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"Elle ne restera pas dans les annales": sur une Vuelta totalement chamboulée, le sacre de Jonas Vingegaard a-t-il encore de la valeur?

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Le Danois Jonas Vingegaard devrait (sauf gros incident) remporter la 80e édition de la Vuelta qui s’achève à Madrid ce dimanche. Un Tour d’Espagne perturbé pendant trois semaines par les manifestations pro-palestiniennes. Entre étapes raccourcies et neutralisées et équipes lassées, la victoire du danois perd de sa saveur. 

Gagner dans ces conditions, est-ce vraiment gagner? Après le Tour de France en 2022 et 2023, Jonas Vingegaard devrait (sauf incident), remporter à Madrid ce dimanche sa troisième victoire sur un Grand Tour, la première sur la Vuelta. Le tout, après trois semaines pour le moins animées par les manifestations pro-palestiniennes.

Tout a commencé dès le premier contre-la-montre et l’arrivée en Espagne d’une Vuelta qui a débuté à Turin, en Italie. Les manifestants visaient les coureurs de la formation Israel-Premier Tech de Sylvan Adams, milliardaire israélo-canadien mais surtout proche de Benyamin Netanyahu. 

Mécontents que la formation ne se retire pas du Tour d’Espagne, les manifestants se sont montrés, presque tous les jours, sur les routes du Grand Tour. Dans un climat de tensions, les organisateurs ont dû s’adapter: l’étape de Bilbao a été neutralisée à 3 km de l’arrivée, la 16e étape raccourcie de 8 kilomètres, évitant la dernière ascension et le contre-la-montre de Valladolid raccourci de plus de moitié. Des perturbations qui ont joué en faveur du Danois. Sur le chrono, Joao Almeida, deuxième au classement général, à 50 secondes de Vingegaard, lui reprend dix secondes en 12 km. Qui sait combien le portugais aurait pu reprendre sur le parcours initial de 27 km?

"On ne pourra pas la comparer à d'autres"

"Ce ne sera pas une victoire marquante, elle ne restera pas dans les annales et on ne pourra pas la comparer à d'autres Vuelta de par le fait que ces étapes ont été amputées, c'était des étapes très importantes", analyse l’ancien coureur et consultant RMC Sport Jérôme Pineau

D’autant plus que dans le paddock, tout le monde a hâte que la Vuelta se termine. "On en peut plus, on est inquiets en permanence. Vivement qu’on rentre chez nous", soufflent des coureurs. "Cette Vuelta a été trop tronquée", ajoute Jérôme Pineau. "Il y a cette incertitude qui règne depuis deux semaines. On ne sait pas si on va aller au bout, ça se gère différemment. Les leaders, les coureurs et les directeurs sportifs ont pris cette Vuelta jour après jour et ce n'est pas comme ça qu'on gère un Grand Tour, forcément ça change tout”

Pour faire taire ces interrogations, ce samedi, dans la Bola Del Mundo, Jonas Vingegaard s’est imposé en patron, déposant tous ses concurrents, juste avant la flamme rouge. Pour Frédéric Guesdon, directeur sportif de la Groupama-FDJ, inutile de se refaire le scénario: “Il y a eu l’étape de Bilbao où il n’y a pas eu de classement mais après il y a toujours eu des classements. Il y a eu ces changements de parcours, c’est comme ça mais de toute façon quand on regarde le classement, ce sont les meilleurs qui sont devant”.

Le Danois compte désormais 1'16 d'avance sur son dauphin Joao Almeida. Avec ou sans manifestation? Avec ou sans parade à Madrid? Ce qui est sûr, c’est que c’est bien Vingegaard qui repartira de capitale espagnole maillot rouge sur le dos. 

Maria Azé avec Edgar Groleau