien physiquement, nous avons fait une grosse saison, le mental est là donc il n’y avait pas de raison que ça s'arrête et ça aurait été trop facile de s'arrêter après la médaille à Paris. On avait tous envie d’aller encore plus loin, pour certains, il y a l’envie de continuer encore après. Mais c’est sûr que ce Mondial est la dernière compétition pour l'ossature de ce groupe", reconnaît le réceptionneur-attaquant, qui s’imagine bien le concernant pousser jusqu’aux Jeux de Los Angeles 2028 pour tenter un triplé inédit.

Un rendez-vous immanquable pour Ngapeth

Mais Earvin Ngapeth s’est fait une belle frayeur début juillet, quand une tendinopathie lui est diagnostiquée au genou droit. Le joueur aux 343 sélections s’est soigné cet été à Capbreton, sur la côte landaise, pour une course contre-la-montre et être rétabli à temps pour le début de ces Championnats du Monde qu’il ne s’imaginait pas suivre en tribune, ou devant sa télévision. "C’est un rendez-vous d'équipe que nous avons, pour certains c’est la dernière compétition donc c'était trop important que je sois là. Pour certains, notre histoire ensemble a commencé en équipe de France cadets, en 2006, donc il y a presque 20 ans ! C’est un rendez-vous important."

Trévor Clévenot a lui quelques années de moins (31 ans), et fait la transition entre les générations. Il était d’ailleurs le capitaine en mai d’un groupe très rajeuni pour le début de la Ligue des Nations. "Nous nous sommes toujours considérés comme une grande famille, avec les plus jeunes qui s’intègrent aux valeurs que nous donnons à cette équipe depuis des années. Je trouverai ça beau de finir sur une médaille tous ensemble, pour marquer le coup avec ceux qui vont arrêter l’équipe de France en fin de saison", espère le réceptionneur-attaquant du club d’Ankara (Turquie).

La relève est incarnée par Mathis Henno, 20 ans et sélectionné pour ces Championnats du Monde. "C’est une fierté, je suis avec le groupe champion olympique, ça me fait super plaisir. J’ai ressenti qu’il y avait chez les cadres de l’équipe une vraie volonté d’aller chercher cette médaille, nous en avons beaucoup parlé ensemble et on bosse dur pour cela", raconte le fils de l'ancien libéro international Hubert Henno. "Être Champions du Monde, pour nous qui sommes plus jeunes, cela nous permettrait de prendre la suite et cela serait un bon point de départ pour la nouvelle génération qui arrive." Pendant ces Mondiaux aux Philippines, il sera beaucoup question d’une génération arrivant à son crépuscule, mais il s’agit aussi de préparer les beaux jours à venir.

Kévin Morand