Mondiaux d’athlé : comment Bosse a rebondi après l’échec des ''Europe''

Pierre-Ambroise Bosse - AFP
La déception des « Europe » 2014
« Comment voulez-vous être joyeux quand vous êtes dernier d’une course ? Que ce soit ta première course à 7 ans ou les championnats d’Europe, tu es toujours dégoûté d’être dernier. Si j’avais fait un hold-up pour passer en finale et que j’avais terminé huitième, ça aurait déjà été exceptionnel. Le problème, c’est que j’arrivais avec la meilleure performance européenne de l’année, qui plus est la deuxième mondiale. J’espérais gros et je me suis cassé les dents. Cette année, j’arrive aux Mondiaux dans une autre position, celle de l’outsider extrême. Un mec qui peut potentiellement passer en finale. Maintenant, il faut montrer qu’on a les crocs. Qu’est-ce qu’il s’est passé l’année dernière ? Une seule chose. Dix secondes avant la course, j’ai eu des pensées négatives et mon cœur s’est mis à hyper-ventiler. Tu ne peux pas commencer un 800 avec l’impression de l’avoir déjà fini. Pour parler concrètement, je peux passer en 49’’-49’’5 au 400 mètres, pas les doigts dans le nez mais presque. Là, j’étais passé en 50’’96 à fond. C’était terminé. Je me souviens de la douleur que j'ai ressentie à ce moment-là mais j’essaie d’arrêter de m’en souvenir parce que c’est très grave. Mais je ne peux pas vous dire aujourd’hui que ça n’arrivera plus. Ce n’est probablement pas vrai. C’est ma plus grande peur. »
Une année 2015 qui permet d’apprendre
« J’ai pris pas mal de petites piquettes cette année, des places de 6e, 7e ou 10e en meetings. Sur certaines courses, j’ai payé le prix fort en menant, comme à Rome où je me fais ramasser par tout le monde. A Monaco, je fais clairement n’importe quoi. Il n’y a pas eu que Zurich. Même si Zurich m’a appris à fermer ma bouche quand il le faut. Mais cette année, je me suis aussi prouvé que je pouvais faire de belles courses en partant de derrière. Certaines personnes pensaient que je ne pouvais réussir des courses qu’en menant alors que ce n’est pas vrai. Je l’ai prouvé à moi-même comme à mes adversaires, notamment lors de la Coupe d’Europe. C’est très intéressant d’avoir le rôle du renard. Beaucoup plus excitant que d’avoir peur de ses adversaires qui arrivent par derrière. Ce sont des sensations nouvelles que je vais devoir dompter. J’ai perdu mon côté joueur à Zurich. Et ça m’avait manqué. Je l’ai retrouvé cette année. Mon problème était là. Au moment où j’ai arrêté de jouer, ça devenait sérieux. Et l’athlétisme trop sérieux, ce n’est pas drôle et ça ne me correspond pas. Je suis revenu aux fondamentaux, au ludique, à l’éducatif. Je rassemble des cubes. Dès qu’il s’agit de jeu, je me sens bien. »
Les Mondiaux de Pékin
« Je vais faire de mon mieux. Et quand je fais ça, c’est que je suis à fond. Et quand je suis à fond, il peut peut-être se passer quelque chose. C’est sûr que les autres ne m’ont pas oublié. Comme je ne les ai pas oubliés. Les compteurs sont réellement remis à zéro cette année sur 800 mètres. Surtout ici. Cette densité est exceptionnelle. Je ne vois pas de grand favori. Si Rudisha gagne, chapeau bas car je ne sais pas comment il va faire. Il va devoir être très intelligent et très sûr de lui. Ou autant en forme qu’en 2012. Et s’il ne l’est pas, un mec comme moi peut passer devant à tout moment. Mais il faut déjà que je passe en finale. Pour moi, c’est vraiment la demi-finale qui va être la course plus difficile. »
Content de s’être fait oublier
« Complétement. Et je vous en remercie. (Sourire.) Votre indifférence me fait énormément de bien. Je me dis que vous m’appréciez. Sinon, vous parleriez de moi en mal. »