Volley, LAM : coup de poing, invectives... comment le derby Sète-Narbonne a dégénéré

Les derbys sont chauds dans le Languedoc du volley. Les familles Blain et Castan se souviennent de derbys folkloriques entre le MUC et Sète, de maillots tirés à des joueurs au moment de servir le troisième match, de mots gentiment échangés entre voisins du Sud. Mais le quart de finale de LAM entre Sète et Narbonne ce jeudi soir a largement dépassé les bornes. Déjà, lors du match 2, deux joueurs audois avaient écopé d’un carton rouge, lors d’une rencontre bouillante. Mais jeudi soir, sur les bords de l’étang de Thau, c’est une balle prise dans les tribunes VIP, située dans la salle sétoise à 3 mètres au-dessus des staffs, qui a mis le feu aux poudres. Si le ballon n'était plus jouable pour les Audois, leur ressentiment et celui de leur préparateur physique était palpable.
Rapidement, le préparateur physique narbonnais, Leandro Lardone, très remuant toute la soirée, a échangé quelques amabilités bien senties avec les VIP présents. Sur le parquet, la tension était aussi extrême entre les joueurs, tout prêt du filet. Au terme du match remporté par les Sétois (3-1), le préparateur physique narbonnais s’est invité sur le rectangle, sans en avoir l’accréditation, pour parachever sa soirée. Tancé par un agent de sécurité local, un ancien boxeur (la précision est importante pour la suite), le ton est rapidement monté entre les deux hommes, au milieu des joueurs narbonnais, avant que l’agent ne fasse taire le préparateur argentin d’un direct du droit. Dans ce chichois (embrouille dans le dictionnaire franco-sétois), deux joueurs narbonnais, Allan Verissimo et Rafael Araujo, sont blessés aux doigts. Et le préparateur physique ? "Un coup de poing sans grande conséquence physique pour la victime … si l’on en juge par son clin d’œil pendant qu’il feignait d’être KO", écrit le quotidien Le Midi Libre dans son édition du lendemain des faits. Des dirigeants de nombreux clubs de LAM ont levé les yeux au ciel quand est venu le moment de parler du préparateur physique des Centurions narbonnais.
Si dans le petit monde du volley, beaucoup reconnaissent le côté "insupportablement chambreur du massif Argentin, et dans le même temps un gars très soupe-au-lait qui monte vite dans les tours", ces mêmes détracteurs condamnent "un acte qui n’a pas sa place dans un stade de volley", raconte le membre d’un staff de Ligue AM.
Finalement, les Audois sont allés déposer quatre plaintes dès le jeudi soir, pour bien faire comprendre qui est la victime. Traumatisés par l'assassinat à Paris du rugbyman argentin Federico Martin Aramburu, les joueurs sud-américains audois ne souhaitent pas revenir jouer au Barrou. Samedi matin, le groupe devra prendre une décision.
Côté sétois, la direction n’a pas pris rapidement la mesure du geste de son agent de sécurité incriminé. "On s’est sans doute mal défendu en faisant passer les Narbonnais pour des victimes, uniquement pour des victimes sans mettre en avant l’énorme tension venue du camp narbonnais, évoque-t-on dans l’entourage de l’Arago. Une énorme tension déjà ressentie par les Sétois lors des deux premiers matchs perdus à Narbonne. "Avec leur petite (sic) coupe d’Europe remportée, je ne comprends pas cette tension, ces provocations des Narbonnais lors de ces matchs, regrette ce membre de l’Arago. Ils ont réussi leur saison, c’est lamentable ". Le club sétois est aussi très remonté contre les Narbonnais "qui ont saccagé leur vestiaire". La mairie de la Ville attend avant, aussi, de porter plainte.
Après ces incidents, la Ligue Nationale de Volleyball (LNV) réunit vendredi soir une commission exceptionnelle qui accable l’Arago et annonce que le match 4 du lendemain se jouera à huis clos. Mais revirement narbonnais samedi matin. "Les joueurs sont trop choqués par ce coup de poing et ont décidé de ne pas jouer, ce samedi soir le match 4 à Sète", indique l’entourage du club. Outre le fait que le club audois devra s’acquitter de la somme de 7.500 euros, selon l’article 8.1 du règlement de la LNV, ce forfait ne passe pas tant à Sète qu’auprès du petit monde du volley français.
"Narbonne a obtenu ce qu’il souhaitait, c’est-à-dire le huis clos, et le lendemain ils décident tout bonnement de ne pas jouer. Ils choisissent leur match", commente, exécré, un membre de l’Arago. Choisir son match. C’est ce qui ne passe pas auprès de nombreux volleyeur français. "A quoi servent les 5 matchs des playoffs ? se lamente le coach d’un club classé dans ce Top 8. Allons-y. Tant qu’on y est, on peut décider de jouer ses deux premiers matchs à domicile, les gagner, et décider de ne pas jouer les deux matchs suivants à l’extérieur et d’attendre tranquillement, le 5e match décisif à la maison. C’est pitoyable et anti-sportif ".
Cinglants, beaucoup ne comprennent pas pourquoi Narbonne n’a pas été purement et simplement exclu des playoffs, après ce forfait.
Dans un communiqué, ce samedi, Narbonne se défend en disant "STOP !" (en capitales dans le texte) aux violences et demande une prise de conscience collective pour défendre une idée du volley-ball, sans que ces acteurs aient à craindre de croiser la violence. (…) N'importe quel joueur ou membre de staff ne devrait être agressé en exerçant son métier. Il n'existe aucune excuse ou justification aux actes de violence ». La pique venue de Sète ne s’est pas faite attendre : "Au moins, l’OM a eu le cran de jouer à Salonique, jeudi dernier en coupe d’Europe de foot, alors qu’on leur annonçait une bronca ".
Dernier acte. Ce samedi, la LNV a confirmé le match perdu par forfait des Centurions et la tenue de la 5e manche décisive. Elle se déroulera à l'Arena de Narbonne mercredi à 19 h 30. Dans l’échelle de chaleur, pour ne pas dire plus, des derbys languedociens, ce Narbonne-Sète devrait être suffocant. Normalement, car c'est maintenant la direction de Sète qui se pose des questions sur ce cinquième match.