Volley: Yves Bouget candidat à sa succession à la présidence de la Ligue

Earvin Ngapeth va jouer dans le championnat de France à Poitiers, son club de coeur. La LNV a-t-elle joué un rôle?
Yves Bouget: "C’est exceptionnel. Le meilleur joueur français de tous les temps, un des meilleurs joueurs mondiaux depuis 10 ans revient jouer dans le championnat de France. C’est un événement qui dépasse le volley car Earvin est un totem national. C’est une attractivité fabuleuse, un coup de booster phénoménal car les salles seront sans doute combles. Même à l'extérieur, Poitiers va carrément jouer à domicile. La Ligue a bien sûr aidé et facilité à son niveau depuis quelques jours."
Quand on voit la disparition du club de Nantes-Rezé cet été, est-ce que Poitiers ne se met pas en danger financier pour accueillir Earvin?
La structure du Stade Poitevin volley (SPVB) est fondamentalement différente de celle de Nantes. Poitiers est un club historique du volley professionnel. Il est le premier club français à faire un naming avec Alterna. C’est un partenaire privé solide qui a une démarche à long terme. Depuis jeudi soir, Poitiers va se retrouver avec de nouvelles demandes de partenaires car Earvin est une vitrine pour ces entreprises. Ce sera un coup d’accélérateur très important et ça va profiter à tous les clubs.
Quel est votre bilan de président de la Ligue Nationale de Volley depuis décembre 2020?
Le volley français a fait sa révolution. Quoi qu’en disent les grincheux, la mutation de notre volley professionnel a été historique au regard des progrès réalisés. Sur le plan économique, les finances des clubs ont largement augmenté avec un budget médian de 1,7 millions d’euros pour les deux ligues A. On a multiplié le budget de la LNV par deux avec deux namers des championnats masculins et féminins ainsi que six fois plus de partenaires. Tout le monde a profité de ces apports financiers. Sur le plan de la billetterie, on est passé de 300 à 560.000 spectateurs dans nos salles.
On a deux diffuseurs (beIN et Ma Chaîne Sport) et on a été la première ligue a disposer de sa chaîne en streaming, LNV.TV. On est passé de 4.000 à 55.000 abonnés. Sans parler de la visibilité sur les réseaux sociaux. Enfin, structurellement on a créé avec Gurvan Kervadec, trop tôt disparu, à qui je pense aujourd’hui, la Licence Club. Avec son expérience au rugby, nous avons créé cette la colonne vertébrale de notre projet qui a permis de construire tout l’édifice cité auparavant. C'est un outil d'étalonnage pour le club, mais en même temps, c'est un aiguillon dans les domaines de l’équipement, l’aspect juridique-RH et le domaine financier. Il y a eu des réticences mais tous les clubs ont rehaussé leur niveau d’exigence.
N'est-ce pas allé trop vite?
Nos concurrents ne nous attendent pas. Je comprends que c’est difficile mais c’était nécessaire. Si on n’avait pas pris ce chemin on aurait disparu dans les limbes de l’invisibilité médiatique et sportive. Aujourd’hui on ne peut plus se contenter d’être un club municipal arrosé par les subventions des collectivités. Ça ne marche plus. Le sport est un véritable économie avec du partenariat privé et des subventions publiques.
Votre mandat se termine. Etes-vous candidat à votre succession à la tête de la LNV?
On n’est pas au bout du chemin. Donc oui, je suis officiellement candidat à mon renouvellement. Je le fais avec bonheur, car j’aime ce que je fais, et parce que mes amis me l’ont demandé. Il faut donner une pérennité à ce projet au long cours.
Vous avez des projets pour les années à venir?
On veut créer rapidement un All Star Game. Ce sera un événement complètement disruptif, organisé un peu après la période Noël-Jour de l’An. Ce sera un outil de communication fabuleux. Ensuite, on souhaite aussi créer à l’avenir un LNV Beach Pro Tour. Ce sera organisé lors des mois de juin et juillet avec nos clubs professionnels, sur la base du volontariat. On a la chance d’être culturellement un sport d’indoor et d’outdoor. L’été, toutes les plages françaises des façades océaniques et méditerranéennes ont leur emplacement de Beach volley et de 3 contre 3. Sans parler des tournois. On irait en peu plus à la rencontre de futurs partenaires et spectateurs de nos salles.
Enfin, le moment est aussi venu d’adapter nos modes de gouvernance au monde actuel. Nous avons des statuts antédiluviens. Il faut de nouveaux statuts les rendre plus agiles et plus démocratiques. Je suis ouvert à de nouvelles propositions en ce sens. Je sais que je n’ai pas mis les formes avec certains lors des AG de la Ligue mais ce n’est plus d’actualité aujourd’hui. On peut dérouler et présider dans le partage en associant plus les gens.
Vous êtes un homme à poigne, très directif. Vous mettrez de l’eau dans votre vin?
On ne change pas les rayures du zèbre mais l’urgence du projet "Licence Club" m’a fait aller vite. Je reconnais que ce projet a été mené à marche forcée et que n’ai pas mis les formes. Aujourd’hui, on peut dérouler ce programme dans le partage et de manière beaucoup plus consensuelle.
Est-ce qu'une ligue masculine ou féminine à 10-12 clubs est envisageable?
Cela veut dire que vous allez supprimer des clubs. Ma vocation de président de la LNV n’est pas de supprimer mais de faire en sorte que le maximum de clubs soit performant pour créer un spectacle sportif, pour vivre économiquement et bien figurer sportivement.
L’un des chantiers ne sera-t-il pas le championnat féminin?
Le volley féminin continuera à être un de mes priorités. Le naming de Saforelle en est la preuve. On a peu imposé de joueurs type JIFF dans le championnat masculin et cela ne nous a pas empêché d’être double champion olympique en titre. D’avoir les tricolores U18, U20 et U22 vainqueurs l’été dernier à l’Euro. Quand j’évoque le sujet avec les présidents et les coachs de la ligue féminine, je m’aperçois - et ça ne va pas plaire à tout le monde - que le travail de primo détection et de formation est encore à ses balbutiements chez ces demoiselles. Et ça, ce n’est pas le job de la ligue.
Ce travail fondamental est réalisé par le basket et le handball chez les adolescentes et pré-ados. Le volley arrive après. Imposer des JIFF n’est pas aussi manichéen. Toutefois, les spectateurs pourront applaudir dans nos salles les joueuses de l’équipe de France qui ont participé au Jeux olympiques 2024 à Paris et les doubles champions olympiques Nicolas Le Goff (Montpellier) et Earvin Ngapeth (Poitiers).