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Athlétisme: Zhoya, Bigot, Mayer... Quelles sont les chances des Français aux Mondiaux?

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L’équipe de France d’athlétisme débarque aux États-Unis pour les championnats du monde de Eugene, qui débutent ce vendredi, sans aucun objectif chiffré en terme de médaillés ou de finalistes. Traumatisée par trois années de résultats catastrophiques, des Mondiaux de Doha 2019 aux Jeux olympiques de Tokyo l’an passé, la fédération française refuse de s’avancer. Mais on sent que les Bleus peuvent réussir de belles choses en Amérique.

La jeunesse (pas encore dorée) mais surmotivée de l’athlé français redonne un peu d’entrain à un sport qui se morfondait depuis plusieurs années déjà. Incarnée par la pépite franco-australienne Sasha Zhoya, elle pousse aussi les "vieux" à performer.

· Bigot en grande forme

Et la première chance de médaille pour l’équipe de France au Mondiaux (qui débutent ce vendredi) arrive très vite puisque dès ce vendredi, le lanceur de marteau Quentin Bigot entre en scène. Il attaque les qualifications gonflé à bloc grâce à un record personnel amélioré deux fois cette saison, au-delà de la barre mythique des 80 mètres (80,14m à Forbach en mai, puis 80,55m à Chorzow en juin). Le vice-champion du monde 2019 à Doha a "envie de défendre [sa] médaille d’argent". Mais il sait que la concurrence, notamment des Polonais Wojciech Nowicki et Pawel Fajdek sera intraitable. "Rien n’est gagné, tempère-t-il. Avec mon record actuel, je n’aurais fait que 4e aux Jeux de Tokyo (où il a terminé 5e). On est sept lanceurs à se tirer la bourre pour trois places sur le podium. Mais je suis heureux de faire partie de cette bagarre-là."

· Zhoya-PML: deux générations, une même ambition

Ce weekend verra également les hurdlers faire leur entrée en piste. Sur le tartan mythique du Hayward Field, Sasha Zhoya et Pascal Martinot-Lagarde ont chacun des arguments pour monter sur la boîte. Zhoya, diamant brut, honore sa première cape en bleu et aurait peut-être encore besoin, à l’occasion, d’un petit coup de polish. Avec ses 13"17' et son titre de champion de France acquis à Caen, et ce malgré cinq haies touchées, le gamin de Perth a le 6e chrono des engagés. "Dans l’esprit, j’y vais pour l’expérience mais prendre une médaille c’est aussi ça l’expérience, confie-t-il. Un championnat du monde réussi, c’est avec la médaille d’or autour du cou." Le golden boy rêve d’une course sous les 13 secondes. Ce qui le rapprocherait du record de France de Pascal Martinot-Lagarde, en 12"95. "N’enterrez pas papy trop vite", prévient PML, médaillé de bronze en 2019. Car malgré une année pourrie par les blessures, un mollet déchiré et un dos bloqué en arrivant aux USA, il croit toujours en lui. "Une foi quasi religieuse en moi, lance-t-il. Je n’ai qu’une séance de haies dans les jambes, mais je sais que ça va cartonner." Martinot-Lagarde avait connu ça avant Tokyo, avec ensuite une 5e place aux JO et un titre de vice-champion du monde en salle cet hiver. Alors, on va le croire!

· "Impossible n’est pas Mayer"

Autre éternel blessé mas survivant permanent, Kevin Mayer compte bien remporter un deuxième titre mondial, après celui de Londres en 2017. Le dos, le tendon d’Achille, les ischios, tout siffle chez Kevin Mayer. Mais "impossible n’est pas Mayer" aime à répéter Romain Barras, le directeur de l’équipe de France et très proche du recordman du monde du décathlon, en tant qu’ancien décathlonien lui-même. De toute façon, comme PML, Mayer se la joue Hakuna Matata. "Avec le temps et l’expérience, je ne m’inquiète plus", promet le recordman du monde du décathlon (9.126 points). Il sait se transcender, s’arracher dans toutes les circonstances. Malgré un dos en compote, Mayer avait su s’offrir la médaille d’argent aux Jeux olympiques de Tokyo. Le Montpelliérain devra faire face au Canadien Damian Warner, le meilleur décathlonien à l’heure actuelle, et aux Américains, chez eux. Mais si son corps le laisse respirer, Mayer reste au-dessus de la concurrence.

· Les jeunes Bleus déjà parmi les meilleurs Mondiaux

Outre Zhoya, l’équipe de France compte surfer sur sa nouvelle génération, dite "2024" car amenée à briller aux Jeux olympiques de Paris. La moitié de la délégation tricolore a moins de 25 ans. Parmi les plus belles chances de médaille figure Margot Chevrier. Personne ne l’avait vu arriver aussi tôt, mais la perchiste a poussé son record personnel à 4,70m en 2022, à cinq centimètres du record de France de Ninon Chapelle. "Je suis en avance sur le programme imaginé par mon coach, avoue la Niçoise. Et je suis ambitieuse. Lors des Mondiaux en salle de Belgrade cet hiver, je me suis laissée impressionner parfois par le contexte, sans en profiter assez. Cette fois, je ne veux pas refaire cette erreur. Et quand on arrive avec la 3e meilleure performance mondiale de l’année, on peut viser haut. Et quand on vise une médaille, on ne veut pas l’argent. Alors j’espère avoir la plus belle." Dans son sillage, Benjamin Robert ou Gabriel Tual pourraient, à l’instar d’un Pierre-Ambroise Bosse en 2017, rendre magique le 800m en devenant champion du monde. C’est plus qu’imaginable, notamment pour Robert, 5e meilleur temps mondial cette année, grâce à un record en 1’43’’75.

· Encore des chances de podiums le week-end prochain

Il ne faut surtout pas oublier Cyrena Samba-Mayela, championne du monde du 60m haies cet hiver, et qui voudra s’imposer comme une référence planétaire en plein air. Elle entrera en lice le week-end prochain. Comme Thibault Collet à la perche, encore en apprentissage, lui le petit jeune dans le sillage des frères Lavillenie. L’ex recordman du monde, Renaud, n’est plus à son apogée mais avec son expérience, il n’était pas loin de valider 5,93m cette saison. Avec une telle barre, un podium est envisageable. Quant à Valentin, 4e des Mondiaux indoor de Belgrade avec un record personnel à 5,85m, il répond toujours présent dans les grands rendez-vous.

Pour finir, le 4x100m, sans Mouhamadou Fall (sous le coup d’une suspension pour trois manquements à des contrôles anti-dopage), mais avec deux tricolores qui explosent en ce moment, Mickael Zézé en 9"99 et Pablo Mateo en 10"00, pourquoi ne pas imaginer une finale de rêve. Eugene pourrait ressembler au début de la fin de cette crise de résultat qui touche l’athlé français depuis trop longtemps. La FFA l’espère même si elle ne le dit pas. "Je n’aime pas les pronostics, le sport c’est l’incertitude, je veux d’abord insister sur l’état d’esprit", répète en boucle le patron des Bleus Romain Barras, mais on sent dans ses prises de parole et dans son œil l’espoir de voir quelques drapeaux Bleu-Blanc-Rouge hissés dans le ciel américain.

Aurélien Tiercin