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Mondiaux d'athlétisme: Sasha Zhoya, programmé pour gagner... dès cet été?

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Le nouveau phénomène du 110m haies français arrive aux championnats du Monde d'Eugene (Oregon, 15-24 juillet) dans le costume du bizuth. Mais le rookie part fort avec déjà de très solides références et une marge de progression qui semble infernale. Le Français dispute ses premiers grands championnats chez les seniors, officiellement pour l’expérience, mais, selon lui, "une médaille c’est aussi de l’expérience". Avec l’or en ligne de mire.

L’image est attendue, rêvée depuis de longs mois désormais. Sasha Zhoya médaille d’or autour du cou tombant dans les bras du seul champion du monde de l’histoire française du 110m haies, Ladji Doucouré, aujourd’hui son entraîneur. Depuis début 2020 et le choix définitif du Franco-australien de représenter les Bleus dans les grandes compétitions, sa réussite au plus haut niveau mondial est un futur plus que probable. À 20 ans à peine, Zhoya débarque aux Championnats du monde d'Eugene (Oregon) avec le 5ème temps des engagés.

"J’ai réussi les minimas au dernier moment… Bon, ce n’était pas le plan, mais je suis content. Être dans le top 5 au début de la compétition, c’est bon, il faut être en finale déjà car ce sont mes premiers championnats." Un chrono en 13.17 claqué à Caen en finale des championnats nationaux, une performance impressionnante selon un de ses entraîneurs Dimitri Demonnière: "On était dans l’inconnu, même s’il avait validé des choses à l’entraînement. Faire ce chrono avec seulement trois courses chez les seniors, c’est fort, il arrive à se transcender au bon moment."

Du travail, des doutes, du stress et la transcendance

Si Zhoya n’a couru que cinq 110m haies chez les grands, c’est qu’il voulait commencer en étant absolument prêt. Prêt à avaler les haies hautes, 106 cm chez les seniors contre 99 cm chez les juniors. Et ça n’a pas été si facile. "Ce n’est pas une saison comme j’imaginais, mais la vie d’un athlète, ce n’est pas toujours comme on veut. Au début je n’étais pas à l’aise avec la taille des haies. Aujourd’hui, j’ai retrouvé mes sensations et je suis plus confortable."

Car avant sa première saison seniors, le peroxydé Sasha avait explosé les compteurs un à un. Recordman du monde cadet du 110 m haies, du 60 m haies juniors, champion du monde juniors avec encore le record du monde du 110 m haies de la catégorie (12.72 contre 12.99 pour le précédent record), rien n’arrêtait Zhoya. Mais 2022 a commencé doucement, avec un chrono en plus de 14 secondes en Italie pour ses grands débuts, attendus depuis des mois. On a douté de sa participation aux mondiaux. Sur le gong, Zhoya a tout raflé, le titre national et ces fameux minimas.

Devenir le deuxième champion du monde français de l’histoire du 110m haies

Le gamin de Perth veut percer plus haut encore. "Un championnat réussi ? La médaille d’or autour du cou. Quand je pars en championnat, c’est pour gagner. Dans ma tête c’est pour bientôt", prophétise Zhoya. "Dans l’esprit, on y va pour l’expérience, mais l’expérience, c’est aussi prendre une médaille. Je ne peux pas juste dire que je veux aller en finale. Et pourquoi ne pas descendre sous les 13 secondes aussi." Des ambitions qui le rapprocheraient du record de France de Pascal Martinot-Lagarde, 12.95 en 2014. Un chrono si rapide le propulserait à coup sûr ou presque sur le podium des championnats du monde. Pour remporter les derniers Jeux olympiques de Tokyo, le Jamaïcain Hansle Parchment a couru en 13.04 et le champion du monde en titre, l’Américain Grant Holloway, l’a emporté à Doha 2019 en 13.10. Zhoya veut être à la bagarre et même ses coaches y croient.

"Pourquoi pas la médaille d’or… Avec le niveau mondial actuel, c’est possible. Sasha se bat toujours pour être le meilleur et s’il peut monter sur la boîte, on ne va pas se priver", en salive Dimitri Demonnière. Ses concurrents seront Américains, chez eux dans l’Oregon, à savoir Grant Holloway et Devon Allen, dont les records personnels les placent aux 2ème et 3ème rang des meilleures performances de l’histoire.

Zhoya encore très loin de son plein potentiel

Si jamais Sasha Zhoya ne revient pas comblé des Etats-Unis, il n’y aura de toute façon aucune raison de s’inquiéter. Ladji Doucouré calme le jeu: "Il est à son niveau de l’année dernière. C’est un athlète à part, il faut garder son côté 'strange'. Il faut le livrer en bonne forme pour dans quelques années (ndlr: Paris 2024). Les choses sont bien faites en amont, mais il va rencontrer une concurrence nouvelle par rapport aux juniors. Il faut passer les tours, aller au bout, c’est difficile."

Des mots pesés et soupesés par celui qui fut champion du monde à Helsinki en 2005 en 13.07. Sasha Zhoya se sent en pleine forme, tout en sachant qu’il devra en garder sous la semelle pour les championnats d’Europe de Munich en août, où le Franco-australien fera encore plus parti des favoris, puisqu’au début de l’été, il est le meilleur performeur européen en 2022.

Aurélien Tiercin