RMC Sport

Volley: Ngapeth à Poitiers, les coulisses de l'arrivée du champion olympique

placeholder video
Surprise de l'été sur la planète volley, la venue d'Earvin Ngapeth à Poitiers, son club de cœur, a déjà des conséquences importantes sur le tissu local. La saison ne fait que commencer, le "kiffe" d'Earvin Ngapeth aussi.

De mémoire, jamais on n'avait vu autant de journalistes assister à un entraînement à la salle Frédéric Lawson-Body. La banalité, les Poitevins devront s'en passer cette saison, le hors-norme s'y habituer. Car avec l'arrivée d'Earvin Ngapeth, superstar de l'équipe de France de volley et comptant parmi les meilleurs joueurs du monde, plus rien ne sera jamais comme avant. "Ce n'est pas une vague que l'on prend, c'est un tsunami", résume Cédric Enard manager de l'Alterna Stade poitevin volley-ball. L'ancien entraîneur adjoint de l'équipe de France est le principal artisan de la venue du double champion olympique.

"Avec Earvin, nous échangions depuis 5-6 ans sur la possibilité qu'il puisse venir travailler au club à la fin de sa carrière. Et cet été, il m'a dit qu'il était à Poitiers jusqu'en décembre et m'a demandé si on avait une petite place pour lui dans l'effectif. Et là je lui ai dit: 'Attention si tu parles sérieusement j'active tout ce qu'il faut activer' et il m'a dit 'Banco'". "Après les Jeux j'étais sans club et j'avais besoin d'une saison tranquille", justifie Earvin Ngapeth. "J'ai eu des opportunités dans des championnats exotiques mais les saisons reprennent en janvier donc j'ai écrit à Cédric et toutes les planètes se sont alignées pour que je vienne jouer."

Des retombées immédiates

Le retour de l'enfant prodige à la maison s'est scellé dans le plus grand secret. Les joueurs et la majorité des salariés du club n'ont été mis dans la confidence que le jour de l'officialisation pour garder l'effet de surprise pour la soirée de présentation du club. "Notre commercial, par exemple, a été mis au courant seulement quelques heures avant", raconte Cédric Enard. "Il m'a dit 'vous déconnez?' Je lui ai dit 'non va voir dans le gymnase Earvin s'entraîne avec l'équipe.'''

Le soir de la présentation de l'équipe, la surprise est totale et les retombées de la venue d'un mastodonte du volley sont immédiates. Frédéric Bouvier, président d'Alterna Energies, naming du club, se souvient des heures qui ont suivi la présentation: "Le soir de l'officialisation nous avons reçu des dizaines d'appels d'entreprises voulant prendre rendez-vous avec le club. Il s'agissait de partenaires qui voulaient donner plus d'argent mais aussi d'entreprises dubitatives sur notre projet qui ont décidé de franchir le pas. Côté billetterie, on fera salle pleine sur tous les matchs à domicile et Poitiers remplira toutes les salles de France à chaque déplacement. Ça oblige le club à repenser son fonctionnement pour gérer le flux de la billetterie et de la visibilité. La venue de Ngapeth est un effort financier mais c'est un super retour sur investissement et je pense qu'il est déjà atteint."

Parti pour rester?

Pour Earvin Ngapeth, jouer pour le club de son cœur et de ses "premières grandes émotions" était un passage obligatoire dans sa carrière. Pour la passion, forcément pour la proximité avec ses proches, aussi. "Je jouais à l'étranger depuis 13 ans donc c'est top il y a des gros contrats et de belles équipes mais il n'y a rien de mieux que d'être proche de sa famille. C'est toujours plus sympa de t'entraîner et ensuite d'aller manger chez maman." A Poitiers, Earvin Ngapeth veut apporter son expérience aux jeunes et ramener le club là où il l'a connu enfant, dans les hautes sphères du championnat de France: "C'est une place historique du volley français", explique Earvin Ngapeth. "Il ne manque pas grand-chose pour restructurer le club et faire revivre cette salle. Je veux faire partie de ce projet. Je veux que les jeunes connaissent la salle Lawson-Body comme je l'ai connue enfant en remplissant le gymnase tous les week-ends. A l'époque, les autres équipes avaient peur de venir jouer à Poitiers."

Mais pour Ngapeth, le temps est compté. Sous contrat jusqu'en juin 2025, difficile d'imaginer l'enfant du pays prolonger et rester plusieurs années à Poitiers. Le MVP des derniers Jeux olympiques dispose même d'une option pour quitter le club cet hiver, période à laquelle débuteront les championnats dans des destinations plus exotiques comme le Qatar. Mais Earvin Ngapeth tempère: "Je me connais, ce sera dur pour moi d'aller voir les gars en décembre pour leur dire 'Salut, je me casse!' Je suis sous contrat jusqu'en juin 2025 et après ce que j'ai vécu cet été avec les JO... je ne connaîtrai jamais de plus grandes émotions. Alors pour me déloger de Poitiers cet hiver, il faudra vraiment un gros contrat et un projet qui s'accorde avec tout ce que j'ai dans la tête en ce moment." Tournée d'adieu ou pas, le premier match à Poitiers contre Narbonne ce samedi sera bien le premier d'une tournée de rockstar pour Earvin Ngapeth dans une salle Lawson-Body déjà complète... comme au bon vieux temps.

Antoine Guillet