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Athlétisme: Kevin Mayer, des championnats d'Europe "pour le plaisir"

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Le tout frais double champion du monde du décathlon Kevin Mayer enchaîne déjà avec les championnats d’Europe de Munich, à partir de ce lundi. Une rareté absolue pour le recordman du monde qui n’a plus concouru deux fois dans la même année depuis 2016. Avec un corps épuisé par les Mondiaux de Eugene, le Français reste le grandissime favori continental mais arrive en Allemagne sans pression, "pour le plaisir". 

Les larmes du podium de Eugene sont à peine séchées que Kevin Mayer s’est déjà remis au travail. "Je suis redescendu de mon nuage car quand on veut enchaîner, il faut se remobiliser, souffle-t-il. J’ai fait ce choix mais c’est pour avoir l’opportunité de remonter encore plus haut après."

A Munich, à partir de ce lundi, le Montpelliérain ne peut viser autre chose que le titre de champion d’Europe, qu’il n’a jamais obtenu d’ailleurs. "Mais ce n’est pas grave ça, je ne cours après la médaille pour mon ego, assure-t-il. Je viens me faire plaisir, et en plus la France n’a pas besoin de moi cette fois pour une médaille." Mayer ne veut aucunement se mettre une pression sur les épaules et vient profiter d’un concours et d’un public allemand sensible au décathlon. "Je suis déjà champion du monde, ma saison est réussie. La vraie réussite de ce décat’ sera d’en sortir sans blessure."

Mayer "écoutera son corps encore plus que d’habitude" 

La blessure, c’est la hantise de Kevin Mayer depuis les championnats du monde de Doha (2019) qu’il a abandonnés avec un tendon d’Achille et un ischio en miettes. "J’écouterai beaucoup mon corps. Encore plus que d’habitude. A la moindre alerte, j’arrête, prévient-il. Je ne veux pas vivre une saison galère après."

Une démarche totalement soutenue voire poussée par la Fédération Française d’Athlétisme et le directeur de l’équipe de France Romain Barras, lui-même ancien décathlonien et champion d’Europe en 2010. "C’est peut-être l’athlète au monde qui se connaît le mieux lui-même, observe Barras. Kevin veut prendre du plaisir, il a raison mais il ne faut pas se mettre en danger pour les saisons futures. A la moindre alerte, c’est clignotant et j’arrête." La FFA veut évidemment préserver sa pépite à l’horizon 2024 pour les Jeux olympiques de Paris. Car en attendant la confirmation des promesses tricolores à ces championnats d’Europe, Kevin Mayer représente la seule valeur sûre française, seul médaillé des derniers Jeux de Tokyo et des Mondiaux de Eugene. 

Mayer meilleur que les autres européens même en moonwalk ? 

Même diminué physiquement, Kevin Mayer devrait pouvoir devenir champion d’Europe sans contestation. Pourrait-il y aller en moonwalk ? "(sourires) Non bien sûr… si toutes les épreuves étaient comme le 100m, oui peut être que je pourrai lever le pied. Mais si je fais une contre-performance lors de la deuxième journée, je regretterai de ne pas avoir donner le maximum."

Le décathlonien sait aussi parfaitement que tous ses adversaires européens, à commencer par l’Allemand Niklas Kaul, champion du monde 2019 ou l’estonien Maicel Uibo se sont préservés tôt aux Mondiaux de juillet et se sont préparés uniquement pour ces championnats d’Europe. "Ils ne s’attendaient pas à ce que je sois à Munich et m’attendent de pied ferme. Ce ne sera pas facile." Malgré tout, avec un total de 8816 points à Eugene, Mayer peut se permettre de se rater dans deux ou trois épreuves sans même avoir à trembler. Dans le meilleur des scénarios, Mayer remporterait donc son premier titre européen, et deviendrait le cinquième décathlonien français champion d’Europe après Ignace Heinrich (1950), Christian Plaziat (1990), Alain Blondel (1994) et Romain Barras (2010). 

Aurélien Tiercin