RMC Sport

Volley : Gims, Kev Adams, dance floor… les clubs de LAM font le show

placeholder video
Pour attirer un nouveau public et s’assurer de nouvelles recettes, les clubs du championnat de France de volley déploient tout un arsenal d’animations et de spectacles. De Cannes à Nantes et de Narbonne à Paris, les présidents font selon leurs moyens et leur histoire.

Un match de volley puis un show case de Kev Adams ! C’est la recette de l’AS Cannes, champion de France en titre, pour séduire les amateurs de volley comme les néophytes. Surtout les familles et les inhabitués du Palais des Victoires, l’antre des Dragons de Cannes. "Le premier objectif de ce ‘Dragon show’ (le nom de cette soirée) est avant tout de faire connaître le volley, explique Jérôme Rousselin le président des champions de France. Et quoi de mieux que la musique pour attirer un public nombreux dans notre salle."

Ainsi après les concerts de Gims, le premier à se produire dans la salle cannoise en octobre 2019, puis Black M (en décembre de la même année) et Manu Katché, le 7 février dernier, Kev Adams se produira le 15 décembre après le premier match de Ligue des champions des Dragons à domicile contre Perugia, leader du championnat italien. "Ce public, plus familial et moins connaisseur, se déplace pour un spectacle total. Un prix attractif permet d’attirer ces nouveaux supporters." Comptez de 15 à 50 euros (avec accès VIP et cocktail) pour le match et le stand-up du comique préféré des jeunes, compris. La notoriété du club dix fois champion de France augmente dans la foulée avec une fréquentation en hausse de la salle de 50% pour ces soirées spectacles et un engouement avéré pour les matches suivants: "Ça commence à bien fonctionner, révèle le président Rousselin. Pour peu que les résultats suivent et que les affiches ensuite en valent la peine, on surfe sur cette vague pendant les deux à trois matchs suivants à domicile". En mars 2020, le Paris Volley avait tenté l’expérience avec la délocalisation du choc contre Tours au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines suivi d’un concert de Gaëtan Roussel. Mais le premier confinement avait empêché ce tout nouveau show. 

Kevin Adams
Kevin Adams © Capture

Les clubs de LAM travaillent leur produit

Il faut dire que, sport peu médiatisé malgré le titre olympique l’été dernier à Tokyo, le volley français doit drainer un nouveau public pour une question de survie économique. "C’est le point central, pour ne pas dire vital, pour les clubs de volley, mais aussi d’autres sports comme le handball et le basket, assène Eric Hirschi, fondateur de NOOR sport & entertainment qui accompagne les clubs sur ces thématiques. On consomme le sport différemment depuis 20 ans et l’arrivée d’internet. La question est comment attirer le public aujourd’hui qui peut voir du sport sur tous ses écrans sans bouger… sinon le petit doigt. Si les clubs veulent continuer à exister et à être attractif, ils doivent proposer un spectacle, une expérience, le mot est à la mode." Alors, derrière le foot et le rugby visibles tous les week-ends sur les chaînes de télévisions, les clubs de volley mouillent le maillot.

A Nantes-Rezé, Morgane Le Gall profite des délocalisations de certaines rencontres du NRMV "pour organiser des événements dans l’événement. A ‘La Trocardière’, le club multiple par 4 ou 5 sa capacité d’accueil avec 4500 spectateurs et on développe la ‘V-Xperience’, explique la chargée de communication du club ligérien, avec de la fête, des émotions et des rencontres". Là-aussi, les prix des billets attractifs sont combinés à des affiches de Ligue A et des animations en dehors et dans la salle (pena, danseuses, jeux, vente de produits du terroir et rencontres d’entrepreneurs pour les demandeurs d’emploi). 

Les clubs de LAM doivent donc attirer un nouveau public pour générer de nouvelles recettes. "Les clubs ont besoin de créer de nouveaux revenus car les collectivités territoriales se retirent petit à petit et diminuent leurs subventions de 5% en moyenne par an, poursuit Eric Hirschi (NOOR sport & entertainment) speaker de l’Arago de Sète (il préfère le terme de sportainer). Les clubs de volley ont 10 ans pour créer un nouveau modèle économique. Ils n’ont pas le choix." Gims ou Kev Adams n’est que la partie émergée de l’iceberg du sport spectacle. Les clubs développent d’autres animations, d’autres façons de faire du sport spectacle, qui sont plus proches du public local. Chacun à son niveau, selon ses moyens, son histoire et son environnement.  

"Un moment de fête en famille"

Ainsi à Narbonne, terre d’évangélisation pour le volley face au rugby historiquement puissant, Alexandra Ribourel prend son bâton de pèlerin. Elle a d’abord donné un nom à son équipe de volleyeurs, les Centurions, identité issue de l’histoire antique de la ville et étendard aperçu sur le maillot de hockey québécois de son fils. Racines ancrées, l’histoire du Narbonne Volley, aujourd’hui deuxième au classement derrière l’intouchable équipe de Tours, est en marche : "Le samedi soir à Narbonne, le volley est en compétition avec le cinéma, la directrice marketing du club audois et épouse du président. Il faut faire le show pour remplir notre salle toute neuve, la Narbonne Aréna, de 4000 places et "s’émanciper économiquement des collectivités territoriales. Notre philosophie est que ces subventions devraient d’abord aider les clubs amateurs plutôt que les structures professionnelles. Le volley est pour nous le prétexte pour passer un moment de fête en famille ".

Avec Yoann Crouzillat au micro (le speaker de l’équipe de France de volley), le spectacle est scénarisé, avant, pendant et après le match. Un des piliers du nouveau modèle économique développé par le Narbonne Volley tient dans l’accueil quasi personnalisé du public, "qui vient du Grand Narbonne et de Perpignan", et des sponsors audois. "Pour augmenter nos recettes, on développe des hospitalités très haut de gamme. Ce versant VIP est très important, car il nous permet de démarcher des entreprises qu’on ne pouvait pas toucher jusqu’à présent", explique Jérémie Ribourel. C’est la mise en place d’un cercle vertueux autour des équipements de l’Aréna qui permettent la création de "jeux interactifs, qui mettront le public en relation directe avec les produits de nos partenaires". 

Concerts, jeux pour enfants, accueil VIP, il y en a pour tous les goûts aujourd'hui dans les salles de Ligue A masculine. 

Morgan Besa